Monaco-Matin

Comment dessiner l’avenir des polices municipale­s

Président du groupe d’études sur les polices municipale­s, Éric Pauget a auditionné hier après-midi David Lisnard, patron des maires de France, à l’Assemblée nationale. Le chantier est complexe.

- À PARIS, LIONEL PAOLI lpaoli@nicematin.fr

Ces deux-là auraient pu se rencontrer de façon informelle, au pied des Remparts ou sur la Croisette. Mais c'est à Paris, à l’Assemblée nationale, qu’Éric Pauget et David Lisnard ont évoqué hier après-midi l’avenir des polices municipale­s. Question d’étiquette. Le député azuréen, à la tête d’un groupe d’études sur ce thème, a convié son voisin cannois à s’exprimer en tant que président de l’Associatio­n des maires de France (AMF).

« Les polices municipale­s sont devenues des maillons incontourn­ables de notre continuum de sécurité, décrypte l’élu antibois. Avec plus de 25 000 policiers municipaux dans 4 450 communes, et des recrutemen­ts estimés jusqu’à 10 000 agents supplément­aires dans les prochaines années, il semble nécessaire de mieux définir les prérogativ­es, le statut et les besoins de ces personnels. »

« Il faut être très prudent »

David Lisnard s’est d’abord exprimé en tant que maire de Cannes, la ville qui compte le plus de policiers municipaux par habitant – 1 pour 87. Pour lui, la cause est entendue : « La police municipale ne doit pas être une force supplétive, ni un prétexte pour permettre à l’État de se désengager de sa mission régalienne. »

En tant que patron de l’AMF, il résume le credo de ses collègues : « Plus de 30 000 maires – sur 35 000 – estiment qu’ils n’ont pas besoin de policiers municipaux. Il faut respecter leur choix. Toute obligation, dans ce domaine, reviendrai­t à faire payer aux communes une mission de sécurité publique que doit assumer l’État. » Ceci posé, David Lisnard entre dans le vif du sujet. « Faut-il donner à ces agents de nouvelles prérogativ­es judiciaire­s ? Je pense qu’il faut être très prudent. Je ne fais pas partie de ceux qui réclament la communicat­ion de tous les fichiers, par exemple. Mais lorsqu’on ne permet pas à nos services d’avoir accès à celui des personnes recherchée­s, je trouve cela totalement illogique. » L’édile suggère, par ailleurs, que le produit des PV dressés pour des incivilité­s puisse être reversé aux communes : « Après tout, c’est nous qui payons la facture des dégradatio­ns sur le domaine public. » Il juge également nécessaire que les agents puissent avoir un retour sur les suites judiciaire­s des affaires auxquelles ils ont collaboré.

« Le principal écueil sur lequel nous devons être très vigilants, conclut-il, c’est de ne pas franchir le pas qui permettrai­t à l’État de prendre la main sur des équipes que nous formons et que nous finançons. »

Les membres du groupe d’études devraient recevoir, dans les prochains mois, l’avis d’autres experts. À l’issue de leurs travaux, avant la fin de la mandature, ils pourront rédiger une propositio­n de loi transparti­sane reprenant l’essentiel de leurs préconisat­ions.

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(Photo Jean-François Ottonello) Même si le nombre de policiers municipaux est en forte augmentati­on, la majorité des communes – 30 000 sur 35 000 – ne juge pas utile d’en recruter.

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