Paysages magiques et sel de la vie À LA GALERIE CHARLES NÈGRE DE NICE
Le photographe niçois Alexandre Dufaye expose deux séries de clichés de la Camargue, qui interrogent sur le rapport de l’humain à la nature. À voir jusqu’au 18 juin.
Tout commence il y a quelques années, à la faveur d’une virée shopping : « Je revenais de chez Leroy Merlin, où j’avais acheté des grands miroirs, et je roulais à travers la Camargue. Des kilomètres et des kilomètres de route où j’étais seul. Et j’ai eu l’idée d’utiliser ces miroirs dans ces paysages magiques. » Il pose ces miroirs carrés, d’un mètre de côté, sur la route, sur le sable, dans la boue, sur des herbes folles que le printemps a réveillé. Ces miroirs reflètent tantôt le paysage derrière l’objectif, tantôt le ciel. Pour le spectateur, ils deviennent une fenêtre absurde. « C’est une réflexion sur le temps, sur la notion d’infini », murmure l’artiste. Quand une trappe qui donne sur le ciel s’ouvre au milieu des herbes folles, comment pourrait-il en être autrement ?
Perte de repère
Plus loin, un îlot de verdure semble surgir au milieu d’un désert craquelé. « J’aime l’idée qu’on perde nos repères : les gens pensent souvent que c’est pris avec un drone, mais en fait, c’est une touffe de salicorne qui ne devait pas faire plus de vingt centimètres de diamètre » avoue-t-il avec un sourire malicieux.
Il y a encore quelques années, Alexandre Dufaye éditait le guide « Nice Code ». Un annuaire chic des bonnes adresses de la région. Un projet qu’il a vendu. Depuis, il assouvit sa passion de la photographie. Très rapidement repéré par la Galerie Catherine Issert à Saint-Paul-de-Vence, il expose dans la région, et à Paris, en collectif et en nom propre, au Paris Photo Solo Show. Muni d’un appareil à très grand capteur, pour pouvoir faire des grands tirages sans les retoucher, il photographie les scènes ou les paysages qui le touchent. « Ce que j’aime, c’est raconter des histoires. Celles qui me viennent quand je vois ce que je photographie. »
Cette fois-là, en 2019, sur les routes de Camargue, il pense aux « petits arrangements (de l’humain) avec la nature », dans une série qu’il baptise « Retour sur Terre ». Plus tard, en 2021, l’eau rosée des salins lui évoquera la peau, dans une série qu’il baptisera « Repenser le vivant ».
Ces deux séries sont à découvrir à la Galerie Charles Nègre, jusqu’au 18 juin.