Le palais de Carnolès toujours fermé au public
Le temple des Beaux-Arts de Menton n’ouvrira pas pour la Nuit européenne des musées. Les travaux intérieurs n’ont pas encore été réalisés mais ils sont en bonne voie, selon la Ville.
La 19e Nuit européenne des musées sera en format réduit à Menton. Samedi, seuls le Bastion et le musée de la Préhistoire seront ouverts au public. Les deux autres fleurons culturels de la ville, le musée Cocteau et le palais de Carnolès, restent fermés pour travaux. L’ancienne demeure d’été des princes de Monaco, édifiée en 1717 et dédiée aux Beaux-Arts, est en chantier depuis quatre ans. En 2019, les travaux sur l’extérieur ont été engagés par le défunt maire, Jean-Claude Guibal, notamment la restauration des façades, de la tour de la Noria et l’évacuation des eaux pluviales. Son successeur, Yves Juhel, marche dans ses pas en s’attaquant, cette fois, à la réhabilitation intérieure de ce monument historique. Une « priorité » pour l’adjointe à la Culture, Stéphanie Jacquot.
« Menton était un poumon culturel, mais elle pèche aujourd’hui par ses musées, souffle l’élue. Le musée Cocteau est toujours en procédure administrative depuis la tempête Adrian. Tant qu’elle n’est pas réglée, nous ne pouvons pas faire les travaux nécessaires. On concentre donc toute notre énergie sur le palais de Carnolès. »
Des millions d’euros de travaux
Et il en faut. La bâtisse du XVIIIe siècle, ses six salles et 400 m2 de surface plancher doivent être entièrement réhabilités. « Il faut refaire toute l’électricité, remettre le bâtiment aux normes de sécurité, mettre un ascenseur pour les personnes à mobilité réduite sans dénaturer le bâtiment », liste Yannick Jacquot, chargé des collections
au palais de Carnolès. Sans compter l’isolation. « Les oeuvres sont très sensibles à l’humidité et à la luminosité, pointe le conservateur. Une exposition trop importante pourrait altérer la peinture. »
Et forcément, plus le chantier est important, plus il y a de zéro sur la facture. Sans donner de budget précis, l’adjointe à la Culture parle de plusieurs millions d’euros. Un chiffre qui se précisera dans les futures étapes de la rénovation.
Programmation et muséographie à l’étude
« Actuellement, on est dans une phase d’étude de programmation et muséographie. Elle fait suite au projet scientifique et culturel validé en
conseil municipal le 29 septembre 2022 », explique Stéphanie Jacquot.
Le PSC, autrement dit, fixe les orientations du musée et définit les moyens nécessaires à leurs mises en oeuvre, notamment en termes de collection, de personnel, d’aménagements (circulation, mobilier, éclairage, salles d’exposition, de conférence, détaillés cidessous). C’est un outil de travail indispensable pour engager les travaux et demander des subventions à l’État.
« L’idée du projet, résume l’adjointe au maire, c’est de mélanger des oeuvres anciennes et contemporaines. On prévoit de faire tourner des expositions et de réserver une salle à Cocteau. On souhaite également créer des ateliers scientifiques et pédagogiques, notamment sur l’histoire du Palais princier. Mais aussi développer la réalité virtuelle pour attirer un nouveau public. »
Le jardin n’est pas laissé pour compte. Avec son projet « Domaine de Carnolès », la Ville entend créer un vrai lieu de vie culturelle, artistique et scientifique. Une sorte de fondation Maeght revisitée aux citrons de Menton.
Le projet validé par la Drac
Selon la Ville, le projet a reçu l’aval de la Direction régionale des affaires culturelles (Drac) il y a quinze jours. « C’est une première étape », s’enthousiasme Stéphanie Jacquot. La première d’une longue série. « La muséographie et la programmation doivent encore être validées par la Drac, pointe l’élue. Il faut compter plusieurs mois. Il faut aussi qu’elle nous dise quelles fresques et quels plafonds du premier étage doivent être restaurés pour monter le budget, demander des subventions et faire appel au mécénat avant d’engager les travaux. »
Dans le meilleur des scénarios, le palais de Carnolès n’ouvrira pas avant 2025-2026. Il faudra, à nouveau, faire sans pour les deux prochaines éditions de la Nuit des musées.