Monaco-Matin

Fête du Château annulée à Nice : une décision polémique

- ALEXANDRE ORI aori@nicematin.fr

« On abandonne la colline et par extension tous les Niçois attachés aux valeurs de cette fête ». Au bout du téléphone, l’une des plus anciennes adhérentes du Parti communiste français est sans voix. L’annulation du rassemblem­ent annuel organisé par les communiste­s sur la colline du Château provoque une colère sourde au sein du PCF. Politique et festif, l’évènement populaire phare de l’été, rassemblan­t la gauche azuréenne en juillet, a toujours eu des airs de fête de l’Humanité version niçoise. Depuis sa création en 1946, il n’avait été annulé qu’à deux reprises (1).

« Nous manquons tout simplement de temps », tranche Julien Picot, secrétaire départemen­tal du PCF. Élu au sein d’une nouvelle direction en mars dernier, il se décrit comme « plongé dans les dossiers ». « C’est peutêtre regrettabl­e mais il faut faire les choses dans l’ordre », assène-t-il dans la foulée. La fête réunissant entre 20 000 et 40 000 personnes nécessite « plusieurs mois de préparatio­n, dès décembre » et l’ancienne administra­tion n’aurait « pas assuré cette transition », glisse-t-il. Mais pas à tout jamais assure Julien Picot : « Cette fête est évidemment inscrite dans le patrimoine culturel niçois. Rendez-vous en 2024. »

« Une terrible erreur politique »

En interne, certains « camarades » n’entendent que « des excuses qui masquent mal » ce qu’ils considèren­t comme « une terrible erreur politique ». « En pleine lutte contre la réforme des retraites, alors que l’inflation explose et que les élections européenne­s se tiendront dans un an, annuler la Fête est un contresens total », fustige une militante désolée qui préfère rester anonyme. Pour cause, elle ne mâche pas ses mots à propos de Julien Picot. Il vivrait « son engagement en tant que gestionnai­re mais pas en tant que

militant ».

Sur un territoire où dominent largement droite et extrême droite, la Fête du Château était « une bulle d’oxygène pour le tissu associatif, culturel et syndical. Des sympathisa­nts de gauche qui ne sont pas forcément encartés chez nous », rappelle Philippe Pellegrini. L’ancien cosecrétai­re départemen­tal évoque un « rayonnemen­t indispensa­ble » du parti. Et regrette l’absence de consultati­on préalable : « À aucun moment, lors du congrès, il n’a été question d’annuler. Je peux entendre les raisons mais ça reste une décision inattendue et unilatéral­e de la direction. »

La venue de Fabien Roussel pour compenser

Cette dernière balaie la critique en tentant de rassurer avec la venue de Fabien Roussel en septembre. Le secrétaire général du PCF est invité à faire « le tour du départemen­t ». « Un meeting politique qui aura beaucoup de visibilité. La preuve que nos initiative­s ne tournent pas qu’autour de la Fête du Château », défend sereinemen­t Julien Picot.

Une manoeuvre politique qui ne convainc pas un ancien responsabl­e, souhaitant garder l’anonymat. Il cingle : « C’est une purge de savoir-faire. C’est la technique Roussel : politique de la petite phrase, du coup de com’ ». 1. En 2017 pour des raisons de sécurité dans un contexte de risque attentat et en 2020 à cause de la pandémie de Covid.

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(Photo Jean-François Ottonello) Le PCF veut « compenser » l’annulation de la Fête du Château en juillet par la venue de Fabien Roussel en septembre.

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