Monaco-Matin

Fréjus : le mari trompé n’a pas harcelé l’amant de sa femme

- V. W. 1. Les prénoms des protagonis­tes ont été modifiés.

« Je vais te pourrir la vie. » Philippe

(1) a tenu parole. Mais sans franchir la ligne rouge. Poursuivi pour « harcèlemen­t moral : propos ou comporteme­nts répétés ayant pour effet une dégradatio­n des conditions de vie altérant la santé », le quadragéna­ire a été relaxé par le tribunal correction­nel de Draguignan. « L’infraction n’est pas suffisamme­nt caractéris­ée », a précisé la présidente Marie-José Coureau-Vergnolle. « Oui, je lui ai bien dit ça, avoue d’emblée le grand gaillard, droit dans ses bottes. Comment vous réagiriez si vous découvriez que votre épouse vous trompe ? »

Sur 3 600 appels, 20 attribués au prévenu

À l’occasion d’un séjour au ski début 2022, et alors qu’il patiente aux urgences après une chute de madame, il répond à un appel sur le portable de celle-ci. Au bout du fil, Eric qui vient s’enquérir de l’état de santé de Clara. « J’ai compris qu’il était son amant, frémit Philippe. C’est là que je lui ai dit que j’allais lui pourrir la vie. Mais en tout et pour tout, cela a dû durer 10 jours. »

Dans ce laps de temps, il téléphone une vingtaine de fois à Eric, entre en contact avec l’épouse de celui-ci, son beau-frère et même sa belle-mère et va jusqu’à publier une photo du couple adultère sur les réseaux sociaux.

Afin de voir où, possibleme­nt, ses « enfants pourraient être amenés à vivre », il se rend sans y être invité chez Eric, non loin de Fréjus. « Une seule fois, et pas deux comme le prétend l’autre. Je n’ai pas vu venir cette relation, souffle le prévenu. J’ai vu rouge, c’est vrai. Mais qui n’aurait pas vu rouge ? En revanche je ne l’ai jamais frappé. Jamais. »

Eric ne dit pas le contraire. Mais a fait constater 3600 appels en un mois sur son téléphone portable. Problème : les enquêteurs ne sont pas parvenus à les retracer, n’en attribuant

la paternité à Philippe que pour seulement une vingtaine. «Ila pu demander à d’autres personnes de harceler mon client à sa place », suppose Me Benoît Brunet-Debaines en partie civile. « Il fallait peut-être poursuivre pour appels malveillan­ts dans ce cas, réplique Me Jerry Desanges en défense. Le tribunal prononce la relaxe. Philippe, après une séparation de quelques mois, a repris la vie conjugale avec Clara. Et l’amant est resté avec sa femme. Fin du vaudeville.

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(Photo doc D. M.) Le tribunal n’a pas trouvé les éléments pour caractéris­er l’infraction reprochée au prévenu. Il a donc été relaxé.

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