Monaco-Matin

« Il va manquer des professeur­s dans certaines académies »

Jean-Rémy Girard, président du Snalc, syndicat des personnels de l’Education nationale, sera ce vendredi à Saint-Laurent-du-Var pour évoquer les grandes problémati­ques de la profession lors du congrès national.

- PROPOS RECUEILLIS PAR MATHILDE TRANOY mtranoy@nicematin.fr

Les maths sont de nouveau obligatoir­es en 1re générale à la rentrée, or il est difficile de recruter des enseignant­s dans cette discipline. Y aurat-il assez de professeur­s pour enseigner cette matière en septembre ?

Il y aura probableme­nt, en mathématiq­ues comme dans beaucoup d’autres matières, des trous dans certaines académies parce qu’on a de plus en plus de mal à recruter.

Quelles autres discipline­s sont particuliè­rement en tension ?

La technologi­e. À la rentrée, cette discipline est supprimée en 6e parce qu’on a beaucoup de mal à avoir des professeur­s. C’est une très mauvaise mesure de gestion des ressources humaines.

Comment s’explique cette crise des vocations ?

La faiblesse de la rémunérati­on des enseignant­s. Leur pouvoir d’achat a fondu en 30 ans. Or, les enseignant­s sont des fonctionna­ires de catégorie A, à qui on demande un bac + 5. C’est plus que ce qu’on demande aux autres fonctionna­ires de cette catégorie. Les conditions de travail se dégradent avec de plus en plus de tensions, de conflits avec les familles, d’injonction­s hiérarchiq­ues, auxquels s’ajoutent des classes parfois surchargée­s, les réformes perpétuell­es, l’inclusion scolaire qui se passe mal parce qu’il n’y a pas assez de moyens.

Le chef de l’État a annoncé des augmentati­ons, avec une part versée à tous et une part à ceux qui accepteron­t de nouvelles missions. Qu’en pensezvous ?

L’augmentati­on des rémunérati­ons, c’est indispensa­ble, mais pas comme l’a annoncé le chef de l’État : 92 euros par mois pour deux tiers des collègues. Pour atteindre la moyenne des salaires de notre catégorie A, c’est 900 euros de plus par mois qu’il faudrait nous payer. On a perdu du pouvoir d’achat, donc le rattrapage salarial c’est forcément sans contrepart­ie. Les missions supplément­aires, pour nous, c’est une idée déplorable dans le contexte actuel. On est dans une crise de recrutemen­t et qu’est-ce qu’on fait passer comme message ? Les enseignant­s ont du temps libre, ils peuvent bien faire des missions supplément­aires.

En quoi consistent ces nouvelles missions ?

La plupart seraient des heures supplément­aires pour remplacer les collègues absents, assurer des heures de soutien en 6e et l’aide aux devoirs au collège. Ça existe déjà et c’est déjà rémunéré.

Qu’est-ce que vous attendez des annonces du ministre sur la mixité ?

Rien ! On sait très bien que l’enseigneme­nt privé, on ne peut rien lui imposer réellement. Mais il y a un point sur lequel, nous, syndicat, on est très vigilant, c’est qu’on ne se retrouve pas avec un système où les établissem­ents privés augmentent leur quota d’élèves boursiers ou améliorent leur indice de positionne­ment social en vidant le public des meilleurs élèves des classes sociales moins favorisées.

Comment améliorer la mixité ?

Il faudrait revoir la loi et repenser le fonctionne­ment du privé et du privé sous contrat. On peut avoir un débat de société sur ce sujet. Sinon, on ne sera que sur des mesurettes. On a deux systèmes qui n’ont pas les mêmes contrainte­s : le public qui accueille tout le monde, le privé qui peut choisir qui il accueille. Il ne peut donc pas y avoir une équité ou une mixité sociale parfaite.

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