Accueil des migrants : menacé, le maire de St-Brévin démissionne
Le maire (DVD) de Saint-Brevin-les-Pins (Loire-Atlantique) a été pris pour cible en raison d’un projet de transfert d’un centre d’accueil de demandeurs d’asile (Cada). Sa démission a provoqué une vague d’indignations.
Yannick Morez a annoncé mercredi soir, sur Facebook, avoir adressé sa demande de démission au préfet. Son domicile familial avait été la cible d’un incendie criminel dans la nuit du 22 mars. Deux véhicules avaient été détruits et une partie de la maison endommagée, sans faire de blessé. « J’ai pris cette décision pour des raisons personnelles, notamment suite à l’incendie criminel perpétré à mon domicile et au manque de soutien de l’Etat, et après une longue réflexion menée avec ma famille », explique Yannick Morez. Le maire, médecin généraliste de profession, a précisé à OuestFrance qu’il quittait la commune où il vivait « depuis trentedeux ans » et qu’il cesserait ses consultations le 30 juin.
« Ce qui s’est produit est très choquant et je voudrais assurer le maire de tout mon soutien », a déclaré hier la Première ministre depuis La Réunion. Emmanuel Macron a également dit sa « solidarité » avec le maire démissionnaire après des attaques « indignes ». Yannick Morez, maire depuis six ans, avait demandé sans succès à la préfecture d’interdire les dernières manifestations à Saint-Brevin, le 29 avril. Ces manifestations, « comme malheureusement indiqué préalablement, ont entraîné des troubles, violences, dégradations et scènes de guérilla urbaine », écrivait-il au préfet au lendemain des faits dans une lettre sur Facebook.
« C’est une honte de continuer à banaliser l’extrême droite »
Selon lui, 400 demandeurs d’asile ont été accueillis sur la commune depuis l’ouverture du Cada. Et, soulignait-il, «il n’y a jamais eu le moindre souci ». Un projet visant à déplacer près d’une école élémentaire le Cada, ouvert dans cette station balnéaire de 14 000 habitants en 2016 après le démantèlement de la « jungle » de Calais, a entraîné plusieurs manifestations, organisées notamment à l’appel de l’extrême droite, en particulier de la mouvance de Reconquête !, le parti d’Eric Zemmour.
Le cas de Saint-Brevin intervient peu après celui du projet de Callac (Côtes d’Armor), où de fortes pressions de l’extrême droite ont abouti à l’échec d’un projet de centre d’accueil pour réfugiés en situation régulière. De nombreuses voix se sont élevées depuis que cette démission a été rendue publique. « C’est une honte de voir ce maire qui ne faisait que son devoir de solidarité menacé et incendié à son domicile. C’est une honte que l’Etat n’ai pas pris la mesure de ce qui lui arrivait et ne l’ai pas conforté. C’est une honte de continuer à banaliser l’extrême droite », a notamment réagi le premier secrétaire du PS Olivier Faure. Dénonçant « une énième manifestation de la violence à laquelle doivent de plus en plus faire face les élus », l’Association des maires de France (AMF), présidée par le maire de Cannes David Lisnard, a réclamé en urgence des réponses