Monaco-Matin

Marc Jolivet « LES VRAIS HÉROS CE SONT LES POLICIERS ET LA JUGE »

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Des rires au polar. À 72 ans, Marc Jolivet, qui sera aux Fêtes du livre de Hyères et de Nice, s’essaie à un nouvel exercice avec l’écriture de son premier roman noir. Pour cela, il s’est inspiré de l’histoire du Grêlé. Il raconte.

On connaissai­t l’humoriste, le chanteur, l’acteur, le romancier aussi mais pas l’auteur de polar. Inspiré par l’histoire du Grêlé (1), Marc Jolivet a sorti son premier thriller au mois d’avril « Tueur hors série ». Il viendra d’ailleurs à la rencontre des lecteurs à la Fête du livre de Hyères (13 et 14 mai) et celle de Nice (du 2 au 4 juin). Lui qui partage sa vie entre le Var et Aix-en-Provence se confie sur ses premiers pas dans ce nouvel exercice, toujours avec une pointe d’humour.

Vous avez écrit ce roman avec votre femme. Comment est née l’idée ?

Il s’agit de mon neuvième ouvrage. Ma femme est une littéraire, elle est traductric­e de l’anglais vers le français. Nous nous sommes rencontrés il y a treize ans et c’est notre quatrième ouvrage en commun. C’est génial.

Mais il s’agit de votre premier polar…

Absolument. Ce projet est né en voiture. Je cherchais quelque chose que je n’avais jamais fait, que je n’étais peut-être pas capable de faire… en me disant : “Mais si j’essayais !” J’ai demandé à ma compagne : “Si j’écris un polar, tu m’aides ?” Et elle a dit : “Pourquoi pas.” Et c’est parti comme ça. Je me suis inspiré de l’humour décalé des frères Coen, j’ai essayé d’aller vers ça.

Vous vous êtes basé sur l’histoire du Grêlé. Comment avez-vous découvert ce fait divers ?

J’ai découvert tout cela le jour de son suicide. J’étais devant ma télé, je n’étais pas loin d’abandonner mon projet de roman noir et, là, boum. J’ai déroulé l’histoire et j’ai trouvé cela extraordin­aire. J’ai pris la colonne vertébrale de ce récit pour, après, “m’amuser” autour de cela. Il fallait garder une certaine distance, mettre un peu d’humour. J’ai inventé ou exagéré beaucoup de choses de l’histoire initiale.

Est-ce compliqué de manier

l’humour avec un sujet si sombre ?

C’est un jeu d’équilibris­te. J’ai avant tout décidé d’écrire un roman inspiré des faits du Grêlé, pas son histoire. Depuis toujours, la clé du succès se résume à trois choses : une très bonne histoire, une très, très bonne histoire, et une très, très, très bonne histoire. Celle du Grêlé est de cet acabit : un homme qui disparaît pendant trente-cinq ans, une juge qui demande l’ADN de 750 gendarmes et retrouve le coupable qui se suicide en disant : “C’est moi.” Et pendant ces trentecinq ans, on ne sait pas ce qu’il a fait. Il a peut-être fait le bien. Et cela m’a plu : la rédemption. Mon personnage essaie de se faire pardonner.

Votre personnage s’éloigne en plusieurs points du “vrai” Grêlé...

Je ne pouvais pas écrire sur un pédophile, je ne voulais pas travailler là-dessus. Mais c’était passionnan­t d’avoir cette matière. Je suis heureux d’avoir écrit sur ce sujet, avec une fin qui me convient : ce sont les policiers les héros. Eux qui pendant trentecinq ans ont cherché même si cela les a démolis. Dans ce livre, les héros ce sont les policiers et cette juge, Nathalie Turquey, qui a été sur les affaires Cantat, Toscan du Plantier… Quelle juge ! Aller faire des recherches ADN sur

750 gendarmes 3trente-cinq ans après…

Au-delà du travail de recherche sur le sujet, avez-vous cherché de l’aide auprès de spécialist­es ?

Dès le début, j’ai appelé Simon Michael. C’est un ancien commissair­e qui est devenu scénariste. Il a travaillé sur les “Ripoux” de Claude Zidi, puis sur “Ma petite entreprise” de mon frère Pierre. Il m’a dit de foncer. Je prenais son avis au fur et à mesure des étapes. Il a été avec moi tout au long. Il apportait son expertise pour que je garde la crédibilit­é et la véracité. C’était important pour moi qu’il m’aide et m’empêche de faire des erreurs techniques.

Votre personnage, Paul Balder, finit sa carrière et sa vie dans le Var (l’original s’est suicidé dans l’Hérault).

Le livre va être adapté en film. Comme cela, je me suis dit : “On tournera à côté de chez moi !” À la maison, ce sera plus pratique. Je cite aussi “Varmatin” !

Votre personnage se retrouve sur ce qui est l’équivalent de

l’émission de Cyril Hanouna. On sent que ce n’est pas vraiment votre tasse de thé…

Je ne regarde pas ces émissionsl­à, même si je ne suis pas contre. Si on n’est pas content, il suffit de ne pas regarder. Ce n’est pas mon truc.

Vous dénoncez cependant le côté spectacle, la course au buzz, le fait que les gens ne puissent pas s’exprimer…

Désormais, dans notre société, tout le monde s’exprime, notamment via les réseaux sociaux. On est dans l’hyper démocratie qui va certaineme­nt tuer la démocratie. Tout le monde s’exprime, passe à la télé… Je reconnais que ce n’est pas trop mon truc.

« Je cherchais quelque chose que je n’avais jamais fait, que je n’étais peut-être pas capable de faire »

FABRICE MICHELIER fmichelier@nicematin.fr 1. François Vérove, dit « Le Grêlé » en raison de sa peau marquée par des cicatrices, a été recherché depuis les années 1980 pour au moins quatre meurtres et six viols. Il fut gendarme avant d’intégrer les rangs de la police. Il s’est suicidé en septembre 2021 avant d’être confondu par son ADN. « Tueur hors série ». Marc Jolivet. Editions Plon. 368 pages. 21,90 euros.

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(Photo F. S.) Le roman noir de Marc Jolivet va être adapté au théâtre et au cinéma.

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