Monaco en route pour le sacre mondial en joëlette
L’association sportive monégasque de joëlette participe ce samedi au championnat du monde de la discipline en Charente-Maritime. Alessio, 10 ans, sera le pilote de cette équipe aguerrie.
Àleur passage sur l’avenue d’Ostende puis dans la délicate ascension de la rampe Major menant au Palais princier, les coureurs de l’Association sportive monégasque de joëlette (ASMJ) sont chaleureusement acclamés et encouragés par les passants. Tous vêtus de rouge, ces mordus de running tirent à la force de leurs bras un fauteuil roulant pensé et conçu pour la pratique sportive des personnes à mobilité réduite, dans lequel a pris place Alessio, dix printemps au compteur. Souffrant de diabète et du synGAP1, une mutation génétique ayant altéré ses capacités motrices et cognitives comme le langage, le jeune « pilote » du jour affiche une euphorie communicative, pouces levés en l’air. « Il revit sur la joëlette, s’émeut sa maman, Christine De Marte, mesurant le chemin parcouru depuis sa première sur l’appareil à deux roues. Il y a deux ans, on avait mis une demi-heure pour le faire asseoir dedans. Il a peur de la nouveauté. Depuis, il est libéré, s’ouvre aux autres et interagit. Il ne peut pas parler, certes, mais il utilise tous ses autres sens pour se faire comprendre. Ça lui permet de grandir et de s’adapter pour le futur. »
Une équipe aguerrie
Habituée des courses de la Principauté – U Giru Di Natale, Cross du Larvotto et Monaco Run – ainsi que de la Côte d’Azur, l’ASMJ prépare la plus grande échéance de sa jeune existence : le championnat du monde de joëlette, programmé le 20 mai à Saujon, une commune de Charente-Maritime. Alessio et ses quatre guides – Kyle Barber, JeanMax
(1) Janel, Alexandre Mascret et François Poirier – batailleront face à une quarantaine d’autres équipes françaises, italiennes, espagnoles et haïtiennes, sur un parcours de 12 kilomètres. « C’est un tracé plat avec des passages vallonés en ville. Les chemins en bordure des lacs et canaux seront la seule particularité », précise François Poirier, président de l’association.
« Fraternité et lucidité »
Cela tombe bien, la joëlette de 27 kg – financée par Children & Future et la Fondation Princesse Charlène
(2) – peut évoluer sur des terrains plus accidentés que l’asphalte de la Principauté, avec ses deux roues toutterrain. Elle n’en reste pas moins difficile à manoeuvrer avec le poids du pilote. « La faire avancer demande de la fraternité, une bonne répartition du poids car tout est en équilibre, et bien sûr de la lucidité, précise-t-il. En course, il faut prendre en compte les autres concurrents et joëlettes. » Chaque semaine, les membres de l’ASMJ se retrouvent pour travailler le cardio et affiner leur cohésion d’équipe. Soit en Principauté où les portions vallonnées ne manquent pas, soit sur le plateau de la justice à Èze. Tous rêvent de faire retentir l’hymne monégasque et de ramener la coupe à la maison. Pour Alessio et tous les autres pilotes de l’ASMJ. « Il veut vraiment gagner, martèle Christine De Marte. Dans sa chambre, il a toutes ses petites coupes et médailles rangées sur une étagère. Il les regarde tous les jours. » Bientôt une de plus au tableau de chasse ? Réponse le 20 mai. (1) Les remplaçants sont Hervé Bellone et Julien Gabin, le coach est Patrick Dornier.
(2) Ils financent également la participation au championnatdumondeàSaujon,avecl’HôtelHermitage (SBM) et la Société monégasque d’assainissement.