Le manque d’apprentis, premier maillon faible
« Avant, nous avions trois à quatre demandes d’apprentis par an qui nous accompagnaient pour au moins deux ans, si ce n’est pour une carrière. À présent, il n’y en a plus une ! », s’inquiète Laurent Remané, directeur du restaurant bistronomique Le Saint-Eloi, au Castellet. Outre la réorganisation totale de la profession à l’orée de la saison varoise (jours de fermeture contraints pour donner les congés, patrons qui passent aux fourneaux, carte plus réduite, propositions de postes avec logement, salaires revus à la hausse...), il faut chercher à la racine la source du problème.
CFA en sous-capacité
Au sein des CFA qui forment les professionnels de demain. Car là aussi, la cote d’alerte est atteinte... « Bizarrement, nous sentons un manque de motivation des jeunes, et pour tout vous dire, nous manquons carrément d’apprentis au niveau des recrutements, alors que tous les jours, des professionnels me réclament de la main-d’oeuvre ! », confesse Alain Delaplace, directeur des 3 Caps à La Croix-Valmer. S’il compte cinquante jeunes à ce jour dans son établissement axé sur les métiers de l’hôtellerie et du tourisme, il en espère soixantedix à la rentrée prochaine pour une capacité pouvant aller jusqu’à quatre-vingt-dix personnes. Et les projets d’ouvertures d’autres CFA privés pilotés par la société TKL Forma sont toujours dans les cartons. Pour peu que les candidats montrent le bout de leur nez ! D’ailleurs lorsque c’est le cas, ils ne font pas long feu au sein du centre de formation...
«Séjours découverte »
Dernièrement Les 3 Caps ont organisé des « Séjours découverte ». Une première, en partenariat avec la mission locale, à destination de jeunes venus de la France entière. Durant une semaine, par roulements, ils bénéficiaient des logements sur place tout en développant leurs compétences au fil de plateaux techniques. Seul hic, la majorité n’est quasiment pas restée au-delà... « Le but était d’intégrer une formation. Il se trouve que la plupart sont entrés en emploi directement. Ils ont rencontré des employeurs du golfe de Saint-Tropez qui les ont embauchés en prévoyant de les former sur le tas plutôt que de craindre manquer de personnel cette saison », observe M. Delaplace.
Des métiers qui demandent « du temps d’apprentissage »
Et pourtant, tous ces métiers requièrent « du temps d’apprentissage », comme le souligne le parrain du CFA, Benoît Couvrand, qui n’est autre que le chef pâtissier de Cyril Lignac. Le groupe Riviera Villages, qui réunit les plus gros campings du golfe, les Casinos Barrière et bien d’autres, sont les partenaires privilégiés du CFA lorsqu’il s’agit d’intégrer des jeunes en apprentissage. Mais que faire lorsqu’arrive la montée en puissance estivale, comme chez Lily of the Valley, hôtel-spa, villas & plages qui bondit de 120 collaborateurs à l’année, à quelque 400 en saison ?
Logement saisonnier : les réticences des élus
« Le logement saisonnier, c’est aussi faire du logement social. On a besoin d’un grand accompagnement de l’État », avait insisté son directeur, Stéphane Personeni, lors du passage au CFA du préfet du Var, Evence Richard, en début d’année. « Il y a quelque chose qui ne nous aide pas : on se heurte parfois aux réticences d’élus à faire du social. Mais si on ne permet pas aux jeunes travailleurs d’obtenir un logement abordable, ils iront chercher fortune ailleurs… », a répondu le représentant de l’État, qui avoue ne pas cesser de « travailler avec les maires pour trouver des pistes » à ce qui constitue le nerf de la guerre d’un « repeuplement saisonnier ».