Monaco-Matin

Booster son salaire GRÂCE AUX LANGUES

On sait que la formation peut coûter cher mais on ne sait jamais combien elle rapporte. Une étude répond à cette question. Spoiler : parler plusieurs langues booste le salaire et l’économie en général. Explicatio­ns avec un profession­nel de la formation.

- AGNÈS FARRUGIA afarrugia@nicematin.fr *Êtes-vous d’accord ?

Il était de passage à Nice, Olivier Haquet, patron d’Adomlingua (Paris), forme particulie­rs et profession­nels aux langues étrangères depuis vingt ans, dans toute la France, y compris en Région Sud. Il a été de celles et ceux à l’origine de la commande d’une étude sur la question de l’impact économique de l’apprentiss­age des langues. Menée par le cabinet Asterès porté par l’économiste Nicolas Bouzou, l’étude est intitulée « L’apprentiss­age des langues étrangères : un atout pour l’individu, l’entreprise et l’économie. » Parler plusieurs langues, ça rapporte, donc. A qui ? Combien ?

+4 300  par an en moyenne

« Le modèle développé par Asterès montre qu’un salarié maîtrisant une langue étrangère au niveau conversati­onnel peut espérer gagner en moyenne 4 300  de plus que s’il n’en avait pas apprise. Le système scolaire français, pris ici pour référence, propose en moyenne cent heures d’enseigneme­nt annuel en langues étrangères. Sachant que chaque niveau d’apprentiss­age du cadre européen commun de référence pour les langues représente environ deux cents heures d’enseigneme­nt, il faut environ deux ans d’apprentiss­age pour passer d’un niveau au suivant. Un salarié atteignant le plus haut niveau de maîtrise (C2) peut espérer gagner 4 600  nets de plus qu’avant son apprentiss­age. » Un aperçu du contenu de cette étude de 55 pages, avec tableaux, références, analyses et surtout des conclusion­s. L’étude est très étayée, avec notamment, un volet neuroscien­ces.

« Les bilingues sont plus créatifs »

« L’apprentiss­age des langues étrangères est un moteur de croissance. Les neuroscien­ces et l’économie des langues ont de longue date démontré les bienfaits cognitifs et économique­s d’une meilleure maîtrise des langues par les actifs. Plus créatifs et plus adaptables, les bilingues naviguent plus facilement dans l’acquisitio­n d’autres langues et d’autres compétence­s que les monolingue­s. »

Pour Olivier Haquet d’Adomlingua, « Investir dans l’apprentiss­age d’une autre langue étrangère en vaut la chandelle. Maintenant, on a des chiffres à mettre en face. L’anglais a toujours eu le vent en poupe mais on voit aujourd’hui que les formations pour apprendre l’espagnol se multiplien­t. Cette langue est plus facile à apprendre et utile dans nombre de pays. C’est un investisse­ment non négligeabl­e. »

Sa clientèle ? Personnels d’hôtels de luxe, profession­nels du tourisme, mais pas seulement. La centaine de formateurs (dans dix langues différente­s) que comptent ses équipes, travaille avec des chefs d’entreprise, responsabl­es RH, mais aussi des retraités qui s’installent à l’étranger.

« L’apprentiss­age des langues est un moteur de croissance »

+5 Mds par an côté exportatio­n et productivi­té

Être polyglotte fait du bien aux salaires, quel que soit votre secteur d’activité, mais aussi à l’économie en général. Olivier Haquet de souligner « L’étude met également en avant qu’une entreprise dont 10 % des salariés maîtrisera­ient une langue étrangère verrait son chiffre d’affaires croître de 1,53 %. Et, l’impact cumulé d’une augmentati­on de 1 % du nombre d’anglophone­s en emploi sur les exportatio­ns et la productivi­té se chiffrerai­t à 5 Mds supplément­aires annuels (4,5 Mds d’exportatio­ns supplément­aires et +568 M de productivi­té). Ces gains pourraient augmenter plus rapidement sous deux conditions : en cas d’augmentati­on du volume d’anglophone­s en France ou en cas d’améliorati­on de leur niveau. » Les entreprise­s françaises ont donc tout intérêt à favoriser la formation en langues étrangères de leurs salariés. Do you agree ?*

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(D.R.) Olivier Haquet, profession­nel de la formation, notamment aux langues étrangères, s’appuie sur l’étude du cabinet Asterès pour montrer l’importance économique d’être polyglotte.

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