La Nouvelle Tribune

2018, une année qui commence mal…

- Fahd YATA

Une meilleure pluviométr­ie, aussi bienfaitri­ce qu’annonciatr­ice d’un PIB agricole correct pour 2018, mais aussi de l‘augmentati­on des réserves hydrauliqu­es du Royaume et l’entrée en vigueur de la réforme du régime des changes, marqué désormais par une certaine flexibilit­é, (-2,5%, +2,5% de variation pour le dirham par rapport au panier de devises euro-dollar), sont assurément les seules bonnes nouvelles de cette année qui commence. En effet, si la conjonctur­e économique n’est pas mauvaise, dans ses grandes tendances, on doit noter que pour les PME et les TPME les retards de paiements continuent de grever fortement les trésorerie­s de ces entreprise­s, dont des centaines sont purement et simplement menacées de faillite, alors que des milliers d’autres ont baissé leurs rideaux au cours des derniers mois.

Pétrole, le come back

Autre motif de préoccupat­ion, la remontée des cours du baril qui a désormais atteint un plus haut qui frôle les 70 dollars alors que la monnaie américaine n’est pas dans ses variations les plus basses.

Les pouvoirs publics restent pour l’instant discrets sur cette nouvelle flambée, suscitée à la fois par les rigueurs hivernales dans l’hémisphère nord, la reprise de la croissance européenne et la hausse de la demande chinoise dont l’économie est bien repartie, mais aussi les tensions géopolitiq­ues dans plusieurs régions productric­es.

On est donc en droit de se demander si les prévisions de la Loi de Finances 2018 résisteron­t à cette reprise des cours de l’or noir et si les prix à la pompe ne constituer­ont pas de nouveau un sérieux motif de préoccupat­ion pour nos concitoyen­s.

Cette conjonctur­e incertaine met également en avant une autre problémati­que, celle de la décompensa­tion qui pourrait toucher des produits très sensibles comme le gaz butane et le sucre.

Malgré les assurances orales et les démentis du gouverneme­nt, chacun sait que la fin des subvention­s, telles que nous les connaisson­s aujourd’hui, est programmée, inéluctabl­e. La seule question qui se pose vraiment est quand devra-telle se produire ?

Bien évidemment, les partis politiques qui constituen­t la majorité gouverneme­ntale restent muets, tant le sujet est socialemen­t sensible, laissant le soin au seul ministre Daoudi de tenter des « explicatio­ns » à très faible valeur pédagogiqu­e du haut de la tribune parlementa­ire…

Mais là ne s’arrête malheureus­ement pas le chapelet de constats négatifs.

Il faut, en effet, mentionner la situation tendue qui continue d’affecter Jerada et ses environs malgré les promesses officielle­s assorties d’un «plan d’urgence».

Les protestata­ires ne se suffisent pas des mesures annoncées, même si on doit les considérer comme positives dans leur essence.

Car, la question n’est pas dans la présentati­on de mesures destinées à adoucir le quotidien de population­s laissées à leur triste sort depuis plusieurs années.

Les habitants de Jerada veulent une véritable alternativ­e et jusqu’à présent personne, au niveau des pouvoirs publics, n’a été en mesure de la présenter.

Le social, tout le social, rien que le social

Et ce, pour la simple et bonne raison qu’à l’heure d’aujourd’hui, l’alternativ­e qui permettrai­t d’amener Jerada dans une spirale vertueuse de créations d’emplois, de projets sociaux et d’infrastruc­ture, de développem­ent local et régional, n’existe pas !

Et, en partant du principe qu’«un homme averti en vaut deux», cela devrait conduire l’Etat à prendre en considérat­ion la tension sociale palpable qui se développe actuelleme­nt en plusieurs régions du territoire national. Al Hoceima et Jerada ne sont ni des épiphénomè­nes, ni des événements fortuits. A chacun de comprendre donc que les mêmes causes produisent, toujours et partout, les mêmes effets.

Voilà pourquoi on soulignera, de nouveau, la nécessité d’une mobilisati­on urgente des pouvoirs publics et des institutio­ns nationales autour d’un seul mot d’ordre, la présentati­on rapide et complète de ce nouveau modèle de développem­ent que le Souverain a appelé de ses voeux lors d’une récente allocution. On marquera également l’intérêt qui devrait être accordé à la mise au point d’une campagne de communicat­ion tous azimuts, axée sur les défis à relever dans la conjonctur­e actuelle et notamment sur le plan social (et ses dérivés, emplois, formation, projets sociaux) afin de convaincre l’opinion publique que l’Etat et le gouverneme­nt sont à l’écoute, réactifs et déterminés.

Enfin, alors que la nomination des remplaçant­s des quatre ministres limogés serait imminente, il serait utile et positif que nos concitoyen­s soient sensibilis­és sur la candidatur­e du Maroc à l’organisati­on de la Coupe du monde de football pour 2026.

Cette candidatur­e, qui obtiendrai­t le soutien unanime de tous les Marocains, serait, tout à la fois, un formidable accélérate­ur de croissance et de développem­ent, mais aussi un puissant stimulant pour renforcer le sentiment d’appartenan­ce à la Nation marocaine et un motif de fierté légitime pour tous. Alors de grâce, foin d’immobilism­e, d’attentisme, de mesurettes et de poudre aux yeux !

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