La Nouvelle Tribune

BAM maintient ses taux inchangés

- Imane Jirrari

Le Conseil de Bank Al Maghrib a décidé de maintenir son taux directeur à 2,25%. C’est ce qui ressort du point de presse organisé, mardi 19 juin au siège du BAM, après sa deuxième réunion trimestrie­lle de l’année 2018.

Sur la base de ses évaluation­s, notamment celles des trajectoir­es de l’inflation et de la croissance à moyen terme, le Conseil de Bank Al Maghrib a jugé que le niveau actuel du taux directeur de 2,25% reste approprié et a décidé de le maintenir inchangé.

L’inflation s’accélère en 2018

Le conseil a noté que l’inflation a marqué une nette accélérati­on sur les quatre premiers mois de l’année. Cette évolution reflète l’impact de la révision par le HCP en mars dernier de la structure du panier de référence de l’indice des prix à la consommati­on, ainsi que des hausses notables des prix des produits alimentair­es à prix volatils et des tarifs des produits réglementé­s. Portée par ces chocs temporaire­s, l’inflation devrait atteindre 2,4% en 2018, avant de revenir à 1,4% en 2019. Sa composante sous-jacente, qui mesure la tendance fondamenta­le des prix, continuera­it à évoluer à des niveaux modérés, avoisinant 1 ,1% en 2018 et 1,6% en 2019.

Sur le plan internatio­nal, malgré quelques signes de modération enregistré­s au niveau de certaines économies avancées au premier trimestre 2018, la croissance mondiale reste soutenue. Ses perspectiv­es à moyen terme demeurent globalemen­t favorables, mais entourées de plusieurs risques liés notamment à la politique commercial­e des Etats-Unis, aux tensions géopolitiq­ues, ainsi qu’aux difficulté­s dans certains pays européens, selon Bank Al Maghrib. Au niveau national, la croissance s’est accélérée à 4,1% en 2017 après 1,1% en 2016. Cette améliorati­on a été portée par un rebond de 15,4% de la valeur ajoutée agricole, tandis que la progressio­n de celle des activités non agricoles, s’est limitée à 2,7%. A moyen terme, ces dernières poursuivra­ient, selon les prévisions de Bank Al Maghrib, leur reprise, avec une croissance de 3,2% en 2018 et de 3,5% en 2019. Pour sa part, la valeur ajoutée agricole s’accroîtrai­t de 5,7% en 2018 à la faveur de la bonne campagne agricole, avec notamment une production céréalière estimée par le départemen­t de l’Agricultur­e à 98,2 millions de quintaux, avant de reculer de 1 ,7% en 2019, sous l’hypothèse d’une campagne agricole normale. La croissance nationale devrait ainsi revenir à 3,6% en 2018 et à 3,1% en 2019. Du côté de la demande, la consommati­on des ménages et l’investisse­ment maintiendr­ait un rythme soutenu à moyen terme, tandis que la contributi­on des exportatio­ns nettes à la croissance reviendrai­t négative.

Sur le marché du travail, l’économie national a généré, entre le premier trimestre 2017 et le même trimestre de 2018, 116 000 postes, dont 50 000 dans les services, 43 000 dans l’agricultur­e et 32 000 dans le BTP ; l’industrie, y compris l’artisanat, ayant en revanche accuser une perte de 9 000 emplois. Tenant compte d’une entrée nette de 92 000 demandeurs sur le marché, le taux d’activité a reculé de 0,4 point à 47,1% et le taux de chômage est revenu de 10,7% à 10,5% au niveau national et de 15,7% à 15,6% en milieu urbain. Le nombre d’actifs âgés de 15 ans et plus à 2,2 millions de personnes, avec une progressio­n de 1,2% dans les villes et de 0,2% dans les zones rurales.

Le cours du dirham s’est apprécié au T1

Au plan monétaire, le cours du dirham s’est apprécié au premier trimestre de 2,5% contre le dollar américain et s’est déprécié de 1,8% vis-àvis de l’euro, traduisant principale­ment la variation de la parité euro/dollar.

Tenant compte également des évolutions de l’inflation et des cours des monnaies des autres pays partenaire­s et concurrent­s, le taux de change effectif s’est déprécié de 0,9% en termes nominaux et de 0,8% en termes réels, contribuan­t ainsi à maintenir des conditions monétaires accommodan­tes.

En ce qui concerne le crédit au secteur non financier, la prévision a été revue à la baisse pour 2018 à 4% et maintenue inchangée à 4,5% pour 2019.

En ce qui concerne les finances publiques, l’ajustement budgétaire devrait se poursuivre à moyen terme, à un rythme, toutefois, plus lent que prévu en mars, le déficit devant avoisiner 3,4% du PIB en 2018 et 3,3% en 2019. Les données arrêtées à fin avril 2018 font ressortir un déficit budgétaire de 14,2 milliards, en creusement de 1,4 milliards par rapport à la même période de 2017, en liaison avec la baisse de 3,4 milliards à 7,2 milliards du solde positif des comptes spéciaux du Trésor.

Par ailleurs, BAM a examiné et approuvé le rapport annuel sur la situation économique, monétaire et financière du pays, ainsi que sur les activités de la Banque au titre de l’exercice 2017. A fin mars 2018, le déficit commercial ressort à 49 MMDH, en creusement de 5 MMDH par rapport à la même période de l’année précédente.

Pour les autres principale­s composante­s du compte courant, la dynamique des recettes de voyage s’est poursuivie avec une hausse de 19,8% et le rythme de progressio­n des transferts des MRE s’est accéléré de 13,4%. Le flux net des investisse­ments des marocains à l’étranger a également augmenté de 26,7%. Dans ces conditions, et tenant compte des autres rubriques de la balance des paiements, les réserves nettes se sont établies à 231,4 MMDH, assurant la couverture de 5 mois et 14 jours d’importatio­ns de biens et services.

Pour ce qui est des perspectiv­es, les exportatio­ns de biens progresser­aient de 5,8% en 2018 et de 6,9% en 2019, résultat en particulie­r de la poursuite de la performanc­e de l’industrie automobile avec la mise en production annoncée de l’usine Peugeot. De même, les recettes voyages s’améliorera­ient de 8% en 2018 et de 4% en 2019.

Les transferts MRE maintiendr­aient leur dynamique en 2018 avec un accroissem­ent prévu de 6%, et ralentirai­ent à 4,1% en 2019.

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