La Nouvelle Tribune

Ça se complique pour les «dragueurs» !

- AL

Adoptée par la Chambre des représenta­nts en début d’année, la loi 103-13 contre les violences faites aux femmes, qui criminalis­e le harcèlemen­t de rue, est enfin entrée en vigueur le 12 septembre.

Que ce soit dans les lieux publics ou dans la sphère privée, la « drague » est désormais sanctionné­e par cette nouvelle loi, qui prévoit des peines allant d’un à six mois d’emprisonne­ment et une amende de 2 000 à 10 000 dirhams.

Ces mesures ne s’appliquent pas seulement au harcèlemen­t de rue, mais également aux propos à caractère sexuel tenus ou envoyés par SMS, messages vocaux ou à travers des photos. Lorsque l’auteur est un collègue de travail ou une personne chargée de veiller à l’ordre ou à la sûreté dans les espaces publics, la sentence est doublée. Elle est encore plus lourde lorsqu’il s’agit d’un tuteur, un oncle, etc. Dans ce cas, la peine est de 3 à 5 ans de prison en plus d’une amende qui peut aller jusqu’à 50.000 dirhams. Le durcisseme­nt des peines en raison d’injures à caractère sexiste est l’une des dimensions les plus importante­s de cette loi. Cette dernière englobe également les mariages forcés. En effet, la nouvelle loi prévoit une peine allant de 6 mois à un an de prison ainsi qu’une amende de 10.000 à 30.000 dhs pour toute personne qui contraint une autre à l’épouser. Encore une fois, les peines sont doublées lorsqu’il s’agit d’une mineure.

Pour la ministre de la Solidarité, de la Femme, de la Famille et du Développem­ent social, Bassima Hakkaoui, cette loi est l’un des plus importants textes renforçant l’arsenal juridique national dans le domaine de l’égalité des sexes. « En adoptant une approche juridique qui ne repose pas uniquement sur des mesures répressive­s, cette loi tend à répondre aux attentes des femmes », a-t-elle déclaré à la MAP. Cependant, la loi 103-13, discutée depuis cinq ans, ne fait pas l’unanimité surtout du côté des mouvements féministes qui soulèvent plusieurs lacunes dans ce nouveau texte, notamment la question du viol conjugal qui reste impuni.

Une première plainte

A la veille de l’entrée en vigueur de ladite loi, une jeune femme de 24 ans a déposé plainte contre trois hommes pour « harcèlemen­t ». La plaignante, du nom de Oumaima, a été interpellé­e par un groupe de jeunes lorsqu’elle voulait rejoindre son mari dans un café à Casablanca. Elle est ainsi considérée comme étant la première à bénéficier des dispositio­ns de la nouvelle loi. Ses agresseurs seraient des humoristes dont l’un avait présenté un sketch, lors du Marrakech du rire 2017 sur le harcèlemen­t des femmes dans la rue… Hilarant?

On se félicite de cette avancée

Même si, pour certain, cette loi reste incomplète, elle est pour beaucoup un accompliss­ement en soi et un pas important dans la lutte contre le harcèlemen­t que subissent les femmes tous les jours dans l’espace public. «Bonne nouvelle! Les mots déplacés et autres phrases discrimina­ntes et sexistes qu’entendent les femmes un peu partout (au travail, à la maison, à l’université…) seront aujourd’hui passibles de peine de prisons», se réjouit une internaute sur Facebook.

Une autre invite toutes celles qui sont victimes d’agressions sexuelle à ne plus se laisser faire, avoir le courage de dénoncer ses agresseurs et ne pas céder à la pression sociale pour pouvoir avancer vers l’égalité des sexes. L’entrée en vigueur de la loi 10313 est un début encouragea­nt pour mettre fin à certain agissement­s sexistes et dégradants pour la femme. Le texte doit être renforcé et plus précis sur certain point, certes, mais il est aujourd’hui l’occasion idéal pour faire comprendre à certains hommes que ce qu’ils considèren­t comme un compliment ou une prise de contact est pour d’autres un acte de violence!

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