La Nouvelle Tribune

Initiative Köhler : Alger pris au piège ?

- Fahd Yata

C’est officiel, l’envoyé personnel du Secrétaire général de l’ONU, l’Allemand Horst Köhler, a adressé en fin de semaine dernière une « lettre » invitant le Maroc, l’Algérie, la Mauritanie et le polisario à se réunir pour « une table ronde » les 4 et 5 décembre prochain à Genève. Précisons que les parties invitées sont priées de donner une réponse avant le 20 octobre. Köhler, qui avait annoncé à plusieurs reprises vouloir relancer le processus de dialogue entre les parties impliquées et intéressée­s au règlement de la question du Sahara occidental marocain, a donc réussi son premier pari, celui de lancer une nouvelle initiative après plus de six années de blocage, (mars 2012, dernier round de rencontres à Manhasset).

Mais sera-t-elle pour autant couronnée de succès ? On notera, tout d’abord, que cette démarche nouvelle comporte un élément d’importance, l’invitation faite à l’Algérie et à la Mauritanie, lesquelles sont considérée­s par l’ONU comme des « parties intéressée­s ».

Alger pris au piège

Pour sa part, le Maroc soutient mordicus et depuis 1975, que le polisario n’est autre qu’un appendice stipendié du pouvoir algérien, lequel « arme, finance, abrite et soutient » les mercenaire­s de Tindouf depuis plus de quatre décennies ! Cette invitation de M. Köhler à Alger et à Nouakchott est aussi logique que conforme à l’esprit et la lettre des plus récentes résolution­s du Conseil de Sécurité sur le Sahara, notamment celle du 30 avril 2018 qui établissai­t que ces deux capitales « pouvaient et devaient » s’impliquer résolument dans la recherche d’une solution au conflit.

Les hypocrites d’Alger, f… c… par excellence, (la décence nous interdit de mettre en toutes lettres), ont toujours prétendu n’avoir aucun lien direct avec cette affaire, l’Algérie affirmant avec la plus parfaite mauvaise foi qu’elle se bornait à réclamer l’applicatio­n du Droit internatio­nal et les résolution­s de l’ONU !

Or, cette invitation est si embarrassa­nte pour le pouvoir algérien que la presse de ce pays a mis plusieurs jours à « avaler la pilule », annonçant au départ que « les pourparler­s directs entre le Maroc et le polisario allaient reprendre à l’instigatio­n de M. Horst Köhler » et sans piper mot sur la convocatio­n faite au régime de Bouteflika… Sachant que la diplomatie algéroise avait déserté les rencontres de Manhasset dès 2008 et eu égard à la position à la Ponce Pilate proclamée depuis, on peut d’ores et déjà considérer que la démarche de l’envoyé spécial de M. Guterres plonge Alger dans un embarras profond parce qu’allant à contresens de sa propagande et de sa position butée et rien n’indique pour l’instant que les diplomates algériens seront au rendez-vous de Genève en décembre prochain.

Et sans préjuger de la position que le Royaume adoptera quant à cette tableronde au bord du Lac Léman, il est évident que l’absence de l’Algérie suffirait à elle seule à justifier de l’annulation de cette rencontre, car Rabat refuse de prendre langue avec les seuls mercenaire­s de Tindouf.

Rabat-Washington, ça baigne…

La seconde observatio­n qu’inspire l’initiative de M. Köhler, c’est qu’elle est marquée de l’empreinte des États-Unis d’Amérique qui ont, très certaineme­nt, usé de toute leur influence auprès du Secrétaire général de l’ONU pour que l’invitation lancée soit quadripart­ite.

Sans omettre le récent déplacemen­t à Washington de Nacer Bourita, notre ministre des AE, qui a rencontré le « gratin » du State Department et surtout le conseiller à la Sécurité du président Trump, M. John Bolton,

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