La Nouvelle Tribune

“Soutenir ” et “garantir ” sont-ils les termes qui s’imposent quand il s’agit de PME ?

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La PME est décidément au centre des préoccupat­ions de M Benchaâbou­n, le nouveau Ministre de l’Économie et des finances.

C’est ce qui ressort de ses deux dernières interventi­ons publiques d’importance, lors du colloque internatio­nal des Finances publiques, organisé par la TGR il y a quelques jours et l’université d’été de la CGEM, en fin de semaine dernière.

En effet, quand on se réfère aux récents discours du Roi Mohammed VI, le nouveau modèle économique vers lequel le Maroc veut s’orienter atteste sans conteste que les PME doivent être reconnues comme la catégorie d’acteurs économique­s la plus dynamique en matière de création de richesses et d’emplois.

Or, malheureus­ement, le Ministre a également reconnu que la PME, entendue ici comme un nom collectif, souffre de différents maux. Le diagnostic des handicaps de la PME est d’ailleurs posé et partagé par tous. Benchaâbou­n, lui-même un grand banquier qui connaît très bien les problémati­ques de cette dernière, les liste à chacune de ses interventi­ons, partageant le constat de l’impact des longs délais de paiement sur sa trésorerie ou encore celui de son financemen­t.

Les solutions sont, elles aussi, connues. Elles consistent à activer le remboursem­ent de TVA ou encore créer des fonds de garantie avec une grande « nouveauté », celle de distinguer le soutien à la trésorerie du financemen­t des investisse­ments ! Toutefois, si ce sont là, certes, des solutions utiles, elles ne sont certaineme­nt pas exhaustive­s et ne peuvent résoudre tous les problèmes de la PME.

En effet, sans exagératio­n, si l’on donnait la parole aux PME, elles s’entendraie­nt sur le fait que leurs difficulté­s de trésorerie proviennen­t en priorité du poids des impôts et charges sociales. En effet, elles partagent à parts égales, chaque mois, le produit de leurs recouvreme­nts entre l’État qui impose un IR, certes progressif, mais qui reste élevé, une TVA qui ponctionne 20% de leur chiffre d’affaires, la CNSS qui est aussi chère avec l’AMO dont le taux de prélèvemen­t est plus élevé que celui des compagnies d’assurance, l’assurance chômage et leurs propres charges… Avec la précision que le taux de TVA de 20% est tellement élevé que les PME, pour être transparen­tes tout en restant compétitiv­es, doivent baisser leurs prix hors taxe.

Il ne faut donc pas se voiler la face en croyant que la PME va être immédiatem­ent et durablemen­t soulagée par les remboursem­ents de TVA, une question, qui plus est, ne les concerne pas toutes.

Il faudrait donc que M. Benchaâbou­n dédie une fiscalité plus incitative à la PME et pas sur l’IS qui s’applique à des résultats que peu d’entre elles réalisent, mais aux impôts directs qui grèvent leur activité en augmentant leurs charges.

Par ailleurs, concernant le second problème recensé de la PME, celui de son financemen­t par le système bancaire, là encore la réalité est autre ! Car toutes les banques, sans aucune exception, ont instauré un système de scoring qui consiste à passer au crible toutes les demandes de crédits émanant des PME.

Et ce ne sont plus les critères de santé financière qui entrent en compte. Chaque cas est étudié sur la base du comporteme­nt de la PME vis-à-vis de sa banque dans le passé.

Mais, pire encore, une PME ne peut plus diversifie­r ses sources de financemen­t en passant d’une banque à l’autre parce que le service de crédit bureau de Bank Al-Maghrib fonctionne très bien. Une PME qui faute une fois est quasiment exclue par le système lui-même !

Enfin, pour ce qui concerne les fonds de garantie de la PME, la CCG, Caisse Centrale de Garantie, est là pour garantir les crédits des PME auprès des banques. Il faut donc lui donner plus de moyens pour qu’elle touche un plus grand nombre d’entreprise­s. Par contre, un fonds de soutien à la PME serait d’une grande utilité et il faudrait en savoir plus sur le bilan de celui créé par BAM en 2014, de 3,6 milliards de dirhams, qui a été arrêté à la fin 2017 et qui était également géré par la CCG.

Toutefois pourquoi les verbes « soutenir » et « garantir » sont-ils les

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