Maroc-Espagne, le «h’rig» du fric…
La bourgeoisie marocaine, dit-on dans les salons huppés de Casablanca, Marrakech ou Rabat, a le spleen, le blues, le moral en baisse… Elle vit, comme les autres couches et classes de la population, des moments de doute, de défiance, mais à la différence des démunis, des pauvres ou même des classes moyennes, son avenir est assuré, au moins parce qu’elle possède des biens immobiliers, des moyens financiers, des placements en bourse et autres contrats d’assurance Vie…
Pourtant, cette aisance financière ne la rassure plus et on assiste depuis plusieurs mois à des « mouvements migratoires » vers des cieux estimés plus cléments.
Il ne s’agit certes pas de flux de personnes qui traversent illégalement les frontières en quête d’un avenir meilleur, tels ces milliers de Subsahariens qui tentent, à bord de pateras ou en franchissant des barrières grillagées aussi hautes que meurtrières, de gagner des rivages supposés plus accueillants en Europe.
Schengen, ouvre-toi
Non, nos «harragas de la jet set nationale» ne sont pas des aventuriers… Ils ont besoin de confort, de certitudes, de sécurité, et cherchent en fait à «assurer leurs arrières» au cas où…
C’est donc en mixant plusieurs formules qu’ils réalisent leurs plans.
Alors, à défaut de posséder «la nationalité» comme ils disent, le premier pas à accomplir est celui du visa Schengen. Disposer de ce fameux sésame, pour une durée supérieure à une année si possible, est désormais une quête de chaque instant chez nos «bourges» nationaux. Et l’on peut entendre les plaintes et doléances de ces messieurs-dames qui récriminent contre les autorités consulaires de tel ou tel pays membre de l’UE.
Car désormais, non seulement les conditions d‘éligibilité et d’octroi sont beaucoup plus drastiques qu’auparavant, mais, en outre, les délais d’attente sont longs, trop longs pour ces personnes qui ne font jamais la queue chez le boulanger, se garent en troisième file pour récupérer les enfants à l’école, etc.
Le visa est donc très couru ces derniers temps car il garantit à la fois la possibilité de quitter le territoire national à tout moment, mais aussi et surtout, il permet de partir à la recherche d’un moyen imparable d’éteindre toutes les angoisses existentielles, l’acquisition d’un bien immobilier en dehors du Maroc.
Certains vont donc, quand ils sont très riches et bien informés, au Canada pour y obtenir une carte de séjour moyennant le dépôt de plusieurs dizaines de milliers de dollars, d’autres tentent leur chance aux États-Unis, mais les plus nombreux se tournent vers l’Espagne voisine, qui présente, incontestablement, «le meilleur rapport qualité-prix» !
Les atouts espagnols résident d’abord dans la proximité géographique puisque seul le Détroit de Gibraltar nous sépare de la Costa Del Sol, de ses plages, de ses bars à tapas, de ses El Corte Inglès, de ses boîtes de nuit et, last but not least, de son immense parc immobilier.
Celui-ci a été rendu accessible à nos chers (au sens de la fortune) compatriotes grâce aux conséquences de la terrible crise financière et économique qui a frappé l’Espagne à partir de 2008.
La déroute des subprimes américains entraîna, en effet, l’éclatement de la bulle immobilière en Espagne (et ailleurs), laquelle, par exemple, conduisit un géant comme FADESA à mettre les clés sous la porte, plombant ainsi durablement l’un des projets phare du Plan Azur national, la station balnéaire de Saidia, récupérée (à son corps défendant ?) par le Groupe Addoha…
Rebajas, rebajas…
Les promoteurs immobiliers andalous, pour sortir de l’impasse, durent baisser leurs prix de 20 à 30%, tandis que les mairies comme celle de Puerto Banus par exemple, concédaient aux nouveaux acquéreurs étrangers, c’est-à-dire les Marocains, des «cartes gold» assurant une carte de séjour permanente à tous les membres d’une famille propriétaire d’un «pied à terre» en Andalousie.
Bien évidemment, il n’est pas possible de disposer très précisément du nombre exact de nos concitoyens qui ont eu recours à ces «opportunités» pour tout à la fois épargner en euros, acheter des biens immobiliers et disposer d’un titre de séjour permanent.
Certes, les pouvoirs publics nationaux, après la fameuse amnistie fiscale assortie d’une prescription libératoire de 2016, pourraient non seulement fournir les indications chiffrées sur ces