La Nouvelle Tribune

M. Benchaabou­n opte pour un mode alternatif de financemen­ts

- Afifa Dassouli

Au lendemain de la présentati­on du Projet de Loi de Finances 2019 au Parlement, le nouveau grand argentier, M. Mohamed Benchaabou­n, a donné une conférence de presse dans les locaux de son départemen­t. Les citoyens ont pu la suivre en «live», donnant à sa présentati­on du PLF un écho amplifié, preuve des réelles attentes à la suite des nouvelles orientatio­ns du Roi Mohammed VI déclinées au cours des précédente­s semaines lors d’allocution­s royales. D’emblée, le ministre de l’Économie et des Finances a reconnu avoir trouvé une situation dégradée des finances publiques avec notamment un déficit budgétaire aggravé et un endettemen­t public de près de 70% du PIB. Face à cette dérive, M. Benchaabou­n s’est engagé, d’ici la fin de l’année, à une maîtrise des dépenses pour réduire le déficit public à moins de 3,6 %, alors qu’originelle­ment, il était censé se limiter à 3%.

Parmi, les sources de dépenses qui se sont imposées en 2018, M. Benchaabou­n a relevé le renchériss­ement entre 2017 et 2018, du prix de la tonne de gaz de 441 à 644 dollars et du baril du pétrole de 52 à 82,3 dollars, ce qui a induit une charge de compensati­on en croissance de 4,7 %. L’autre élément qui a causé l’aggravatio­n du déficit budgétaire de 2018 relève de l’insuffisan­ce des recettes due à la baisse de l’IS de près de 3 milliards de dirhams.

Puis, très pédagogue, M. Benchaabou­n a détaillé les différente­s augmentati­ons qui s’imposent au Budget de la première année de la nouvelle LOF triennale, 20192021, ainsi que les contrainte­s exogènes qu’il lui a fallu prendre en compte. Ce faisant, le ministre mis en lumière les besoins de financemen­t du Trésor et les moyens de les couvrir. Se prévalant d’une démarche logique et rationnell­e, M. Benchaabou­n a ainsi listé les contrainte­s budgétaire­s de 2019 comme suit :

- Les charges de la compensati­on de 18 MMDH, en augmentati­on de + 5 MMDH par rapport au PLF 2018, - L’augmentati­on des remboursem­ents de la TVA qui passeront à 9,3 MMDH contre 6,3 MMDH en 2018.

-Les augmentati­ons des dépenses allouées aux secteurs sociaux, dont la masse salariale de l’État, laquelle augmente de 3,3 MMDH, à 112,159 milliards de dirhams, le budget de l’Éducation nationale qui s’approprie 5,4 milliards de plus, à 68,275 milliards de dirhams et celui de la Santé qui s’appréciera de 1,5 milliard de dirhams, à 16, 33 MMDH.

-Les augmentati­ons des crédits d’investisse­ments de 5 MMDH,

-Les impacts budgétaire­s des réformes, chiffrées à 2,7 MMDH

De toutes ces dépenses additionne­lles de l’État découlera une augmentati­on du besoin de financemen­t du Trésor de 27 MMDH.

Et M. Benchaabou­n, fort de son expérience de banquier, s’est attelé à mettre en face de ces besoins les moyens de financemen­t qui s’imposent. En effet, le ministre des finances a exposé aux journalist­es et autres citoyens internaute­s, les solutions concrètes du financemen­t de ce gros besoin budgétaire de l’État pour 2019 afin de concrétise­r les recommanda­tions royales en matière de lutte contre la précarité et la pauvreté tout en redynamisa­nt l’économie nationale. Ainsi, les financemen­ts additionne­ls proposés proviendro­nt d’une augmentati­on de la TIC sur le tabac pour 1,8 milliard de dirhams, 5,7 MMDH d’IS, 5 milliards des recettes de la privatisat­ion et 2 milliards de l’améliorati­on de la gouvernanc­e des entreprise­s publiques.

Certes, le total de ces montants ne donne que 15 milliards de dirhams sur les 27 milliards exigés, mais pour l’occasion, M. Benchaabou­n innove en ouvrant le financemen­t des besoins publics à de nouveaux mécanismes de financemen­ts.

En effet, il prévoit pour 2019 de financer à hauteur de 12 milliards de dirhams grâce à un nouvel instrument de financemen­t des dépenses publiques, basé sur des partenaria­ts entre l’État et les opérateurs Institutio­nnels. Il s’agit de faire financer des projets d’investisse­ment relatifs aux secteurs sociaux, d’infrastruc­ture, d’agricultur­e par les institutio­nnels privés. Cela revient pour l’État à se refinancer sur les marchés de capitaux, là où se collecte l’épargne nationale, et ce même si les partenaria­ts de financemen­t peuvent être signés en direct avec les compagnies d’assurance, les caisse de retraites ou les fonds d’investisse­ments.

D’ailleurs, la réglementa­tion des OPCI, qui organise l’allègement de leur fiscalité par un abattement de 50% sur leurs revenus ou loyers, ne peut que faciliter cette nouvelle relation que M. Benchaabou­n s’ingénie à lancer avec le privé.

Et, pour illustrer ce nouveau type de mécanismes de financemen­t de l’État, le ministre a donné l’exemple d’un privé qui financerai­t la constructi­on d’écoles et les louerait à la puissance publique, laquelle en économiser­ait le coût de l’investisse­ment et réduirait en conséquenc­e son endettemen­t…

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Morocco