L’OMS dénonce la pratique du «test de virginité»
L’âge moyen du mariage des femmes est désormais de 28 ans et en moins de trois générations, leur place au Maroc a nettement évolué. Aujourd’hui, les femmes- du moins pour les plus chanceuses d’entre elles- ont accès à l’éducation, elles font des études, travaillent, sont indépendantes et cherchent d’abord à s’accomplir avant de trouver le «prince charmant». Ainsi, cette émancipation rime généralement avec une libération assumée, et pour ces femmes, le principe de virginité n’est autre qu’une tradition archaïque dépassée.
Mais cette révolution des moeurs ne concerne qu’une tranche de la société. Elle concerne des femmes urbaines, instruites, relativement aisées, et bien loin des idéologies arrêtées du Maroc profond. Car, dans un pays où le rapport à la sexualité est particulièrement hypocrite, le mythe de la virginité en est le Saint-Graal. Plusieurs de nos compatriotes associent le fait que l’hymen de la jeune fille soit encore intact à l’honneur de la famille, sa réputation et sa dignité, et des pratiques primitives sont encore pratiquées pour s’en assurer. Par conséquent, avant de sceller leur union, plusieurs couples se rendent chez un gynécologue afin que celui-ci garantisse la «chasteté» de la promise, un certificat de virginité (ou non) étant ensuite délivré.
Le test consiste généralement à inspecter l’hymen afin de voir s’il est déchiré ou d’évaluer son degré d’ouverture. Sinon, dans un registre plus sommaire, le médecin effectue son examen en introduisant ses doigts dans le vagin, le fameux test des «deux doigts». Ces deux pratiques sont appliquées en vertu de la croyance selon laquelle l’apparence des organes génitaux féminins peut indiquer si une fille ou une femme a déjà eu des rapports sexuels.
Un leurre selon l’OMS, le Haut Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme et ONU Femmes, qui ont conjointement déclaré dans un communiqué : «Les tests de virginité -un examen gynécologique dont ceux qui le pratiquent pensent qu’il permet d’établir si une fille ou une femme a eu un rapport vaginaldoivent cesser». Selon les organisations, rien ne tend à démontrer que les méthodes employées permettent de prouver qu’une fille a eu, ou non, des rapports vaginaux. En outre, cette pratique est considérée comme médicalement inutile et souvent douloureuse, humiliante et traumatisante. L’OMS et les deux organisations onusiennes ont donc dénoncé cet acte ancestral, néfaste et potentiellement dangereux. Elles ont de ce fait, alerté sur l’urgence de sensibiliser les professionnelles de la santé et les communautés aux conséquences dommageables de ce test sur les femmes et les filles, à son absence de validité scientifique, et à la nécessité d’éliminer son utilisation, avant d’inciter les gouvernements à les interdire et adopter des lois sanctionnant pénalement ceux qui les pratiquent.