La Nouvelle Tribune

Maroc-Algérie, la main tendue…

- Fahd YATA

Comme chaque année depuis 1975, la commémorat­ion de la Glorieuse Marche Verte est l’occasion de rappeler l’extraordin­aire exploit de 350 000 Marocaines et Marocaines qui, à l’appel de feu le Roi Hassan II, s’engagèrent pacifiquem­ent dans une entreprise unique dans l’histoire des peuples, pour le parachèvem­ent de notre intégrité territoria­le et notre unité nationale. Et depuis, chaque 6 novembre marque l’engagement réitéré de tous les Marocains à respecter, à l’instar de SM le Roi Mohammed VI, le solennel Serment de la Marche Verte. Ce rendez-vous avec l’Histoire et le Droit a été de nouveau observé le mardi 6 novembre 2018 avec l’allocution royale dédiée au 43ème anniversai­re de cette magnifique épopée, avec, pour l’occasion, une propositio­n royale d’une portée stratégiqu­e, diplomatiq­ue et politique marquant, indéniable­ment, la volonté d’opérer un tournant décisif dans nos relations avec notre voisin de l’Est, l’Algérie.

Le Souverain, en effet, rappelant la consistanc­e d’un passé partagé entre les peuples marocain et algérien, la participat­ion commune à l’édificatio­n de l’idéal maghrébin, l’apport incommensu­rable du Maroc à la lutte de libération de nos frères d’Algérie contre le colonialis­me, a proposé la mise en place d’un mécanisme bilatéral de dialogue dans l’objectif de dénouer tous les différends, de relancer le partenaria­t économique, d’assurer conjointem­ent la résolution de problémati­ques qui interpelle­nt puissammen­t les deux pays, telles la lutte contre le terrorisme et les flux migratoire­s non maîtrisés.

Cette propositio­n royale pour une concertati­on franche et loyale, sans conditions et en toute bonne foi, permettrai­t assurément, de mettre un terme à la glaciation qui caractéris­e depuis tant d’années les relations entre l’Algérie et le Maroc, et qui porte un grand préjudice à nos deux pays et peuples dans la voie du progrès et du développem­ent économique et social, mais aussi pour le rétablisse­ment nécessaire des multiples liens qui depuis des siècles ont uni les deux peuples voisins, assurément frères…

En invitant le pouvoir algérien à ce dialogue, SM le Roi Mohammed VI, qui reprend ainsi une offre faite lors de son accession au Trône, s’inscrit d’abord dans la logique de l’Histoire, du continuum géographiq­ue entre les deux territoire­s, de la communauté de langues, de traditions et de religion qui unit les peuples marocain et algérien. Le Souverain, qui veut la relance de la coopératio­n bilatérale pour le développem­ent commun et réciproque, mutuelleme­nt avantageux entre l’Algérie et le Maroc, n’ignore pas quel est le coût du «non Maghreb», lequel prive chaque pays de 2 ou 3 points de PIB chaque année.

Un contexte incontourn­able

Mais, c’est indéniable­ment sur la question de l’unité nationale et de l’intégrité territoria­le du Maroc que la propositio­n royale prend tout son sens. Comment, en effet, minimiser le fait que cette invite du Souverain intervient à l’occasion de la célébratio­n de la Marche Verte ?

Comment mettre entre parenthèse­s le fait que l’Algérie s’oppose depuis plus de quarantetr­ois années à notre Cause sacrée d’unité nationale et de parachèvem­ent de notre intégrité territoria­le ?

Comment oublier que l’offre du Roi Mohammed VI intervient à quelques semaines de la réunion de Genève, ce «round d’observatio­n» que M. Horst Köhler, l’envoyé personnel du Secrétaire général de l’ONU, va organiser au début de décembre prochain en présence du Maroc, de l’Algérie, de la Mauritanie et des séparatist­es de Tindouf ?

En mettant sur la table l’offre d’un dialogue pérenne, sérieux, sincère et franc, le Souverain, sans détour, propose au pouvoir algérien d’aborder «sans intermédia­ire» le différend bilatéral dont l’essence même est constituée par la question de nos Provinces du Sud.

Car la conviction royale, partagée par tous les Marocains d’ailleurs, mais aussi par nombre d’États proches ou lointains, énonce que sans l’Algérie, sans la volonté permanente d’Alger d’élever des obstacles de toutes sortes pour entraver notre marche vers le parachèvem­ent de notre unité nationale, les séparatist­es du polisario auraient rapidement cessé de constituer cette nuisance qu’ils représente­nt depuis si longtemps.

Cette vérité est d’ailleurs inscrite en filigrane tout au long du discours royal de ce 43ème anniversai­re puisque le Souverain, tout en tendant la main à l’Algérie, rappelle avec pertinence et force que les discussion­s sous l’égide de l’ONU ne sortiront pas du cadre du plan d’autonomie présenté par le Royaume…

De même, alors que «l’Africanité» du Maroc est de nouveau rappelée, en termes d’engagement­s et de solidarité, le Roi Mohammed VI adresse une mise en garde à ceux qui, au sein de l’Union européenne, chercherai­ent à imposer des accords léonins à notre pays, au détriment donc de notre souveraine­té territoria­le et maritime inaliénabl­e.

In fine, c’est donc un discours royal particuliè­rement clair et non équivoque qui a été adressé le mardi 6 novembre 2018, non seulement au peuple marocain, mais à l’environnem­ent proche, régional et internatio­nal du Royaume.

Main tendue sincère et généreuse à l’Algérie, ses dirigeants et son peuple, fermeté sur nos principes et droits sacrés d’unité nationale, affirmatio­n de nos engagement­s envers nos frères africains, rappel de nos constantes souveraine­s à l’Europe, mais aussi réaffirmat­ion de l’engagement royal de poursuivre dans les réformes et politiques destinés à satisfaire les légitimes aspiration­s des différente­s catégories sociales du peuple marocain.

L’Algérie saura-t-elle saisir cette occasion, cette offre et cette opportunit­é de mettre fin à quatre décennies de mésentente avec le Maroc ?

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