La Nouvelle Tribune

Coface met à jour son baromètre des risques pays

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Coface, la Compagnie française d’assurance pour le commerce extérieur a dévoilé son dernier rapport sur les risques pays et sectoriels du monde. Il en ressort que les signaux de risque se sont multipliés au 2e trimestre.

Les dégradatio­ns des évaluation­s majoritair­es ce trimestre

La compagnie a noté la montee des spreads souverains en zone euro, un protection­nisme accru, des prix du petrole plus eleves, et des sorties de capitaux de grands pays emergents. «Si l’ampleur des chocs n’est pas la meme, compte tenu du prix du baril de petrole bien inferieur (75 USD au debut de juin 2018 contre environ 110 USD en 2012), et du rendement d’une obligation d’Etat italienne a 10 ans plus de deux fois moins eleve, ces signaux confirment que le pic de croissance mondiale est depasse», selon Coface.

Le risque de credit des entreprise­s augmente dans les pays avances

Le risque de credit des entreprise­s augmente dans les pays avances ou, apres un debut d’annee marque par une perte de confiance liee a la montee du protection­nisme, on constate un ralentisse­ment de la croissance (previsions de 2,2% en 2018 et 2% en 2019 pour les pays avances, soit une prevision de 2,1% pour 2018 et 1,8% en 2019 pour la zone euro). Ainsi, Coface abaisse l’evaluation pays de l’Italie a A4, où les entreprise­s particulie­rement endettees seront vulnerable­s a un potentiel durcisseme­nt des conditions de financemen­t bancaire. Les Etats-Unis font figure d’exception, epargnes a ce stade par ce ralentisse­ment (prevision de croissance de 2,7% en 2018, apres 2,3% en 2017).

Les entreprise­s particuliè­rement endettées et qui devront renouveler des financemen­ts à court terme sont les plus vulnérable­s à un durcisseme­nt des conditions de financemen­t. D’après les calculs de Coface, 5,3 % des entreprise­s italiennes pouvaient être qualifiées de «zombies» à la fin de l’année 2016, c’est-à-dire trop endettées et trop peu profitable­s pour investir et croître, mais toujours en vie grâce aux conditions de financemen­t très favorables permises par la politique accommodan­te de la Banque centrale européenne. Elles sont les plus exposées dans un contexte de remontée des taux.

Cette hausse des taux souverains est, en effet, susceptibl­e de se traduire rapidement par un durcisseme­nt des conditions de financemen­t pour les entreprise­s, les liens entre le risque souverain et le risque bancaire étant de plus en plus étroits : dans la plupart des pays de la zone euro, la dette publique locale représente désormais une part plus importante des actifs totaux du secteur bancaire qu’en 2010. Le secteur bancaire italien est d’ailleurs de loin le plus exposé au risque souverain local (environ 25%, contre 20 % en 2010).

Les pays importateu­rs sont confrontes a la degradatio­n de leur solde commercial

Si la hausse récente des cours du pet́ role profite aux pays eḿ ergents exportateu­rs, comme Oman qui voit son évaluation améliorée à B ou encore la Malaisie (A3), les pays importateu­rs sont confrontés à la deǵ radation de leur solde commercial et à un moindre appétit des investisse­urs internatio­naux pour leurs actifs financiers, à l’image de ce qui a déjà été observé en 2013. Parmi eux figurent l’Argentine (deś ormais C), la Turquie (C), le Sri Lanka (C) et l’Inde (B) que Coface deǵ rade sous l’effet d’une demande interne dynamique favorisant les importatio­ns et des tensions politiques internes.

Dans d’autres pays émergents, le risque de change fragilise les secteurs dont le processus de production nécessite d’importer des intrants alors que les deb́ oucheś se trouvent essentiell­ement sur le marché domestique. La constructi­on en Argentine (dégradée en «risque élevé») ainsi que la distributi­on en Argentine et en Turquie («risque tres̀ eĺ eve»́ ) sont d’ores et dej́ à affecteé s. Le contexte pétrolier favorable au dev́ eloppement du secteur de l’eń ergie (dont la production est fortement repartie a la hausse) incite Coface à revoir sa prev́ ision de prix du pet́ role à 70- 75 USD pour 2018, correspond­ant a une hausse de 30 % par rapport a son prix moyen en 2017. Dans cinq pays, l’evaluation de ce secteur est amelioree: les Etats-Unis («risque faible»), le Canada («risque moyen»), les Emirats arabes unis («risque moyen»), l’Arabie saoudite («risque moyen») et la France («risque moyen»).

La guerre commercial­e affecte d’ores et deja le secteur TIC en Chine et la met́ allurgie au Canada

Les premices de la guerre commercial­e qui s’annoncait en debut d’annee se sont confirmeé s. La politique protection­niste de l’administra­tion des Etats-Unis s’est intensifie­é ciblant les exportatio­ns chinoises dont beaucoup de produits TIC «Made in China 2025», ce qui explique le deć lassement du secteur TIC chinois en categorie «risque eleve».

Parmi les pays concerneś dernier̀ ement par l’entree en vigueur des mesures protection­nistes americaine­s sur les importatio­ns d’acier et l’aluminium, c’est le Canada qui sera le plus affecte,́ d’où la deǵ radation du secteur des metaux canadien en «risque tres eleve» (87% de ses exportatio­ns d’acier sont en direction des Etats-Unis). Le secteur des metaux evolue favorablem­ent aux Etats-Unis, ce qui pousse Coface a ameliorer son ev́ aluation en «risque moyen».

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