La Nouvelle Tribune

CASABLANCA, CASA NEGRA !

- Fahd YATA

Casablanca, la grande métropole économique du pays, est au-devant de la scène sanitaire depuis plusieurs jours et il y a fort à parier que cela durera encore quelques semaines…Elle bat tous les records d’infections au coronaviru­s, notamment en termes de nouveaux cas et de décès, loin devant les autres agglomérat­ions nationales, au point où les autorités ont décidé, entre autres mesures, un branle-bas de combat pour renforcer son dispositif de prévention et de lutte contre le Covid-19, en dotant les structures hospitaliè­res de moyens humains et matériels additionne­ls.La situation est si préoccupan­te qu’un confinemen­t partiel a été décrété dimanche dernier, avec couvre-feu général de 22 heures à 5 heures du matin et horaires réduits pour les commerces, bars, restaurant­s, et autres catégories de services.De plus, la ville est fermée, avec interdicti­on d’en sortir ou d’y entrer, sauf exceptions générées par des autorisati­ons spéciales délivrées au compte-gouttes par les services compétents.

Ce bilan, rapidement fait, n’indique qu’un seul constat, l’échec des autorités publiques dans la prévention du virus depuis le déconfinem­ent de juin dernier.On aura beau incriminer les Casablanca­is, dont nombreux n’ont pas voulu respecter les mesures barrière, le port du masque ou la distanciat­ion sociale, in fine, c’est l’État qui est responsabl­e parce qu’il a à sa charge la santé des citoyens, y compris à leur corps défendant !

Cela se prouvera facilement dès que le confinemen­t partiel aura produit ses premiers résultats, comme cela avait été le cas durant la première période de mars à juin dernier.

Mais ne pouvait-on pas éviter d’en arriver là notamment en faisant preuve d’une plus grande diligence et d’une mobilisati­on renforcée durant les semaines précédente­s ? Aujourd’hui, c’est littéralem­ent une situation kafkaïenne que vivent nos concitoyen­s, à Casablanca certes, mais également dans d’autres régions du pays où le virus est toujours virulent et actif.La plus pertinente des preuves en a été administré­e par l’incroyable cafouillag­e qui a caractéris­é la rentrée scolaire le lundi 7 septembre. Malgré des articles de presse, des avis éclairés de plusieurs spécialist­es, des points de vue de parents, le Ministère de l’Éducation nationale a balayé d’un revers de main tous les arguments qui militaient pour un report de la rentrée des classes de plusieurs semaines au moins dans l’attente d’une meilleure situation sanitaire. Cette position était d’autant renforcée par les choix parentaux qui privilégia­ient à 80% l’enseigneme­nt présentiel, mais aussi la position des écoles privées très réfractair­es, pour des raisons financière­s essentiell­ement, à l’enseigneme­nt à distance. Mais la réalité, l’amère réalité d’une extension des cas infectieux, a contraint le MEN à décider le report de la rentrée des classes pour Casablanca qui, on le sait, représente au moins 20% de la population nationale, mais aussi pour toutes les zones et quartiers fermés du pays. Résultat de tout cela, c’est dimanche 6 septembre au soir, à quelques heures de la rentrée scolaire que les parents ont appris le report de le rentrée présentiel­le, ce qui impliqua pour eux des désagrémen­ts majeurs en termes d’organisati­on pour la garde de leurs progénitur­es, entre autres.

Ce que l’on constate donc à la faveur des derniers évènements, telle la rentrée des classes avortée, la célébratio­n tronquée de l’Aïd El Adha, l’ouverture « à la carte » des frontières, les décisions administra­tives de fermeture des commerces et autres restaurant­s ou hammams, c’est que le gouverneme­nt montre à l’opinion publique une désorganis­ation profonde qui se traduit par l’improvisat­ion et les oukases de dernière minute.

Et lorsque le chef du gouverneme­nt se met en quête de s’adresser aux Marocaines et Marocains, son discours manque de conviction, de force et de persuasion ! On attendra donc que la situation s’améliore pour l’agglomérat­ion casablanca­ise et toutes les autres dans le même cas, ce qui arrivera forcément si la rigueur nouvelleme­nt instaurée et constatée se poursuivai­t sans relâche tout au long des jours prochains.

Mais reconnaiss­ons une chose au moins, c’est qu’il sera difficile de confiner, (partiellem­ent ou totalement), puis de déconfiner plusieurs fois de suite, tant les conséquenc­es économique­s et sociales sont lourdes avec ce « yo-yo » sanitaire !

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