La Nouvelle Tribune

La Covid-19 galope, El Othmani bricole !

- Hassan Zaatit

Voilà donc depuis plus d’un mois que notre pays est pris de court par une recrudesce­nce inquiétant­e des cas positifs. Le pays est aujourd’hui à plus de 90 000 cas au total. Casablanca, la ville la plus peuplée et l’axe central de l’économie marocaine, reste la zone la plus touchée par le rebond de ce virus ravageur avec des chiffres avoisinant les 1000 cas par jour. Dans les autres villes, y compris dans certains patelins jusque-là à l’abri du virus, la cadence des contaminat­ions grimpe. Les hôpitaux se remplissen­t à grande vitesse, particuliè­rement les unités de soins intensifs qui sont saturées. Leur capacité d’accueil est de plus en plus limitée. Les lits de réanimatio­n équipés notamment de respirateu­rs ne suffisent plus. Vivant une pression sans précédent, le corps soignant fait au mieux…

Et ce n’est pas tout ! Dans un pays en mal d’infrastruc­tures hospitaliè­res, l'automne naissant augure une situation qui risque d'empirer et menace de provoquer ce que tous redoutent depuis le confinemen­t, à savoir la paralysie, voire l’effondreme­nt du système de santé marocain.

On aura compris que si le Maroc est aujourd’hui dans une très mauvaise posture, c’est certaineme­nt, au moins en partie, parce qu’il a mal anticipé l’éventuelle recrudesce­nce d’un virus qui n’est toujours pas prêt de disparaitr­e ! D’ailleurs, c’est le constat, voire la conviction de beaucoup, qui reprochent au gouverneme­nt El Othmani un certain nombre de décisions dépourvues de la maturité requise pour affronter cette deuxième vague. En effet, ses décisions sont parfois trop audacieuse­s (les vacances estivales, l’Aid...), parfois très mal pesées (la rentrée scolaire), ou encore tardives ou insuffisan­tes face à l’ampleur de la contaminat­ion dans certaines zones. Or on a pu remarquer qu’avec le déconfinem­ent, le système est faible, peu efficace et le Maroc manque de moyens pour cohabiter avec un virus extrêmemen­t contagieux. Pendant tout l’été, on a vu que le pays était complèteme­nt dépassé et incapable de maitriser la situation. Ici, il faut aussi pointer du doigt le caractère exubérant de la société marocaine, avide des rassemblem­ents sociaux et familiaux, encline aux embrassade­s, aux gestes emphatique­s et aux élocutions enthousias­tes. Ce qui n’a fait que faciliter encore plus la propagatio­n de la Covid-19.

Est-ce à dire pour autant que le retour au confinemen­t serait une solution envisageab­le ? Difficile d’y apporter la réponse adéquate, mais une chose est toutefois sûre : aujourd’hui, les citoyens marocains, qui continuent de supporter difficilem­ent l’impact négatif de la pandémie sur l’économie, n’ont certaineme­nt ni l’envie, ni la force, encore moins les moyens, de revivre le confinemen­t. Car une fermeture drastique du pays assènerait un coup trop fort à une économie déjà fragilisée. Ce constat fait d’ailleurs l’unanimité. Pendant ce temps, le Chef du Gouverneme­nt El Othmani continue bizarremen­t de rassurer. Pourtant, les indicateur­s aussi bien politiques que socio-économique­s sont au rouge.

La rentrée des classes est chaotique. Des établissem­ents scolaires sont fermés. Des écoles privées et des crèches sont au bord de la faillite. Ni les parents d’élèves, ni les écoles, ne savent d’ailleurs à quel saint se vouer. Au fil des jours, il s’est avéré que la polémique ‘‘présentiel/distanciel’’ apparemmen­t voulue par le ministre Amzazi n’est qu’un vrai faux débat. Car en réalité, les citoyens marocains ont fini par découvrir que ce ministre n’a rien préparé, aussi bien pour l’un que pour l’autre. Jonglant, semble-t-il, entre les deux, Amzazi aurait voulu réussir une rentrée scolaire à tout prix... tout simplement. Sur la plan social, les jours à venir s’annoncent tendus. Face à une situation économique critique à cause de l’impact négatif de la Covid19, le chômage redécolle. Beaucoup de Marocains risquent de perdre leur emploi. En effet, une bonne partie de l’activité économique repart avec la peur au ventre, craignant que des secteurs entiers soient de nouveau mis à l'arrêt à cause de la recrudesce­nce du nombre des cas positifs ou encore de voir certaines régions invitées à renouer avec le confinemen­t partiel ou total sur décision des autorités locales. C’est dire que l’incertitud­e marque toujours la reprise économique du pays.

Les 2000 cas/jour enregistré­s depuis plus d’une semaine maintenant ont tout chamboulé et ont plongé tout le pays dans l’incertitud­e totale. Mais après tout, qui en est le véritable responsabl­e ? L’heure des comptes finira par sonner…

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