Quelle santé financière de l’État aujourd’hui ?
Depuis le début de la pandémie de la Covid-19, la mobilisation des États est à son maximum pour sauver leurs populations, lutter contre la dépression économique qu’ils ont eux-mêmes enclenchée avec le confinement et l’arrêt de l’économie qu’il a imposée. Leur mobilisation a, bien sûr, été budgétaire, aucun n’ayant eu le choix de « regarder à la dépense » malgré que la conséquence immédiate en a été l’explosion des budgets engagés et l’aggravation de l’endettement public. Celui-ci a dépassé les 100% à 130% du PIB pour beaucoup de pays, et pas des moindres, puisque les riches sont autant concernés que nombre de pays en développement. C’est également, certes, le cas du Maroc qui n’a pas ménagé sa peine et engagé de réels efforts budgétaires et innovants en cette conjoncture difficile sur les plans sanitaire, économique et social.
Les bulletins mensuels des finances publiques publiés par la Trésorerie Générale du Royaume, TGR, marquent bien la différences en distinguant les recettes fiscales des non fiscales et en démontrant le rôle de ces dernières en matière d’appui au financement des charges exceptionnelles engendrées par le coronavirus.
C’est pour cette raison qu’il convient de ne pas comparer les chiffres de la situation actuelle à ceux de l’année précédente.
Apprécier la réalisation de la Loi de Finances rectificative du lendemain confinement, les déficits ordinaire et budgétaire, l’endettement de l’État aux niveaux intérieur et extérieur, par rapport à août 2019, n’est pas significatif, du fait que les chiffres qui les caractérisent traduisent deux situations totalement différentes. Idem pour les mois précédents et il faudrait attendre le mois de mai 2021 pour que la comparaison annuelle soit significative.
Pour apprécier l’évolution des impacts de la crise, c’est une comparaison mensuelle qui s’avère plus explicite
Par ailleurs, la création du fonds spécial de suivi du Covid 19, a fait la grande différence budgétaire pour le Maroc.
Il a permis à lui seul de financer les charges et investissements nécessités par la pandémie tout particulièrement sanitaire.
Le fonds en question a certainement joué le rôle qui lui a été imparti, celui de « soutenir » le Budget de l’État, en amortir le choc induit par la crise et l’accompagner dans le temps. Il continue à aider la puissance publique à garder la tête hors de l’eau.
En effet, sur les fonds collectés, 26 milliards ont été affectés aux bonnes causes ou dépenses urgentes non prévues par le budget.
C’est ainsi qu’à fin août 2020, le « Fonds special pour la gestion de la pandémie du coronavirus Covid-19 » a enregistre des recettes pour 33,7 MMDH et couvert des dépenses de plus de 30 MMDH.
Mais, au-delà de celui-ci, il faut savoir qu’en juillet, les recettes des comptes spéciaux du Trésor ont atteint 84,4 MMDH.
Elles tiennent compte des recettes au titre du fonds Covid-19 pour 33,7 MMDH, mais aussi des transferts reçus des charges communes du Budget général d’investissement pour 18,9 MMDH.
Ce qui a permis de couvrir les dépenses émises, lesquelles se sont élevées à 83,4 MMDH.
A fin juillet, le solde des comptes spéciaux du Trésor s’enlevait a 1 MMDH seulement.
Et la preuve que la comparaison d’une année à l’autre n’est pas significative, ces recettes des comptes spéciaux du Trésor ont atteint 91,2 MDH en août, soit 10 MMDH de plus qu’en juillet, alors qu’elles n’étaient pas représentatives en juillet et août 2019.
Elles tiennent compte du fonds spécial et des transferts reçus des charges communes du Budget général d’investissement pour 20,1 MMDH contre 19 MMDH en juillet.
En août, les dépenses émises ont aussi augmenté d’un mois à l’autre, à 87,8 MMDH contre 83,4 le mois précédent.
Le solde des comptes spéciaux du Trésor s’est établi a 3,4 MMDH, soit le triple de juillet, mais reste à un niveau très faible.
Cependant, au niveau du
Budget global, pour le mois de juillet, le solde ordinaire, négatif de 1,6 MMDH, a continué à se creuser en août à - 2,5 MMDH. De même que pour le déficit du Trésor qui, en juillet, était de 41,3 MMDH, atteignant fin août 43,5 MMDH.
Ces doubles déficits qui s’aggravent, montrent que l’État manque de moyens alors même qu’il a bénéficié de recettes non fiscales qui l’ont beaucoup soutenu. Pour financer les besoins du Budget de l’État, l’endettement du Trésor a atteint 75% du PIB, quand à la veille de cette crise, unique dans son genre, il se situait déjà à 65,4% du PIB. L’encours de la dette globale du Trésor s’établissait à 747 milliards de dirhams avec 586 MMDH de dette intérieure représentant 51,3% du PIB et 167 MMDH de dette extérieure ou 14,1% du PIB.
Preuve en est que le financement du Trésor dans le cadre du marché des adjudications des bons du Trésor, s’est élevé en net à 44 MM DH à fin août contre 16,3 MM DH avant la crise actuelle. Par ailleurs, l’État marocain, pour faire face, aux crises, sanitaire, économique, sociale et budgétaire, est accompagné au niveau international.
Il bénéficie à ce titre d’un soutien extérieur confortable sous forme de financements extérieurs, mobilisés par le Trésor et qui se traduisent sous différentes formes: Par des tirages sur emprunts extérieurs, qui, en l’occurrence se sont élevés à fin août 2020 à près de 20 Milliards de DH.
Ce sont des emprunts bilatéraux qui proviennent essentiellement de l’AFD,
Agence Française de Développement, à hauteur de 1,3 Milliardsde dirhams. Mais aussi en emprunts multilatéraux, de 18,8 milliards de dirhams, répartis par bailleurs de fonds soit :
-Banque Mondiale : 10,1 Milliards de dirhams, notamment des prêts d’appui aux politiques de développement pour la gestion des risques de catastrophe à concurrence de 2,8 Milliards DH et du programme de développement de l’inclusion financière et du numérique de 5 Milliards DH. -BAD (Banque Africaine de Développement) : 3,3 Milliards de DH notamment dans le cadre de la politique d’appui pour faire face au COVID-19 à hauteur de 2,8 Milliards.
-FMA, Fonds Monétaire Arabe) : 3,9 Milliards DH (Appui aux reformes des finances publiques : 1,2 Milliard DH ; Appui à la balance des paiements : 1,2 Milliard DH; Programme de financement du commerce arabe : 1,5 Milliard DH ). -BEI, Banque Européenne d’Investissement, qui pour ses financements prévus en 2020, d’un montant de 2,7 MMDH , avance ses décaissements aux 3è et 4è trimestres 2020.
On pourrait en conclure que l’État marocain ne connait pas une situation budgétaire catastrophique et, qu’au contraire, il s’en sort bien en sauvegardant ses fondamentaux à un certain niveau, si l’on ne craignait pas le pire pour l’avenir de la situation économique de notre pays à fin 2020 et pour 2021.
commerciale s’illustre également à travers la stratégie de conquête de clientèle. CIH Bank enregistre 1,29 million de clients actifs à fin juin 2020, contre 465.000 fin décembre 2016. Au premier semestre 2020 seulement, et malgré le contexte, plus de 160.000 nouveaux clients ont rejoint la banque avec le placement de plus de 482.000 produits.
La croissance du PNB consolidé provient de la banque CIH Bank (+144 millions de DH), d’Umnia Bank (+7,2 millions de DH), Sofac (+7 millions de DH) ainsi que de l’activité immobilière (+32 millions de DH). On aura compris que CIH Bank a réalisé d’excellentes performances, qui ont été ternies par la chute de 69,8% du résultat net part du groupe (RNPG) à 45,7 millions de DH, à cause de l’imputation intégrale des 150 millions de DH du don au Fonds Covid-19 et de l’impact du coût du risque. Ce dernier a bondi de 150% pour atteindre 414,66 millions de DH, car la banque a voulu « couvrir certains dossiers de manière prospective», selon Lotfi Sekkat. En pro forma, c’està-dire hors don au Fonds Covid-19 et du coût du risque prospectif, le résultat net atteindrait à 251,2 millions de DH, soit 25,4% de plus sur un an. «Pour nous, c’est un très bon premier semestre, dont la moitié a été obérée par la crise», conclut M. Lotfi Sekkat.
Pour les perspectives, le PDG du groupe prévient que «l’année la plus difficile sera sans doute 2021», car «de nombreuses entreprises sont sous perfusion aujourd’hui », et «l’effet des aides leur permettra soit de lever la tête rapidement, soit elles souffriront beaucoup, auquel cas 2021 sera très difficile». En ce qui concerne un éventuel retour du risque à des niveaux normaux, M. Sekkat estime que « si on prend toutes les projections, pour les secteurs non vulnérables, ce serait fin 2021/début 2022, et pour les autres 2023/24».