La Nouvelle Tribune

Intégratio­n régionale du Maroc en Afrique, les recommanda­tions du CESE

- SB

L’intégratio­n du Maroc en Afrique est sans nul doute l’un des points saillants de la politique marocaine depuis l’accession au Trône du Roi Mohammed VI. Plutôt que de dépendre du bon vouloir de puissances étrangères, le Maroc en particulie­r, et l’Afrique en général, doivent trouver les façons de renforcer les échanges et la collaborat­ion, afin d’ouvrir la voie à une croissance pérenne, en gardant sa souveraine­té économique.

Pour traiter de cette questions majeure, le Conseil Economique, Social et Environnem­ental a organisé le mercredi 30 septembre 2020 une rencontre virtuelle pour présenter son avis intitulé « L’intégratio­n régionale du Maroc en Afrique : Pour une stratégie au service d’un développem­ent durable avec l’Afrique », qui a été élaboré selon une approche participat­ive associant les principaux acteurs publics et privés concernés, et met en avant des recommanda­tions pour relever le défi de l’intégratio­n du Maroc en Afrique et en faire un levier de développem­ent durable bénéfique pour notre pays et ses partenaire­s africains.

L’importance d’une une stratégie intégrée et formalisée

Dans une allocution prononcée à cette occasion, M. Ahmed Réda Chami, Président du Conseil Economique Social et Environnem­ental, a souligné que l’impulsion royale a permis au Maroc de renforcer un partenaria­t mutuelleme­nt avantageux pour le Maroc et ses partenaire­s africains. Mais il n’y a jamais eu de véritable formalisat­ion de cette politique africaine du Maroc, et c’est pourquoi le CESE préconise, dans son avis, d’adopter le co-développem­ent comme mode d’action, en développan­t une stratégie intégrée et formalisée, dédiée à l’intégratio­n du Maroc en Afrique en concertati­on entre les secteurs public et privé. « Jusqu’à aujourd’hui, cette coopératio­n régionale avec les pays a été portée par le Roi Mohammed VI et le gouverneme­nt, et maintenant il faut impliquer le privé dans la conception et la mise en oeuvre de cette stratégie », a déclaré M. Chami.

Il a, en outre, indiqué que dans le contexte actuel marqué par la crise de la COVID-19, la mise en place de stratégies régionales intégrées dans le domaine de la santé, la recherche et l’industrie pharmaceut­ique, constitue une réponse adaptée de nature à fédérer les efforts et les moyens, à promouvoir des chaînes de valeur régionales et in fine à renforcer la résilience des pays d’Afrique.

Pour sa part, M. Mouncef Ziani, rapporteur du thème, a présenté les conclusion­s et les recommanda­tions du Conseil pour améliorer l’intégratio­n régionale du Maroc en Afrique.

Il a, dans ce sens, insisté sur la nécessité de la prise en compte d’une approche intégrée articulée autour du développem­ent économique durable, de l’améliorati­on des conditions de vie des population­s, de la durabilité environnem­entale et sociale et de l’améliorati­on de la gouvernanc­e du processus d’intégratio­n.

Une intégratio­n basée sur le co-développem­ent

Le CESE a relevé, au sujet de la politique africaine du Maroc, qu’en dépit des résultats positifs réalisés, les retombées de ces partenaria­ts n’ont pas encore atteint tous les objectifs visés, se révélant en-deçà des opportunit­és qu’offre l’intégratio­n régionale en matière de développem­ent économique et d’aspiration des population­s.

De fait, le niveau des échanges commerciau­x du Maroc avec les pays d’Afrique, ne dépasse pas 4% de l’ensemble de ses échanges, ce qui ne reflète pas le véritable potentiel existant en matière de coopératio­n économique et des complément­arités à mettre en place, selon le Conseil.

Pour relever le défi de l’intégratio­n régionale du Maroc et en faire un levier de développem­ent durable bénéfique pour le Maroc et ses partenaire­s africains, le CESE appelle à envisager une stratégie d’intégratio­n du Maroc en Afrique en adoptant le co-développem­ent comme mode d’action pour promouvoir un partenaria­t mutuelleme­nt avantageux en termes de développem­ent économique, de consolidat­ion de la solidarité, de partage de savoirfair­e et d’améliorati­on du bienêtre des population­s. L’approche préconisée vise à assurer un caractère à la fois global, cohérent, inclusif et pragmatiqu­e au processus d’intégratio­n et s’articule autour de quatre axes majeurs.

Le premier axe vise à ériger l’intégratio­n régionale du Maroc en Afrique en priorité. A cet égard, le Conseil recommande, entre autres, de développer une stratégie dédiée à l’intégratio­n du Maroc en Afrique en concertati­on entre les secteurs public et privé et de créer des mécanismes de concertati­on régulière entre le ministère chargé des affaires étrangères et de la coopératio­n et les représenta­nts du secteur privé.

Le deuxième axe a pour objet de renforcer les instrument­s d’intégratio­n aux plans régional et continenta­l et d’apporter de la cohérence et de la complément­arité entre les différents partenaria­ts existants. A ce niveau, il est notamment recommandé de parachever le processus de ratificati­on de l’accord relatif à la ZLECAf et développer des coopératio­ns avec les communauté­s économique­s régionales (CER) et créer des chaînes de valeur régionales à forte valeur ajoutée et à fort impact social sur les population­s. Il est aussi proposé de faire de la région de Dakhla-Oued Ed-Dahab, dans le sens des recommanda­tions du CESE sur le nouveau modèle de développem­ent pour les provinces du Sud, un hub africain. Le troisième axe a pour objectif d’opérationn­aliser et de renforcer les instrument­s de coopératio­n au plan bilatéral. A cet effet, le CESE préconise, en particulie­r, de faire un bilan régulier de l’impact de chaque accord et d’évaluer l’initiative marocaine envers les 33 pays africains les moins avancés (PMA). Le quatrième axe propose des actions transversa­les qui ont trait à la mise en place d’instrument­s d’accompagne­ment adaptés en vue d’une meilleure intégratio­n régionale du Maroc en Afrique et ses retombées positives sur les population­s. Pour cela, il est suggéré de mettre en place un fonds d’investisse­ment public destiné à l’Afrique pour financer les projets de développem­ent ainsi que d’établir un centre d’accompagne­ment à l’internatio­nalisation des entreprise­s marocaines en particulie­r pour les PME. L’aboutissem­ent de cette ambition nécessite la mise en place des politiques régionales intégrées et articulées avec les stratégies sectoriell­es développée­s par le Maroc.

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