Ouvrez la cage aux oiseaux…
Nous sommes à quelques jours du 10 octobre 2020, date à laquelle, en principe, devrait prendre fin l’état d’urgence sanitaire qui est pendant sur tout le territoire national depuis le mois de mars dernier.
Plusieurs fois renouvelé du fait de la persistance de la pandémie du Covid-19, on ne manque pas de s’interroger sur son éventuelle levée à la date précitée.
Mais en toute objectivité, au vu de la persistance d’un nombre quotidien élevé d’infections, surtout à Casablanca, on se dit qu’en toute logique le gouvernement pourrait fort bien décréter la reconduction de cet état d’urgence sanitaire, lequel permet de prendre les mesures nécessaires pour tenter de freiner la pandémie. C’est d’ailleurs à ce prix-là que des régions comme celle de Tanger-Tétouan-Al Hoceima, ont pu revenir à des situations moins alarmantes grâce aux restrictions diverses imposées plusieurs semaines durant. Ceci étant, après plus de sept mois de cette conjoncture extraordinaire, au sens premier du mot, le paradoxe de la nécessité de lutter vigoureusement contre le (la?) Covid-19 tout en essayant de relancer l’économie, la vie sociale, l’enseignement, le commerce, (etc., etc.), reste à ce jour quasiment non résolu.
Les milieux d’affaires, notamment ceux de Casablanca, poumon économique du pays, constatent que la relance a été stoppée net par les mesures restrictives imposées après le déconfinement tandis que des secteurs entiers d’activités sont en état de mort annoncée ou, au mieux, survivent à peine, avec toutes les conséquences que cela entraîne sur la situation sociale, l’emploi, la pérennité des entreprises, notamment les TPE et PME. L’allègement de ces mesures préventives, surtout dans les grandes villes, n’est peut-être pas à l’ordre du jour, mais il importe absolument que les autorités publiques se décident à agir pour permettre de relativiser la sévérité de ces contraintes pour des cas et des situations bien précises. L’une d’entre elles, sans doute la plus importante, porte sur l’ouverture des frontières, alors que les liaisons aériennes sont régies par la politique des vols spéciaux, soumis à des conditions drastiques, et que les points d’entrées maritimes et terrestres sont toujours fermés hormis le transport de marchandises.
Or, cela fait des mois et des mois que le secteur vital du tourisme vit un marasme qui s’approfondit de jour en jour nonobstant les mesures d’aides sectorielles mises en place par le gouvernement et un très relatif assouplissement des conditions d’accès aux principales zones touristiques du nationales à partir de pays connus pour être des marchés émetteurs de touristes. Sauver le tourisme ne saurait se faire à partir de ces «mesurettes» et si la saison estivale est passée par pertes et profits, il conviendrait, comme le demandent tous les professionnels concernés, de sauver les saisons d’automne et d’hiver. Car, en l’affaire, il ne s’agit pas seulement de l’hôtellerie, mais des transports touristiques, de la restauration, de l’artisanat, de la location automobile et d’une panoplie de services aujourd’hui à l’arrêt.
Alors, certes, il y a des contrats-programmes qui ont été adoptés et implémentés, mais ce ne sont pas les 2000 Dh d’aide mensuelle aux salariés des secteurs concernés qui permettront la relance économique dont une bonne partie est assurée par le tourisme et les services annexes.
La solution se devrait d’être hardie et résolue, tout en tenant compte de la réalité de la pandémie, laquelle, en vérité, ne sera totalement vaincue qu’à partir du moment où des vaccins et des traitements anti-Covid seront disponibles.
Une éventualité qui ne se réalisera pas avant plusieurs mois dans le meilleur des cas !
L’ouverture des frontières, et notamment le ciel marocain, permettrait assurément d’assurer le redémarrage des secteurs concernés (plus d’un million de salariés, toutes activités confondues), de redonner à la compagnie aérienne nationale, Royal Air Maroc, la possibilité d’un retour progressif à la normale et, de surcroît, le come back des touristes étrangers, surtout européens, dans nos villes touristiques aujourd’hui exsangues.
Sachant que les conditions d’accès au territoire national sont parfaitement définies, avec comme obligation première la présentation d’un test PCR négatif de moins de 72 heures aux postes frontières, que la pratique de la traçabilité des voyageurs est relativement aisée à mettre en oeuvre, (adresse de résidence, coordonnées téléphoniques, etc.), il n’est pas illusoire de penser que cela est faisable. Sans minorer les menaces de la pandémie, faire en sorte de faciliter le retour des touristes étrangers serait largement profitable à l’économie nationale.
Les mesures barrières seraient appliquées par des touristes habitués à les respecter dans leurs propres pays, nos autorités veilleraient sur l’application des strictes mesures sanitaires par les hôtels, les restaurants, les taxis, les commerçants, etc.
Ainsi, comme disait Pangloss «tout ira pour le mieux dans le meilleur des mondes», ce que Candide ne démentirait pas !