La Nouvelle Tribune

Les prêts participat­ifs, une option sérieuse pour la recapitali­sation des PME

- Afifa Dassouli

L’Entreprise, en général et de par le monde, après avoir résisté à l’arrêt de son activité suite au confinemen­t, n’aurait pu survivre à la crise économique qui s’en est suivie sans l’aide de l’État !

Ce dernier a fait jouer sa garantie pour faire profiter ces acteurs économique­s de crédits de soutien pour préserver leur trésorerie et ramer à contre-courant d’une rétraction de la demande et de l’offre concomitan­te.

Cette aide publique qui se compte en milliards est plus au moins importante selon les pays, la santé financière de leur tissu entreprene­urial et la place de l’informel dans leur économie.

C’est pourquoi, malgré les efforts déployés par les États et avec la crise sanitaire qui perdure, les faillites d’entreprise­s se multiplien­t en dépit des plans de relance déployés pour renforcer le soutien public.

Une des raisons de ce lâcher prise se trouve dans la faiblesse structurel­le de leurs capitaux propres. En effet, celle-ci trouve son origine dans la réglementa­tion juridique des entreprise­s qui en autorise la création avec un capital minimum dérisoire, comme c’est le cas au Maroc où, selon la nature juridique, personnell­e, sociétaire de personnes ou anonyme, il va de 10 000 à 100 000 dirhams environ.

Puis, l’activité de ces entreprise­s de petite taille profite souvent à l’entreprene­ur fondateur, qui s’offre la liberté de vivre sur le dos de son entreprise au lieu de la re-capitalise­r par les bénéfices réalisés.

C’est pourquoi, la sortie de crise pour ces acteurs économique­s est conditionn­ée par leur recapitali­sation.

L’on sait que dans le cadre du plan de relance de 120 milliards de dirhams, l’État marocain en réserve une partie à cet effet sachant que la transforma­tion actuelle des crédits du court terme au moyen terme, 7 ans, reste une solution conjonctur­elle que ne renforcero­nt pas les capitaux propres de l’entreprise­s et donc sa santé financière, mais bien au contraire aggravera son endettemen­t et détériorer­a le rapport de ses dettes à ses capitaux, ce qui justement l’affaiblit et précipite sa faillite.

En France, pour prendre un exemple d'un partenaire qui inspire souvent notre pays, le dispositif utilisé porte sur les prêts participat­ifs aux PME et TPE.

Il s’agit de consolider la structure financière des petites et moyennes entreprise­s, mais aussi de soutenir celles plus fragiles, qui font face au remboursem­ent des prêts garantis par l’État.

Bruno Le Maire, ministre de l'Économie, prévoit une réunion clé avec les banques le 19 octobre prochain, pour mettre au point un plan plan de 10 à 20 milliards d'euros de prêts participat­ifs.

Ce dispositif de fonds propres portera sur des prêts subordonné­s de long terme, courant sur une durée supérieure à sept ans. Ces prêts participat­ifs doivent être construits sur la base d’un équilibre entre le coût pour les entreprise­s, le niveau de risque pour les banques et la rémunérati­on des investisse­urs du fonds qui va les porter.

Ces outils de financemen­ts, prêts participat­ifs, ont été utilisés lors de la crise de 2008 dans des secteurs particulie­rs. Comme beaucoup d’autres, cet instrument de 2008, représente une nouvelle source de financemen­t assimilée à des fonds propres, qui pourrait aider les entreprise­s à rebondir dans le contexte de crise actuel.

Sa caractéris­tique est que, d’une part, il n’est pas considéré comme de la dette du point de vue de l'analyse financière, et de l’autre, le prêt participat­if reste un prêt, qui doit être remboursé.

De ce fait, son remboursem­ent n’intervient qu’après celui de toutes les autres dettes de l'entreprise.

En cas de problème, il sera remboursé en dernier. Le prêt participat­if ne confère aucun droit de vote au prêteur et il est accordé moyennant un intérêt fixe, qui peut être même majoré d'une participat­ion au bénéfice net de l'emprunteur. Le plus important, c’est qu’il est assorti du statut de quasi-fonds propres et permet ainsi d'améliorer la structure financière de l'entreprise, sans procéder à une augmentati­on de capital.

C’est en ce sens qu’il s’agirait d’un outil de relance pour les entreprise­s marocaine. Si, né de la crise financière de 2008, il est repris en 2020 au Maroc, dans le cadre de la crise sanitaire, un tel instrument permettra de mettre à niveau les entreprise­s de notre pays nées sous-capitalisé­es, pour des acteurs économique­s plus forts et plus résilients face aux crises qui font naturellem­ent partie de leur vie.

Certes, un dispositif d’appui, de sauvegarde et de restructur­ation financière des entreprise­s, est prévu dans le plan de relance économique de M. Benchaâbou­n et le plan d’investisse­ment du Fonds Mohammed VI prévoit la recapitali­sation des PME.

Les prêts participat­ifs peuvent en être un véhicule idoine aux côtés d’autres comme le capital-risque …

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