La solidarité nationale, plus qu’un devoir, une nécessité !
Avec une moyenne de 3000 cas nouveaux d’infection chaque jour et une quarantaine de décès, la Covid-19 continue sa folle course dans notre pays, et s’il n’est pas question de parler de tsunami pour cette vague puissante, le raz-de-marée n’est plus trop loin !
Certes, l’État veille et marque sa volonté de combattre cette pandémie infectieuse tout en mettant en oeuvre toute une batterie de décisions et de mesures pour en réduire les dramatiques effets sanitaires, économiques et sociaux.
Mais les moyens de la puissance publique ne sont pas extensibles à l’infini et chacun sait que notre endettement, extérieur et intérieur, qui a augmenté sérieusement depuis mars dernier, devra bien être remboursé un jour !
Dans un tel contexte et malgré les difficultés que cette situation sanitaire impose à tous les citoyens, il est clair que tous ne la vivent pas de la même manière.
Des emplois sont supprimés, des faillites sont prononcées, des sacrifices sont demandés, que certains sont contraints d’accepter. Mais, disons-le sans ambages, un citoyen disposant de 10 000 dirhams de revenus nets par mois est largement privilégié par rapport à des millions d’autres qui vivent de et dans l’informel, sous le seuil de pauvreté, sans revenus fixes...
Ceux qui disposent donc d’un revenu net annuel de 120 000 dirhams ne sont pas pour autant des nantis, sachant, de surcroît, qu’ils doivent faire face à des charges fixes, comme le loyer, les frais de scolarité, l’entretien d’une famille, celui d’une voiture éventuellement ou encore les transports en commun. C’est sans doute pour cela qu’une disposition du Projet de Loi de Finances pour 2021, qui prévoit le retour de la Contribution de Solidarité Nationale, d’un montant de 1,5% du revenu net mensuel pour les personnes physiques, fera nombre de mécontents au sein d’une classe moyenne qui, depuis plusieurs années, est incontestablement en voie de paupérisation.
Pourtant, même impopulaire, cette Contribution devra être comprise comme un devoir, une nécessité car elle permettra de donner à l’État des moyens additionnels pour affronter les crises multiples déclenchées par le nouveau coronavirus.
Les riches devront payer, les moins riches également, sachant que les pauvres, si nombreux dans notre pays, malheureusement, seront en vérité ceux qui paieront le prix le plus élevé de cette conjoncture catastrophique car leur quotidien, déjà fait d’aléas multiples, sera encore plus incertain.
Il existe dans la vie des Nations des périodes noires et l’Histoire en recense de nombreuses, induites par des sécheresses, des inondations, des tremblements de terre, mais aussi des pandémies, comme la peste, le choléra, la variole et autres diphtéries.
En ces moments, la solidarité nationale est impérative et implique la participation de chacun, selon ses moyens. Le citoyen marocain, de par son attachement aux prescriptions de l’Islam, pratique l’aumône, la charité, mais aujourd’hui ces saines et religieuses habitudes ne sont pas suffisantes car par essence individuelles.
Seule la puissance publique possède les moyens d’une distribution équitable, ciblée et régulée des aides adressées aux milieux les plus démunis et cette politique distributive est du ressort exclusif de l’Etat à travers ses structures dédiées, ministère des Finances, de la Santé, de l’Intérieur, etc. Voilà pourquoi la nouvelle Contribution de Solidarité Nationale s’impose comme une obligation morale pour ceux de nos concitoyens qui figurent dans la tranche des 10 000 dirhams de revenus nets mensuels, volens, nolens !
Et ce ne serait pas faire de la surenchère de penser que cette contribution adressée aux personnes physiques aurait dû être plus élevée pour ceux qui disposent de revenus supérieurs à cette tranche minimale car, en ces moments cruciaux, un «impôt sur la fortune» ne serait nullement déplacé... Mais, pour le moins, tous les concernés devront participer avec la conviction que ce nouvel effort qui leur est demandé profitera à la collectivité nationale et le meilleur patriotisme n’est pas seulement celui qui marque l’attachement à la patrie et aux valeurs fondamentales de notre société, mais aussi celui qui touche au portefeuille.