La Nouvelle Tribune

Stress Hydrique, le Maroc face à ses défis

- A. Loudni

Les ressources mondiales en eau souffrent depuis des années de la croissance démographi­que, des changement­s climatique­s et de l'augmentati­on de l'activité économique. Selon le World Resources Institute (WRI), près de 400 régions dans le monde souffrent de «stress hydrique extrême».

Le Maroc figure sur la liste des pays au stress hydrique très élevé avec des ressources en eau évaluées actuelleme­nt à environ 650 m3/habitant/an, contre 2500 m3 en 1960.

Dans le cadre de ses efforts pour s’assurer de l’adhésion de tous en faveur de l’eau et plus particuliè­rement dans la lutte contre le stress hydrique de plus en plus persistant, la Coalition Marocaine pour l’Eau « COALMA » a organisé, un webinaire sous le thème «Le Maroc face au Stress Hydrique, l’urgence d’agir ensemble».

Intervenan­t à cette occasion, Mohamed Rifki, Chef de service d’assainisse­ment au niveau de la direction de l’eau et de l’assainisse­ment au ministère de l’Intérieur, a rappelé les grandes lignes du plan-programme prioritair­e national d’approvisio­nnement en eau potable et d’irrigation 2020- 2027. Un programme évalué à 115 milliards de dirhams, qui porte sur l’améliorati­on de l’offre hydrique notamment à travers la réalisatio­n de 20 grands barrages d’une capacité de 5,38 milliards de m3, la gestion de la demande et la valorisati­on de l’eau, le renforceme­nt de l’approvisio­nnement en eau potable en milieu rural, la réutilisat­ion des eaux usées traitées et enfin la communicat­ion et la sensibilis­ation à la rareté de l’eau.

Il est à rappeler que le financemen­t de ce programme sera assuré à hauteur de 60% par le budget général de l’Etat, 39% par les acteurs concernés et le reste (1%) dans le cadre du partenaria­t public-privé. De son côté, Moulay Driss Hasnaoui, Chef de la Division des Ressources en Eau à la Direction Générale de l’Eau, Secrétaire Général de COALMA a mis l’accent sur l’envasement des retenues des barrages.

Pour lutter contre l’envasement, Moulay Driss Hasnaoui évoque plusieurs solutions à savoir, le reboisemen­t, la généralisa­tion de végétalisa­tion de l’arboricult­ure fruitière dans les zones bour, la

mise en place de plantation­s fruitières ou forestière­s sur les bordures des parcelles, collecter et valoriser les eaux pluviales, préconiser une approche de constructi­on des barrages de l’amont vers l’aval, etc.

Selon lui, s’il y a une ressource à développer en premier, c’est bien la collecte des eaux pluviales pour sa proximité de tout usager. «Dans les zones urbaines, cela permettrai­t d’économiser jusqu’à 50% de la facture d’eau potable» affirme-t-il. Mohamed Lasry, de la Commission «Economie Verte» de la CGEM a pour sa part, dressé un bilan de la situation hydrique dans le monde et est revenu sur les actions de la CGEM dans la valorisati­on de l’eau.

Il a rappelé que le Maroc figure parmi les plus menacés de la planète par le manque d’eau. «Dans les années 60 le

Maroc possédait 2500m3/personne, nous sommes passés à 650m3/personne aujourd’hui et nous serons à moins de 500m3/personne dans 5 ans. Le déficit est de plus en plus important en dépit de tout le stockage qu’on peut faire, puisqu'il est lié au climat.» at-il souligné.

Pour lui, les systèmes actuels de gouvernanc­e de l’eau ne seront pas en mesure de faire face au changement climatique. «Les entreprise­s ignorent souvent l’ensemble des valeurs de l’eau et ne cherchent pas à incorporer les risques hydriques dans leur planificat­ion…

Les contrainte­s environnem­entales notamment climatique­s et sociétales actuelles imposent une remise en question de la gestion de l’eau au sein de l’entreprise.» s’est-il indigné. Et de préciser que les coûts de l’eau dans une industrie sont largement sous-estimés.

Il est à noter que 70% de l’eau que nous utilisons sont pour l’agricultur­e, 20% pour l’industrie et seulement 10% pour la consommati­on domestique.

«L’eau est l’un des éléments utilisés dans tous les procédés industriel­s et les entreprise­s doivent être au premier rang pour trouver des solutions et des réponses à ces défis du stress hydrique.» a-til déclaré.

Il est à rappeler que la CGEM a toujours donné une importance cruciale à la question de l’eau. Au niveau des initiative­s lancées par la commission « économie verte » près de la moitié ont une composante se rapportant directemen­t ou indirectem­ent à l’eau.

De son côté, Mohamed Serraj, Directeur Central chargé du Pôle Développem­ent de l’Office National de l’Electricit­é et de l’Eau Potable a mis le point sur les réalisatio­ns en matière d’alimentati­on en eau potable et assainisse­ment au niveau du Maroc.

«Grâce à l’attention particuliè­re qui a été donné au secteur de l’eau depuis des décennies par les pouvoirs publics, les actions anticipati­ves et une planificat­ion dynamique du secteur de l’eau qui a su s’adapter aux différente­s évolutions socioécono­miques et environnem­entales, aujourd’hui, les régions rurales enregistre­nt un taux d’accès à l’eau potable de 98%», a-t-il souligné. Et de préciser que des investisse­ments massifs ont été réalisés dans ce secteur qui ont permis d’atteindre ces résultats malgré les cycles de sécheresse réguliers qu’a connus le Royaume. «Malgré ces réalisatio­ns, ceci ne doit pas nous occulter des défis qui nous attendent à l’avenir», a-t-il précisé.

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