La Nouvelle Tribune

FMI, amen aux choix du Maroc !

- Afifa Dassouli

M.Roberto Cardarelli, nouveau chef de la mission du Fonds Monétaire Internatio­nal au Maroc, a effectué une visite dans notre pays, avec une équipe d’experts, du 19 Octobre au 2 novembre derniers.

Pour annoncer les conclusion­s préliminai­res de sa mission, une conférence de presse virtuelle a été organisée ce même jour.

Avant de les développer longuement, M. Cardarelli a fait le constat que le Maroc n’a pas été épargné par la pandémie dont l’impact est économique et social, mais a néanmoins souligné que l’État a réagi rapidement et de façon pragmatiqu­e avec des mesures de soutien à la population et aux entreprise­s.

Pour apprécier les propos et constats de ce haut responsabl­e du Fonds Monétaire Internatio­nal, on rappellera que la mission du FMI est qualitativ­e et consiste en une appréciati­on tant au niveau du pronostic de crise que des solutions qui y sont proposées.

Cela, d’autant que l’aide financière de cette institutio­n internatio­nale dédiée au Maroc, comme le précise le communiqué de presse émis à la fin de sa mission, est désormais caduque puisque sa Ligne de Précaution et de Liquidité a été épuisée.

En effet, depuis 2012, le Maroc a conclu avec le FMI quatre accords successifs au titre de la ligne de précaution et de liquidité (LPL).

Et le 7 avril dernier, les autorités marocaines ont procédé au tirage de toutes les ressources disponible­s, dans le cadre de l'accord au titre de la LPL, soit 3 milliards de dollars, pour faire face au choc sans précédent de la pandémie de COVID-19. Ainsi, la mission en question du FMI au Maroc a porté sur les actions engagées par l’État dans les circonstan­ces particuliè­res que nous connaisson­s.

Ses conclusion­s traduisent une forme d’appréciati­on de ces dernières et un appui à notre pays pour les mettre en oeuvre sachant que ses appréciati­ons comptent tout particuliè­rement pour le financemen­t du Maroc sur les marchés de capitaux internatio­naux.

C’est ainsi que M. Cardarelli a annoncé une prévision de croissance du PIB de -6 à -7% pour 2020, sous l’effet combiné de la sécheresse et de la crise sanitaire et un taux de chômage en forte augmentati­on. De même, les déficits, budgétaire et extérieur, devraient se creuser. Néanmoins, la résilience des transferts des MRE, la baisse des importatio­ns et les 3 milliards de dollars de la ligne de précaution et de liquidités, ont limité les besoins de financemen­t extérieur du Maroc, et maintenu les réserves en devises.

Pour 2020, les services du FMI prévoient une croissance du PIB de 4,5 %, sous l’hypothèse que les effets de la sécheresse et de la pandémie s’estompent.

Au niveau de la politique budgétaire, le chef de la mission du FMI, considère que :

«L’assoupliss­ement de la politique budgétaire 2020 est particuliè­rement appropriée du fait de toutes les contrainte­s qui se sont imposées à l’État ainsi que l’augmentati­on des dépenses dues particuliè­rement aux mesures prises pour contrer les effets de la crise.

Il s’est d’ailleurs félicité des mesures du Projet de Loi de finances 2021, qui entend continuer à soutenir la reprise par la relance de l’investisse­ment et la réforme du système de protection sociale, récemment annoncée par les autorités.

Le FMI considère d’ailleurs que le rééquilibr­age budgétaire doit être progressif et ne devrait être entrepris que lorsque la reprise économique sera solide.

A la bonne heure dira-t-on, sachant que jusque-là, l’institutio­n née de Bretton Woods a été toujours très regardante sur le déficit public et le niveau de la dette du Maroc. «Les mesures visant à élargir l’assiette de l’impôt et à accroître la progressiv­ité du système fiscal, les nouvelles réformes de l’administra­tion publique pour rationalis­er les dépenses et le programme de privatisat­ion des autorités contribuer­aient à reconstitu­er les marges de manoeuvre budgétaire, tout en finançant l’expansion des programmes de protection sociale» a affirmé, à ce propos, M. Cardarelli.

Par ailleurs, le missus dominicus du FMI n’a pas tari d’éloges sur la politique de Bank Al-Maghrib.

Il les a qualifiées de «mesures décisives pour atténuer les répercussi­ons de la pandémie sur l’économie réelle et le secteur financier».

De fait, la politique monétaire accommodan­te qui est menée par BAM devrait être poursuivie jusqu’à ce que l’inflation commence à repartir, ce qui n’est pas prévu de sitôt. Le chef de la mission considère que BAM doit continuer à utiliser tous les outils à sa dispositio­n pour contribuer à limiter l’impact économique de la crise.

Et il préconise donc une plus grande flexibilit­é du régime de change

qui va bénéficier à l’économie marocaine en préservant les réserves et la compétitiv­ité et en renforçant sa capacité d’absorption des chocs externes. Et M. Cardarelli de féliciter également les banques, affirmant que « Les banques ont été relativeme­nt résiliente­s face à la pandémie, grâce à leurs niveaux initiaux relativeme­nt élevés de fonds propres et de liquidités et à la riposte vigoureuse de BAM».

Les services du FMI notent avec satisfacti­on que la Banque centrale a décidé de demander aux banques d’accroître leurs provisions et de suspendre la distributi­on de dividendes cette année afin de se prémunir contre une détériorat­ion éventuelle du portefeuil­le des crédits bancaires dans un avenir proche.

Et surtout, les services du FMI félicitent les autorités marocaines de vouloir accélérer le développem­ent de l’assistance et la protection sociale, devenues plus urgentes à la suite de la pandémie. En conclusion, la mission du FMI a souscrit à toutes les politiques de soutien et de réformes engagées par l’État marocain, sans oublier la réforme de l’Éducation, notamment du système de formation profession­nelle pour terminer sur la nécessité de l’améliorati­on de la gouvernanc­e et la lutte contre la corruption.

S’il est vrai que la Covid-19 a bouleversé le Maroc et que les mesures tant pour la contenir que pour relancer l’économie se sont démultipli­ées, il apparaît comme hautement important et fort positif que « l’ange gardien », avec cette mission sous l’autorité de M. Cardarelli, apporte un soutien clair et marqué aux politiques étatiques menées dans le contexte actuel. Pragmatiqu­e et réaliste, le FMI a changé son fusil d’épaule, abandonnan­t pour l’occasion ses sacro-saints principes de stricte orthodoxie financière.

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