La recherche scientifique devant le nouveau contexte économique mondial
Chaque année, l’académie Hassan II des Sciences et Techniques, sous la direction de Pr Noureddine EL AOUFI (Université Mohammed V de Rabat), organise l’école académique, qui a pour objectif de promouvoir les travaux économétriques, de modélisation et d’analyse prospective, à travers des présentations et discussions autour de travaux doctoraux. Habituellement organisée en mars, l’édition de cette année a eu lieu les 11 et 12 novembre, sous format distanciel, covid oblige. La crise sanitaire qui a dévasté cette année l’économie mondiale donne encore plus de sens à ces travaux, car elle a remis en question un grand nombre de considérations économiques et financières, changé les priorités des populations et des décideurs, et mis sous une pression terrible les finances publiques comme privées. «C’est un nouveau contexte marqué par l’incertitude, qui par définition n’est pas probabilisable, contrairement au risque», a expliqué Pr. El Aoufi. Toutefois, at-il ajouté, «nous sommes rentrés bien avant la pandémie dans des processus stochastiques», et celle-ci n’a fait que les accélérer. Ainsi, le monde est entré «dans un nouveau contexte avec de nouveaux enjeux et problématiques». Parmi ces enjeux, le professeur a souligné celui de l’Etat et du contenu des politiques publiques, les priorités n’étant plus les mêmes. Il a aussi noté que la politique macro-économique connait une nouvelle reformulation, avec les questions de la soutenabilité budgétaire et des finances publiques, du rôle des banques centrales, de la possible sortie du consensus de Washington… Enfin, avec des phases de relance, puis de redémarrage qui nous attendent, la question de la temporalité prend une place centrale dans les travaux de recherche, qui doivent, encore plus qu’avant, distinguer le court/moyen terme du long terme : «Aujourd’hui, une thèse qui va être soutenue doit intégrer ce contexte nouveau, qui est profond et va au-delà de la crise sanitaire […] Même avec le vaccin, les nouvelles trajectoires amorcées, à mon avis, vont durer».
L’école académique, durant deux jours, a vu défiler (en ligne) des doctorants dont les travaux étaient à différents niveaux d’avancement, qui ont pu présenter leurs recherches devant un parterre (virtuel) prestigieux d’académiciens, et de membres d’institutions gouvernementales (comme la DEPF). Les échanges ont été riches, et ils devraient permettre d’un côté aux doctorants de gagner de précieux conseils pour mener leurs travaux, mais également aux décideurs de bénéficier des recherches pointues et exhaustives qui leur ont été présentées. Parmi les thèmes abordés, on citera la soutenabilité de la dette publique, le rôle de la banque centrale, le taux de change réel du dirham, ou encore le lien entre le développement bancaire et la croissance économique. Des thématiques importantes, d’une actualité indéniable, et dont les questions qu’elles posent seront centrales dans l’économie post-covid.