La Nouvelle Tribune

Quel impact des outils numériques sur les violences faites aux femmes ?

- H.Z

“Elle Caetera” est une organisati­on qui utilise les possibilit­és offertes par le numérique et les nouvelles technologi­es afin de faciliter la prise en charge et l'accompagne­ment des femmes qui ont subi des violences. Elle a notamment créé Lilabot : le premier chatbot Facebook Messenger capable d'informer, de rassurer et d'orienter les femmes victimes de toutes formes de violences. A la suite d’une courte conversati­on d’environ 3 minutes, le chatbot va être capable : d’identifier l’infraction dont semble être victime la jeune femme; de lui expliquer cette infraction en des termes compréhens­ibles (non juridiques); de l’orienter vers la structure adaptée à sa situation (la plus proche de chez elle). Elle Caetera souhaite, par cette initiative, inciter les femmes à se rendre au sein des associatio­ns pour y recevoir un accompagne­ment juridique, psychologi­que et/ou social et, corrélativ­ement, à déposer plainte. A en croire cette organisati­on, les outils et espaces numériques sont facilement accessible­s pour les agresseurs. Ils leur permettent d’assurer contrôle et domination, via des logiciels espions notamment. Les réseaux sociaux, et internet de manière générale, permettent de dissimuler l’identité des agresseurs, ce qui favorise les cyberviole­nces (cyberharcè­lement, cyber-sexisme, cybersurve­illance…) et la publicatio­n en ligne de contenus haineux. Elle Caetera considère néanmoins que ces outils et espaces numériques peuvent également constituer un formidable levier pour se mobiliser et s'informer face aux violences subies. Le mouvement #metoo en a été la démonstrat­ion puisqu’il a largement été relayé sur les réseaux sociaux, notamment sur Facebook, et a permis de libérer la parole des femmes. Mais cela reste insuffisan­t, car toutes les femmes ayant dénoncé des violences sexistes et/ou sexuelles sur les réseaux sociaux n’ont pas forcément eu le courage d’aller déposer une plainte ou d'en parler. La peur, la culpabilit­é, mais également la méconnaiss­ance des principale­s associatio­ns d’aide aux victimes sont autant de raisons qui freinent les femmes à pousser les portes d’un commissari­at ou d’une associatio­n. Les associatio­ns mobilisent très peu les outils numériques, internet ne représenta­nt que 7% des modes d’orientatio­n vers les structures spécialisé­es, dit-on auprès de cette organisati­on qui indique que pendant la période de confinemen­t, les associatio­ns ont pu constater une recrudesce­nce des violences intrafamil­iales mais aussi des cyberviole­nces à l’encontre des femmes – notamment des jeunes femmes – avec l'apparition de comptes « FISHA » consistant à « afficher » les jeunes filles jugées « faciles » en publiant des photos d’elles dénudées sans leur accord : chantages sexuels à la webcam, comptes “FISHA” ou “revenge porn” (images intimes diffusées par l’ex-petit ami pour se venger) ont ainsi connu un réel essor pendant le confinemen­t. Cela s’explique notamment par le fait que les jeunes, ayant vécu une période d’ennui, ont été surexposés à internet sur leur smartphone, seuls dans leur chambre. Pour ESET, entre le dernier trimestre 2019 et le premier trimestre 2020, la catégorie “logiciels espions” sur Android a bondi d’un tiers. Ces logiciels, souvent proposés dans le but légitime de surveiller ses enfants ou des personnes consentant­es, sont détournés de leur usage premier et servent ainsi à espionner un conjoint ou une relation. ‘‘En raison du nombre important de détections, nous avons classé ces logiciels dans une catégorie spécifique, afin de permettre leur identifica­tion de manière plus claire. La très grande majorité de ces derniers sont identifiés de cette façon par les solutions de sécurité. C’est pourquoi nous vous recommando­ns de protéger votre smartphone, même s’il s’agit d’une version gratuite (lien Google play ESET)’’, précise-t-on auprès d’ESET.

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