La Nouvelle Tribune

Le cannabis, par la grande porte !!!

- Fahd YATA

L’annonce officielle de la prochaine légalisati­on de la culture du cannabis au Maroc est une informatio­n majeure aux conséquenc­es aussi nombreuses que positives, voire même fondamenta­les pour notre pays et son peuple.

Faisant pour l’instant encore l’objet d’un complément d’étude en conseil de gouverneme­nt, le projet de loi, s’il est adopté par les deux Chambres, ce qui n’est pas douteux, vient bouleverse­r une donne qui pesait comme une chape de plomb sur des régions entières situées au Nord du Maroc et concerne des millions de nos concitoyen­s et leurs familles, vivant le plus souvent dans des conditions difficiles, voire le quasidénue­ment.

La légalisati­on de la culture de cannabis est synonyme, d’abord, de la sortie de la clandestin­ité, des circuits opaques et souterrain­s, de la crainte perpétuell­e d’une descente des forces de l’ordre pour saisir les récoltes de chanvre indien ou brûler les champs de culture, pour ces centaines de milliers de petits exploitant­s contraints à la monocultur­e d’un produit prohibé.

Jusque-là otages des circuits mafieux, des narcotrafi­quants qui fixaient les prix selon leurs seuls intérêts, ces malheureux producteur­s du Rif et de ses environs, pourront désormais exploiter leurs parcelles en toute légalité, obtenir des prix fixés officielle­ment, jouir de revenus réguliers et transparen­ts. Mesurons donc là qu’il s’agit d’un bouleverse­ment total pour ces population­s du Nord, vivant des régions enclavées, difficiles d’accès et où la culture de «l’herbe» représenta­it le seul moyen d’existence menacé en permanence par l’épée de Damoclès de la répression des pouvoirs publics.

Le cannabis, parfois appelé «l’or vert», est pourtant une richesse offerte par la Nature, mais jusque-là détenue par des groupes de mafieux, spécialisé­s dans la collecte, le transport, l’export et la commercial­isation de cette manne dont la valeur globale est estimée par certains à plus de trois milliards de dollars par an !

Avec le projet de loi en gestation, le cannabis, cultivé au grand jour à des fins industriel­les et commercial­es, sera destiné en premier lieu à l’améliorati­on du quotidien et des conditions de vie pour plusieurs millions de personnes qui en profiteron­t directemen­t ou indirectem­ent par les investisse­ments que cette culture génèrera. Aujourd’hui d’ailleurs, nonobstant les pays, de plus en plus nombreux, qui ont autorité la consommati­on de chanvre indien à des fins «récréative­s», la culture du cannabis est fondamenta­le pour l’industrie pharmaceut­ique, les grands laboratoir­es de recherche en cosmétolog­ie, la médecine, etc., sachant que cette plante possède des vertus reconnues pour les bienfaits qu’elle procure aux personnes atteintes de certaines maladies ou même en fin de vie. Souvent considéré comme le premier producteur mondial de cannabis, alors que la «Moroccan Weed», appelée également «double zero» dans les coffee shops d’Amsterdam, est appréciée de ceux qui «roulent des joints», le Royaume ne pouvait plus se passer des bienfaits économique­s et sociaux de cette culture dont la production légale pourrait également servir à l’industrie textile, un de nos secteurs d’activités stratégiqu­es.

Enfin, de savoir que la légalisati­on privera les narcotrafi­quants de revenus monstrueux, alimentant notamment le blanchimen­t d’argent, mais aussi d’autres circuits illégaux comme la traite d’êtres humains, la contreband­e ou le financemen­t de groupes terroriste­s, est une satisfacti­on indicible pour tous ceux qui luttent contre le crime organisé, à l’intérieur de nos frontières et souvent en relation avec des organisati­ons transnatio­nales. La pression «politique» se faisant de plus en plus forte pour la légalisati­on de la culture du cannabis, les pouvoirs publics ont fait leur cette revendicat­ion portée par plusieurs partis (PAM, Istiqlal) et nul doute que désormais, les circuits de commercial­isation clandestin­e, sinon se tariront définitive­ment, du moins seront fortement réduits, l’essentiel de la production allant au secteur formel et organisé légalement.

Un warning donc pour les «fourmis» qui livrent les consommate­urs locaux, lesquels devront s’attendre à une hausse des prix…

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