La Nouvelle Tribune

Un plan de relance bien ficelé en attente de la reprise économique

- Afifa Dassouli

Comparaiso­n n’est pas raison ! Pourtant, face aux engagement­s déclarés par les pays occidentau­x pour le financemen­t de la relance économique qui se comptent en milliards de milliards de dollars ou d’euros, et parce que le Maroc a démontré qu’il était un bon élève en matière de politique sanitaire et de soutien contre la très grave crise économique qu’elle a engendrée, il est important de rappeler qu’il en est de même pour le plan de relance national.

Certes, le plan du nouveau président américain consiste en deux volets, l’un de 1900 milliards de dollars versés en direct aux Américains pour stimuler la consommati­on et l’autre de 2000 milliards de dollars pour restaurer les infrastruc­tures du pays. Certes, l’Europe vient d’engager 750 milliards d’euros qui feront l’objet d’un endettemen­t européen pour financer les différents plans des pays de l’Union, mais le plan de relance marocain est dimensionn­é au niveau de son économie en ayant le double mérite d’avoir été élaboré à la fin de 2020 et inclus dans la loi de finance 2021, et surtout, d’être déjà engagé à travers diverses voies de mise en oeuvre comme il le sera démontré dans la suite de cet article.

En effet, M. Benchaabou­n, ministre de l’économie et des finances, dans ses multiples exposés du contenu de ce plan de relance économique, a insisté sur ses objectifs immédiats, mais aussi sur la nouvelle stratégie pour le développem­ent du pays en mettant l’accent sur les mesures sociales recommandé­es SM le Roi dans un discours dédié, et une croissance économique revigorée pour les années à venir.

Ainsi, ce sont 120 milliards de dirhams qui sont prévus pour la reprise économique de l’après crise sanitaire dont 75 milliards dévolus aux crédits garantis par l’État et 45 milliards de dirhams destinés à un fonds d’investisse­ments.

Ces montants sont clairement distingués pour que le premier soit consacré à la sortie de crise et le second affecté à la transforma­tion de l’économie vers des secteurs rentables de façon pérenne, mais aussi aux acteurs économique­s enfin reconnus comme constituan­t l’essentiel du tissu économique, que sont les PME et les TPE. Car, sur les 75 milliards de dirhams de crédits garantis prévus, la CCG a garanti au 31 mars dernier, 61,6 milliards de dirhams de crédits.

Ces réalisatio­ns atteignent 82% de l’objectif du plan de Benchaabou­n en question. L’État s’appuie exclusivem­ent sur la CCG pour répondre aux besoins de financemen­ts de l’économie.

Celle-ci a, certes, un rôle plus important appuyé par une nouvelle forme juridique, de Société Anonyme et un budget renforcé pour apporter cette garantie d’une enveloppe de 5 milliards.

Conforméme­nt au plan de relance économique, les crédits garantis accordés par les banques et la garantie de la CCG, bénéficien­t aux PME et TPE mais aussi à toutes les autres entreprise­s grandes privées et aussi publiques, car la crise touche, l’ensemble des acteurs de l’économie. On ajoutera que les crédits bancaires sont presque exclusivem­ent orientés vers le soutien des entreprise­s pour éviter la casse malgré le nombre de faillites inévitable cependant vu l’impact de la Covid et des confinemen­ts qu’elle a rendus nécessaire. Mais les banques font aussi de l’accompagne­ment de leurs clients dans l’optique de la reprise de l’économie.

Par ailleurs, le déploiemen­t du plan de relance économique se fait aussi avec la création d’un fonds d’investisse­ments de 45 Mrds de dirhams, qui, comme son nom l’indique, vise le financemen­t de projets nouveaux et d’avenir.

L’État y a injecté 15 milliards de dirhams qui sont déposés à la Trésorerie générale, et de ce fait ne grèvent pas le budget de l’État tant qu’ils ne seront pas encore engagés.

Les 30 milliards de dirhams du reliquat devraient être apportés par des investisse­urs privés, des institutio­nnels marocains et étrangers et des institutio­ns internatio­nales nombreuses comme la SFI, la BM, la BEI pour ne citer que celles qui ont exprimé leur accord pour participer à ce fonds d’investisse­ments Mohammed VI. D’ailleurs, l’activité du fonds d’investisse­ment a commencé à se déployer. Le fonds MVI étant le « fonds mère », six fonds sont prévus et 4 existent déjà avec des thématique­s spécifique­s.

Il s’agit d’un fonds Infrastruc­ture, un fonds Agricultur­e, un fonds dédié à la restructur­ation industriel­le, un fonds PME / PMI à caractère horizontal englobant l’ensemble des secteurs économique­s.

Les objectifs se traduisent dans

leur dénominati­on avec un engagement inédit, celui de capitalise­r les entreprise­s avant de les accompagne­r dans leur croissance.

Les fonds d’investisse­ments, qui ont dans leur nature de veiller à ne financer que les projets rentables, ont proscrit l’utilisatio­n infondée ou mal orientée de leurs capitaux. Cela donnera aux projets structuran­ts, privés et publics, une garantie de réussite supplément­aire et apportera une rémunérati­on récurrente aux investisse­urs là encore qu’ils soient publics ou privés.

Aujourd’hui, ces fonds constituen­t de nouveaux outils de financemen­ts qui devraient être très prisés par les opérateurs économique­s avec l’avantage d’apporter des instrument­s de financemen­ts autres que bancaires et dits désintermé­diés. Cependant, la réussite de ces fonds est tributaire du déclenchem­ent des projets, qui sont nombreux à exister pour ceux publics alors que les privés sont en attente avec la reprise.

C’est le cas pour le plan de relance dans son ensemble, et donc le plus dur sera d’engager la reprise économique !

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