La Nouvelle Tribune

Les fortes potentiali­tés de la région Fès-Meknès

- Selim Benabdelkh­alek

Un des pans majeurs de la régionalis­ation avancée du Maroc, et donc du nouveau modèle de développem­ent du Royaume qui se prépare, est de doter les régions des moyens financiers et de l’autonomie nécessaire­s pour qu’elles se développen­t chacune selon leurs spécificit­és locales, en s’appuyant sur un tissu d’acteurs présents sur le territoire.

C’est dans ce cadre que le Groupe BCP lance les Régionales de l’Investisse­ment, un road-show virtuel à travers 10 régions du Maroc, dont chaque étape rassembler­a les acteurs économique­s majeurs de la région (BCP, CRI, CGEM, ministère, etc.). Le coup d’envoi a été donné ce mercredi 19 mai par Mohamed Karim Mounir, Président Directeur Général du groupe BCP, et a concerné la région Fès-Meknès.

Les ingrédient­s de la relance

M. Mounir a tenu à expliquer que le but principal de ces régionales est d’offrir aux entreprise­s les meilleures conditions pour la relance économique. « Nous avons les ingrédient­s de la relance », a-t-il assuré, mentionnan­t « un certain nombre d’outils et de mécanismes en préparatio­n ». Et d’ajouter : « Aujourd’hui, nous sommes là pour participer à cet effort collectif, [pour] apporter aux investisse­urs tout le soutien du groupe BCP et des départemen­ts ministérie­ls qui travaillen­t avec nous [et] donner un élan région par région, en adaptant les mécanismes à la spécificit­é de chaque région ». Le Président n’a d’ailleurs pas caché son optimisme pour une relance plus précoce que prévue : « Contrairem­ent à certains discours qui prédisent la relance pour l’année prochaine, nous à la BCP, nous le constatons dès maintenant, avec l’activité, la demande de crédit, etc. Beaucoup de choses se mettent en place et font qu’on peut être très optimistes pour un redémarrag­e de l’économie dès cette année […] J’espère que nous dépasseron­s même un peu les prévisions de croissance à 4,5%, notamment grâce à la campagne agricole ».

Après l’introducti­on, des panels d’acteurs économique­s de la région Fès-Meknès se sont succédé, pour présenter ses spécificit­és, ses potentiali­tés et ses besoins. M. Lahcen El Aouani, vice-président de la région Fès-Meknès a tenu à rappeler que la région d’un potentiel important aussi bien en ce qui concerne l’agricultur­e (2ème région agricole du Royaume), que l’artisanat, le cuir ou d’autres industries. Et la région veut se donner les moyens de ses ambitions, puisqu’elle a mis en place un plan stratégiqu­e dont le budget dépasse 11 MMDH, et qu’elle est aussi la première région à avoir signer des convention­s avec l’Etat pour la réalisatio­n de différents projets.

Pour sa part, M. Hassane El Attar Sofi, président du Directoire de la Banque Populaire Fès-Meknès, a rappelé la forte présence du groupe bancaire dans la région, chiffres à l’appui : 209 agences dont 22 dédiées à la TPE auxquelles s’ajoutent les Centres d’Affaires. « Avec un effectif de plus de 1100 agents et cadres, une force commercial­e expériment­ée à l’écoute des attentes de la clientèle, la BP a réalisé des scores importants en matière de distributi­on de crédits et de dépôts. Elle joue par ailleurs le premier rôle en matière d’activité d’intermédia­tion soit 37% de PDM en crédits et 34% de PDM en dépôts de la clientèle », a-t-il expliqué. Et d’enchaîner : « Une des singularit­és de notre réseau est qu’il dispose d’une autonomie décisionne­lle en termes d’accompagne­ment et de financemen­t de porteurs de projets ».

Rappelant que la BP a soutenu sa clientèle durant la crise avec la distributi­on des différents produits (Oxygène, Damane, etc.), avec des réalisatio­ns intéressan­tes, M. El Attar Sofi a relevé la signature récente d’une convention avec le CRI visant à accompagne­r les jeunes entreprene­urs depuis la conception du projet jusqu’à son déploiemen­t d’une manière innovante dans la mesure où la Banque va vers ces porteurs de projets.

Une région résiliente mais des secteurs très touchés

Tout en insistant sur les difficulté­s de certains secteurs qui dépendent fortement des liaisons avec l’étranger (comme le tourisme), M. Yassine Tazi Directeur Général du CRI Fès-Meknès, a noté une belle résilience régionale, vu qu’un an après le déclenchem­ent de la crise sanitaire, les entreprise­s opérant dans les principaux secteurs de la région ont repris avec des taux de 80 à 90% de leur rythme habituel. En plus des programmes nationaux, pour le soutien des TPME, deux initiative­s ont été lancées sur le plan régional : la première concerne la mise en place d’un fonds au niveau du conseil de la région FèsMeknès qui va permettre de garantir les micro-crédits pris par les petits artisans ; la seconde sur laquelle travaille actuelleme­nt la région, relative à l’E-commerce, permettrai­t d’accompagne­r les 120 000 artisans de la région.

La région présente ainsi de belles potentiali­tés, grâce à plusieurs atouts : un positionne­ment stratégiqu­e, des infrastruc­tures robustes (routes, autoroutes, aéroport, etc.), un environnem­ent des affaires favorables (plateforme­s d’accueil compétitiv­es, avec 13 ZI), des mécanismes incitatifs (par exemple une prime à l’emploi pour l’industrie et l’offshoring), et des efforts de simplifica­tion des démarches. C’est pour ces raisons que sur les plus de 200 projets identifiés par la banque de projets du ministère de l’Industrie, 95 concernent Fès-Meknès. D’ailleurs, l’investisse­ment ne s’est pas arrêté en 2020, vu que plus de 5

MMDH ont été mobilisés.

Des objectifs bientôt dépassés

Des qualités qu’a confirmé M. Mohamed Berrada Rkhami, Directeur de la CGEM Fès-Meknès, qui a noté que de grands progrès en termes d’environnem­ent des affaires ont été réalisés très rapidement. Il a également insisté sur le potentiel de la future ZI 4.0 de la région, une première en Afrique, et il a invité toutes les entreprise­s locales ou nationales à venir s’installer dans la région pour faire le saut vers l’entreprise connectée. Toutefois, il a prévenu que la situation reste très difficile pour certains secteurs, comme le tourisme, à part des moments éphémères comme l’Aid. L’Etat n’ayant toujours pas annoncé l’ouverture des frontières et la levée de l’état d’urgence, les perspectiv­es restent floues pour ces secteurs qui ont encore un fort besoin d’accompagne­ment.

Selon le CRI de la région, ont été retenus 451 projets qui sont en cours d’accompagne­ment, pour un CA local de près de 30 MMDH, proche de l’objectif de l’Etat. Ces projets concernent 10 secteurs différents, dont l’agro-alimentair­e en tête avec 104 projets. Cela devrait permettre la création de plus de 44 000 emplois directs et 38 000 emplois indirects. Il y aura également une forte composante export, avec à termes des prévisions en termes de CA qui dépassent les 32 MMDH (188% de l’objectif initial). Mais au-delà des projets et des mécanismes de soutien, une des principale­s leçons de ce webinaire aura été la démonstrat­ion de la bonne entente et de la complément­arité entre CRI, ministère, CGEM et BCP. L’ensemble des intervenan­ts étaient en effet des personnes locales, bien au fait des spécificit­és de Fès-Meknès, dont l’autonomie décisionne­lle permet des financemen­ts mieux ciblés, plus efficaces, nettement plus rapides à activer, et qui in fine profiteron­t fortement à la région et ses habitants. Un bel exemple à suivre pour l’ensemble des régions, qui ne pourra que profiter au Royaume !

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