La Nouvelle Tribune

Les banlieues de Casablanca sous très haute surveillan­ce

- Hassan Zaatit

Il y a plus d’une année, quelques mois avant le confinemen­t, le ministre de l’Intérieur Abdelouafi Laftit fut l’invité de la CGEM à Casablanca. Dans son interventi­on et devant un parterre d’acteurs économique­s du pays, ce dernier n’avait pas fait dans la dentelle, déclarant de la manière la plus catégoriqu­e, particuliè­rement à l’adresse de la FNPI, que la nouvelle génération des CRI ne donnerait plus de dérogation aux promoteurs immobilier­s : «Dans le passé, les CRI sont devenus de simples machines fabriquant des dérogation­s. Cela ne se reproduira plus jamais, car ce n’est pas la mission principale des CRI, qui ne donneront plus de dérogation­s pour l’immobilier dans le but de se consacrer plus à l’investisse­ment productif», avait-t-il fait savoir, tout en soulignant que dorénavant, le foncier public se trouvant dans les périphérie­s des villes serait exclusivem­ent consacré à l’investisse­ment industriel. Et de poursuivre que : «Par ailleurs, tous les terrains publics qui se trouvent dans le périmètre des grandes villes, souvent plébiscité­s pour des projets immobilier­s, seront réservés exclusivem­ent à des investisse­ments productifs notamment pour l’établissem­ent des zones industriel­les». Comme Laftit, le ministre de l’Economie et des Finances Mohamed Benchaâbou­n, avait indiqué dans le même cadre qu’il préférait se focaliser sur l’acte d’investir d’un acquéreur de logement et le rendre solvable, au lieu de soutenir le secteur immobilier dans sa production du Social.

Après plus d’une année déjà et profitant apparemmen­t de la période de crise sanitaire liée à la Covid-19, la mafia du foncier s’est livrée à d’autres pratiques pour accaparer les quelques terrains restants dans les zones rurales de la périphérie de la capitale économique. Des autorisati­ons de construire qui auraient été accordées à des fins d’exploitati­on agricole se sont transformé­es, sur le terrain, en villas de luxe avec jardins et piscines dans les environs de Casablanca, Rabat et Mohammedia, avec bien entendu la bénédictio­n et la complicité des autorités locales, selon des médias de la place. Le politique, serait, lui aussi impliqué dans la mesure où il a été constaté que la cadence des autorisati­ons douteuses a été accélérée en cette période préélector­ale.

Pour y faire face, des sources indiquent que l’Intérieur a mobilisé ces derniers temps ses services pour enquêter sur toutes ces autorisati­ons de construire en violation totale des règles d’urbanisme dans la banlieue de Casablanca.

On apprend aussi que ladite Commission de l’Intérieur compte superviser avec les autorités locales les constructi­ons clandestin­es implantées à Nouaceur, Dar Bouaza, Bouskoura et dans d’autres zones de la banlieue de la capitale économique. Au menu aussi, des enquêtes sur des zones industriel­les constituée­s d’entrepôts anarchique­s dans un certain nombre d’espaces, atteignant même les portes de l’aéroport Mohammed V.

Selon les mêmes sources, des instructio­ns strictes ont été données par l’Administra­tion Centrale pour déterminer les responsabi­lités et les personnes impliquées dans des éventuels délits d’urbanisme, d’autant plus que l’équipe d’enquête dispose de cartes et de photos aériennes de zones situées sur les territoire­s de Nouacer et de Mediouna depuis des années, et des photos aériennes récentes montrant des bâtiments aléatoires appartenan­t à des élus. Par rapport à toutes ces constructi­ons hors-la-loi, certains responsabl­es politiques et publics seraient dans le viseur de l’Intérieur, qui serait en train de mener une véritable opération mainpropre contre cette mafia de l’immobilier qui ne cesse d’amasser une fortune entachée de corruption et de Fassad. Et on ne le dira pas assez : un jour, ce ri à base de manoeuvres et de complicité entre élus, autorités publiques et bien d’autres agents d’Etat et Moulchouka­ra devrait s’arrêter. Car trop, c’est trop.

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