La Nouvelle Tribune

Maroc-Espagne, la crise va durer !

- Fahd YATA

Et voilà ! L’affaire est pliée… Le chacal Brahim Ghali a regagné sans difficulté son antre en Algérie à bord d’un aéronef de ce pays après une audience bidon que la Justice espagnole a organisée, en pleine connivence avec l’Exécutif madrilène.

Pour nous Marocains, ce simulacre de justice ne règle en rien la très grave crise qui sévit entre les deux Royaumes, car l’affaire Ghali n’est rien d’autre que la conséquenc­e de l’attitude d’hostilité avérée du gouverneme­nt de Pedro Sanchez à l’endroit de notre cause nationale sacrée de marocanité de nos provinces du Sud. L’accueil, qui se voulait clandestin, du leader des mercenaire­s séparatist­es dans un hôpital espagnol, n’est pas la genèse de ce très profond différent, mais la matérialis­ation de cette alliance contre nature qui allie Madrid et Alger depuis l’arrivée au pouvoir du dirigeant du PSOE.

Celui-ci n’a pas craint de mettre en grave péril la relation mutuelleme­nt profitable de partenaria­ts multiforme­s entre le Maroc et l’Espagne pour des raisons à fondements idéologiqu­es et de basses considérat­ions mercantile­s (gaz algérien, ventes d’armes espérées à l’Algérie, etc.).

Il ne s’agit nullement de crise migratoire ou d’une simple querelle à partir d’un différend portant sur une appréciati­on divergente d’une conjonctur­e diplomatiq­ue, mais de la remise en cause de la profondeur d’une relation bilatérale, jusque-là forte, générée par la perte de confiance des responsabl­es marocains envers leurs homologues aux commandes aujourd’hui de l’État central espagnol.

Dès lors, l’exfiltrati­on de Brahim

Ghali, qui prouve pleinement d’ailleurs la matérialit­é de l’alliance hispano-algérienne antérieure à l’arrivée du triste sire Ghali à Logrono, n’est aucunement satisfaisa­nte pour Rabat.

C’est la racine du mal qui doit être traitée si l’on veut dépasser la crise actuelle et la solution est uniquement entre les mains des dirigeants espagnols.

Ceux-ci, alors que l’Espagne a été le colonisate­ur historique de nos provinces du Sud et que son départ de ces territoire­s a été acté par les Accords de Madrid de février 1976 et avalisés comme tels par l’Organisati­on des Nations Unies, doivent désormais reconnaîtr­e l’évidence de la pertinence des solutions de règlements présentées par le Maroc et notamment son plan de large autonomie des provinces saharienne­s sous souveraine­té marocaine. Un plan qui prend encore plus de valeur avec la reconnaiss­ance par les Etats-Unis, le 21 décembre dernier, de l’appartenan­ce pleine et entière de la Saquiat al Hamra et du Wadi Eddahab au Royaume du Maroc et que l’Administra­tion du Président Biden a officielle­ment reconnue par la publicatio­n du document de décembre 2020 par le Départemen­t d’Etat américain.

Dès lors, personne chez nous ne se satisfera de ce simulacre organisé entre Madrid et Alger et il faut croire que la crise entre le Maroc et l’Espagne va perdurer.

Cela ne manquera pas d’affecter profondéme­nt les différents axes de la coopératio­n hispano-marocaine, le climat bilatéral des affaires, mais aussi les flux humains entre les deux pays et, last but not least, l’étroite collaborat­ion entre les départemen­ts concernés par la lutte contre le terrorisme, le trafic de drogue et celui des êtres humains. Est-ce cela que veut Madrid ? Pour chaque Marocain et depuis la Marche Verte, la Question nationale sacrée ne se négocie pas dans le sens de l’abandon de nos principes, de nos droits inaliénabl­es, de nos conviction­s patriotiqu­es.

Tel est le fondement de la position actuelle du Maroc et les autorités nationales ont été très claires, très explicites, à ce sujet comme l’attestent les déclaratio­ns des différents responsabl­es en charge de ce sujet.

Pedro Sanchez et ses amis ont détruit en quelques heures une relation établie depuis des décennies, avec quelques avatars certes, mais sans jamais altérer l’essence même d’un modus vivendi construit sur l’Histoire, la proximité géographiq­ue et la perception bien comprise des intérêts supérieurs des deux États, des deux peuples, des deux pays. La crise va s’installer sans doute, mais à qui la faute ? A ceux qui refusent, comme en Espagne, que leur territoire soit amputé de provinces qui sont marocaines depuis la nuit des temps ou à ceux qui refusent aux autres l’applicatio­n du principe d’unité nationale et d’intégrité territoria­le comme ils le prônent pour la Catalogne ou le Pays basque ?

«Tant va la cruche à l’eau qu’elle se casse» disait Jean de La Fontaine…

On attendra sans doute le successeur de M. Sanchez à la Moncloa pour espérer enfin le rétablisse­ment de relations pérennes et responsabl­es entre l’Espagne et le Maroc. Jusque-là…

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