Le Semis Direct, une technique innovante qui commence à faire ses preuves
Aujourd’hui plus que jamais, face aux changements climatiques et à la rareté des précipitations, il est nécessaire de se pencher sur des modèles territoriaux de transition agroécologique de l’agriculture qui puissent mettre à l’échelle des mesures variées et complémentaires d’adaptation. C’est dans ce cadre qu’Al Moutmir a lancé en octobre 2019, en partenariat avec l’Institut National de la Recherche Agronomique (INRA) et l’Université Mohammed VI Polytechnique (UM6P), son offre de semis direct avec le concours de plusieurs associations et coopératives agricoles à l’échelle nationale.
Concrètement, avec un cumul de plus de 29 000 ha réalisés en semis direct durant les deux campagne 2019-2020 et 20202021, les agriculteurs adhérents au programme Al Moutmir de semis direct auraient contribué en principe à une séquestration de plus de 4350 T supplémentaires de carbone, sachant que la séquestration est plus importante lors des premières années d’adoption du système. Les résultats se veulent fort prometteurs pour la phase 2 du programme national de semis direct, soit une amélioration de +23% du rendement biologique et +18,3% du rendement en grains des plateformes semis direct par rapport au conventionnel
Pour la saison 2020-2021, le programme de semis direct Al Moutmir a couvert plus de 18 500 ha réalisés en semis et plus de 700 plateformes de démonstration installées et ce au niveau de plus de 100 localités dans 23 provinces. Le programme a couvert différentes zones agro-climatiques (Bour Défavorable, Bour Intermédiaire, Bour Favorable, Bour Favorable Supérieur et Montagne). Plus de 40 Organisations Professionnelles Porteuses et plus de 3500 agriculteurs ont bénéficié du programme. Le programme a couvert les principales cultures annuelles pratiquées dans notre pays, à savoir les céréales en premier lieu, les légumineuses et aussi d’autres cultures à fort potentiel comme les oléagineuses notamment le colza dont plus de 2000 ha ont été réalisés en semis direct dans les provinces de Sidi Kacem, Meknès, El Hajeb, Midelt, et Khénifra.
Les rendements biologiques moyens ont été plus importants au niveau des plateformes de semis direct, dépassant 13 000 kg MS/ha en zones favorable et favorable supérieur avec une amélioration de 22% en moyenne au niveau national par rapport au conventionnel. Quant aux rendements en grains, la moyenne est de 4 102 kg/ha en semis direct contre 3 467 kg/ha, soit une amélioration de +18,3%. “Ainsi, le système semis direct confirme, en plus de sa résilience face aux aléas du climat, son efficacité à tous les niveaux et à différentes conditions pédoclimatiques. Il représente, parmi d’autres, une solution efficace pour améliorer et stabiliser les rendements, réduire les coûts de production et préserver les ressources”, dit-on auprès des spécialistes d’Al Moutmir. Et d’ajouter qu’en plus de l’amélioration des rendements biologiques et en grains, dès les premières années de son adoption le semis direct permet de réduire les coûts de production, du travail du sol (800 à 1400 Dh/ha), l’épandage d’engrais (200 à 300 Dh/ha), la dose de semis : (200 à 300 Dh/ha). Ce système contribue, donc à améliorer donc le revenu des agriculteurs. En effet, l’élimination des charges dédiées aux travaux de labour et de préparation de lit de semis et la réduction des doses de semis permet d’économiser de 800 à 1300 DH/ha. Avec le gain généré par l’amélioration des rendements, permet d’augmenter la marge de bénéfice (entre 2500 et 3000 DH/ha en moyenne pour les deux campagne 2019-2020 et 2020-2021). Pour Al Moutmir, le programme de semis direct OCP a été pensé et mis en oeuvre dans le cadre d’une approche participative fédérant plusieurs acteurs: associations et coopératives, experts scientifiques, experts de l’agriculture de conservation, industriels : “Les semoirs ont été mis à la disposition des coopératives qui se sont chargées de déployer le programme selon un cahier des charges établi et en coordination avec les ingénieurs agronomes Al Moutmir. Cette dynamique a impacté positivement la relation «agriculteur» et «communauté» et a stimulé la prise de décision collective”.