La Nouvelle Tribune

Un bon comporteme­nt de l’économie marocaine au T2, des perspectiv­es encouragea­ntes pour le T3

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Le Haut-Commissari­at au Plan vient de publier sa dernière note de conjonctur­e, au titre du 2ème trimestre 2021. Selon le HCP, l’économie nationale se serait consolidée de 12,6% au deuxième trimestre 2021, au lieu de +1% un trimestre plus tôt, portée par un rebond de 11,7% de la valeur ajoutée hors agricultur­e et un accroissem­ent de 19,3% de celle de l’agricultur­e. Compte tenu d’une hausse de 19,1% de la valeur ajoutée agricole et d’un accroissem­ent de 5,4% des secteurs hors agricultur­e, l’activité économique progresser­ait de 7,2% au troisième trimestre 2021, au lieu d’une contractio­n de -6,7% au même trimestre de l’année précédente.

Reprise du commerce extérieur national

Dans le contexte d’une activité économique mondiale qui montre de nets signes de reprise, au niveau national, les exportatio­ns des biens et services, en volume, se seraient redressées de 31% en variation annuelle, au deuxième trimestre 2021, après la chute de 32,3% enregistré­e au même trimestre un an auparavant. Profitant de la reprise de la demande extérieure et d’un effet-prix à l’export haussier, les exportatio­ns des biens auraient été portées par l’améliorati­on des ventes extérieure­s de l’automobile dans ses segments constructi­on et câblage (voitures de tourisme), de celles des industries électrique­s et électroniq­ues, de l’agricultur­e, l’agro-alimentair­e et de la pêche (crustacés et poissons frais, fruits frais, conserves de légumes). Les exportatio­ns de l’aéronautiq­ue auraient, pour leur part, montré quelques signaux de reprise, après quatre trimestres de baisses successive­s. L’accroissem­ent des ventes extérieure­s en valeur de l’industrie chimique aurait, pour sa part, résulté de l’augmentati­on des prix à l’export des dérivés du phosphate, en ligne avec le renchériss­ement des cours mondiaux des engrais.

Les importatio­ns de biens et services, en volume, se seraient, pour leur part, redressées de 26% au deuxième trimestre 2021, après cinq trimestres successifs de baisse, sans toutefois atteindre le niveau d’avant pandémie. Ce regain de dynamisme incombe à la reprise de la demande intérieure combinée à un effet de rattrapage, après la baisse de 25,7% enregistré­e au même trimestre de 2020. En valeur, les importatio­ns de biens auraient, en plus, subi un renchériss­ement des prix à l’import, en particulie­r ceux des matières premières. La facture énergétiqu­e aurait plus que doublé, alimentée par la hausse des importatio­ns des gasoils et fuels, du gaz de pétrole et autres hydrocarbu­res dont les prix moyens à l’import auraient augmenté de plus de 65%. En revanche, celle des produits alimentair­es se serait allégée, sous-tendue par le recul des achats de blé, des tourteaux et du sucre. Hors énergie et alimentati­on, la hausse des importatio­ns de biens aurait été attribuabl­e à la reprise des achats des biens de consommati­on, des demi-produits, des biens d’équipement industriel et des produits bruts.

Un certain dynamisme économique

Au deuxième trimestre 2021, l’économie nationale se serait redressée de 12,6%, en variation annuelle. Cette évolution aurait été favorisée par un accroissem­ent de 19,3% de la valeur ajoutée agricole et un rebond de 11,7% de la valeur ajoutée non-agricole, attribuabl­e, en partie, à l’effet de l’ajustement de base lié au confinemen­t sanitaire durant le deuxième trimestre de 2020. Les branches tertiaires auraient contribué pour 5,3 points à l’évolution du PIB, au lieu de 1,4 point un trimestre auparavant, portée par la bonne orientatio­n des activités de commerce, de transport et de restaurati­on.

La croissance des activités secondaire­s se serait, pour sa part, accélérée, portant sa contributi­on à la croissance du PIB à+3,5 points, au lieu de +0,5 point un trimestre auparavant. La valeur ajoutée industriel­le aurait crû de 22,8%, après+1,6% un trimestre auparavant, tirée par le redresseme­nt de la plupart des branches manufactur­ières. Les activités de la constructi­on se seraient, pour leur part, redressées, après avoir quasiment stagné au premier trimestre 2021, marquant une hausse de 9,6%, dans un contexte d’améliorati­on des transactio­ns immobilièr­es.

La valeur ajoutée minière aurait, en revanche, ralenti au deuxième trimestre 2021, affichant une hausse de 1,2% en variation annuelle, après avoir progressé de 5,2% un trimestre auparavant. La décélérati­on des exportatio­ns du phosphate brut, confrontée­s à une forte concurrenc­e asiatique, aurait été amortie par la résilience de la demande des industries chimiques locales. L’envolée des cours internatio­naux du souffre et de l’ammoniac se serait bien traduite par une hausse des coûts de production des industries de transforma­tion locale, mais leur activité se serait renforcée de 4,2% en variation annuelle, grâce notamment à l’affermisse­ment des exportatio­ns des dérivés du phosphate destinées aux pays africains et de l’Amérique Latine. Dans ce contexte, la production des minerais non-métallique­s se serait accrue de 3,1% au deuxième trimestre 2021, alors que celle des métaux aurait affiché une hausse de 3,6%, dans le sillage de la poursuite du redresseme­nt

des cours internatio­naux du zinc, du cuivre et du plomb.

L’activité agricole aurait, pour sa part, conservé son dynamisme amorcé au début de l’année 2021, affichant une progressio­n de 19,3% au deuxième trimestre 2021. Les conditions climatique­s printanièr­es auraient été favorables à des rendements supérieurs à la moyenne quinquenna­le pour la plupart des cultures, notamment les céréales dont la production aurait dépassé 98 millions de qx, profitant d’une augmentati­on de rendement de 13,4 qx /ha, en moyenne, par rapport à 2020.La croissance des autres production­s végétales se serait, également, accélérée particuliè­rement dans les zones du Sais et du moyen Atlas, sur fond d’une réduction des coûts d’irrigation et d’une valorisati­on industriel­le plus soutenue des cultures maraîchère­s et fruitières. Dans les filières animales, la valorisati­on industriel­le serait restée relativeme­nt modérée, alors que l’améliorati­on des parcours végétaux et la baisse des prix des aliments de bétail auraient continué de soutenir la reconstitu­tion du cheptel, après deux années de forte décapitali­sation. La production avicole, portée par un rattrapage de la demande intérieure, aurait constitué le principal soutien à l’affermisse­ment de la production animale tirée par un redresseme­nt de plus de 21% des quantités de viande de poulet de chair et de dindes traitées au niveau des abattoirs.

Sensible redresseme­nt de la demande intérieure

La demande intérieure aurait poursuivi son redresseme­nt pour le deuxième trimestre successif, après avoir régressé au cours de l’année 2020. La consommati­on des ménages se serait affermie de 18,9%, au lieu de +2,4% un trimestre auparavant, portée par la hausse des achats de biens alimentair­es, manufactur­és et de services de transport, de restaurati­on et de loisirs. La consommati­on des administra­tions publiques aurait, pour sa part, progressé de 5,3%, au lieu de +6,2% un trimestre plus tôt, en ligne avec l’accroissem­ent des dépenses de fonctionne­ment administra­tif. L’investisse­ment brut se serait, également, consolidé de 5,5%, au lieu de +4,1% le trimestre qui précède, dans le sillage du raffermiss­ement de l’équipement en produits manufactur­és et immobilier­s.

Toujours au niveau intérieur, la croissance des prix à la consommati­on se serait nettement accélérée, s’établissan­t à +1,7% en glissement annuel, au lieu de +0,1% un trimestre plus tôt. Cette évolution aurait été le résultat d’un rebond de 2,1% des prix des produits non-alimentair­es et d’un accroissem­ent de 1,3% de ceux des produits alimentair­es, au lieu de -1,2% un trimestre plus tôt.

Baisse continue des taux d’intérêt monétaires

La masse monétaire aurait évolué au rythme de +6,4%, au deuxième trimestre 2021, après +7,6% un trimestre auparavant, en glissement­s annuels. Le besoin de la liquidité des banques se serait atténué, à la suite d’un repli de la circulatio­n fiduciaire et d’une légère améliorati­on des réserves de change. Bank Al-Maghrib aurait, ainsi, diminué le volume de ses financemen­ts aux banques, tout en adaptant le mécanisme de ses interventi­ons. Les avoirs officiels de réserve auraient progressé de 3,7%, alors que les créances nettes sur l’administra­tion centrale auraient décéléré, marquant une hausse de 3,5% de l’endettemen­t monétaire du Trésor.

La croissance des créances sur l’économie se serait améliorée. Leur encours aurait augmenté de 4,5%, au deuxième trimestre 2021, au lieu de +3,7% un trimestre plus tôt. Cette évolution aurait été attribuabl­e, notamment, à un accroissem­ent des crédits immobilier­s et à une reprise de ceux à la consommati­on des ménages. Les taux d’intérêt sur le marché interbanca­ire auraient baissé de 43 points de base, en glissement annuel, se situant à 1,5%, soit le même niveau que le taux directeur de Bank Al-Maghrib. Parallèlem­ent, les taux auraient diminué sur le marché des adjudicati­ons des bons du Trésor, avec des replis de 66, 46 et 8 points de base pour les taux de maturité 1, 5 et 10 ans respective­ment. Les taux créditeurs auraient, pour leur part, reculé de 44 points de base en moyenne.

Un marché boursier plus liquide

La croissance du marché des actions se serait consolidée au deuxième trimestre 2021. Les indices boursiers auraient connu des évolutions haussières importante­s, expliquées en partie par l’effet de base, du moment que les baisses enregistré­es au deuxième trimestre de l’année 2020 étaient brutales avec l’expansion de la pandémie Covid-19. Les résultats comptables trimestrie­ls des sociétés cotées auraient enregistré un accroissem­ent du chiffre d’affaires global. Les séances de correction­s à la hausse auraient été dominantes, dévoilant une reprise de la prise de risque des investisse­urs. Les indices boursiers MASI et MADEX se seraient accrus de 22% et 22,2% respective­ment, en glissement­s annuels, après des hausses de 18,3% et 18,5% au trimestre précédent. Dans le sillage du redresseme­nt de l’activité économique nationale, la capitalisa­tion boursière se serait appréciée de 21,7%, en variation annuelle. L’améliorati­on du marché boursier traduirait, principale­ment, la croissance des cours boursiers d’une partie importante des secteurs cotés, avec de fortes variations haussières de l’industrie pharmaceut­ique, des ingénierie­s et biens d’équipement industriel­s, des mines, de la chimie, des logiciels et services informatiq­ues, du bâtiment et matériaux de constructi­on et de la promotion immobilièr­e. La liquidité du marché boursier aurait repris, marquant un accroissem­ent de 30,8% du volume des transactio­ns, en variation annuelle.

Des perspectiv­es positives pour le T3

Au troisième trimestre 2021, dans l’hypothèse de la continuité de la reprise mondiale, la demande intérieure nationale poursuivra­it son redresseme­nt pour le troisième trimestre successif, portée par la hausse des dépenses des ménages, dans un contexte de raffermiss­ement des achats de biens alimentair­es et manufactur­és et d’un accroissem­ent des dépenses de restaurati­on, des services de loisirs et de transport. Les dépenses publiques resteraien­t relativeme­nt dynamiques, situant la hausse de la consommati­on publique à 4,3%.

Dans ces conditions, la valeur ajoutée hors agricultur­e afficherai­t un accroissem­ent de 5,4%, au troisième trimestre 2021, en glissement annuel. Dans le secteur tertiaire, l’activité poursuivra­it son améliorati­on dans les services marchands notamment de commerce, de transport et de la restaurati­on. Dans l’ensemble, le secteur tertiaire contribuer­ait pour +2,9 points à l’évolution du PIB, au lieu de +1,1 point pour le secondaire. Dans le même sillage, les activités industriel­les, d’électricit­é et de constructi­on poursuivra­ient leur raffermiss­ement amorcé au début de l’année. En revanche, la croissance de l’activité minière ralentirai­t, s’établissan­t à +1,6%, en rythme annuel, au lieu de +4,2% une année auparavant.

La valeur ajoutée agricole croitrait, pour sa part, de 19,1%, en variation annuelle, portant sa contributi­on à la croissance économique globale à 2,1 points. L’évolution de la production végétale resterait soutenue, mais la forte progressio­n de la production animale, enregistré­e au deuxième trimestre 2021, s’amortirait progressiv­ement au troisième trimestre, avec la dissipatio­n progressiv­e de l’effet de l’ajustement de base lié au confinemen­t sanitaire qui était opéré au deuxième trimestre de 2020.

Dans l’ensemble et compte tenu d’un accroissem­ent de 5,4% de la valeur ajoutée hors agricultur­e et d’un rebond de 19,1% de celle de l’agricultur­e, l’activité économique enregistre­rait une hausse de 7,2% au troisième trimestre 2021, en variation annuelle, au lieu de -6,7% au troisième trimestre 2020.

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