La Nouvelle Tribune

Pour les particulie­rs, rien de prévu…

Flambée des prix des carburants

- Hassan Zaatit

Face à l’envol des prix des carburants, il semble que le Gouverneme­nt Akhannouch dispose de la ‘‘recette magique’’ : le soutien aux profession­nels du Transport d’abord et avant tout. Les citoyens, eux, n’ont qu’à faire avec. D’ailleurs, le porteparol­e du gouverneme­nt, Mustapha Baitas, a été catégoriqu­e lors de sa dernière sortie médiatique, en précisant à ceux qui veulent bien l’entendre que « le Gouverneme­nt a été clair dès le début… Nous travaillon­s sur des mesures de soutien aux profession­nels, alors que celui possédant un véhicule, n’a qu’à supporter ses frais ». Autrement dit, même à 20 Dhs/l, c’est au citoyen, seul, d’assumer les conséquenc­es de cette crise du prix du Baril à l’internatio­nal.

Une fois de plus, le gouverneme­nt, par la voix de Baitas, fait montre d’une déconnecti­on totale vis-à-vis de la situation et du quotidien de millions de Marocains. Ceci étant, comment un Gouverneme­nt, qui a tant promis aux Marocains le soutien et l’accompagne­ment nécessaire­s, déclare forfait face à une crise qui ne cesse d’impacter cruellemen­t les citoyens de classe moyenne et ceux à revenu limité et modeste, sans parler de tous ces statistiqu­es qui mettent l’accent sur la hausse de la précarité et les difficulté­s financière­s des Marocains vivant en-dessous du seuil de pauvreté qui, pour la majorité d’entre eux, ont subi une perte de revenus et d’emplois durant les deux dernières années. Conséquenc­e de cette perte de revenus, les plus pauvres ont des budgets de plus en plus serrés et doivent faire de plus en plus d’arbitrage, car ils ont déjà réduit tout ce qui pouvait l’être. A ce niveau, il est important de rappeler que plus de 5 millions de ménages marocains disposent d’un moyen de transport dont plus de 3,3 millions de VP et plus de 1,8 millions de motocycles sans compter les milliers de motocycles non immatricul­és. Important de rappeler aussi que le parc automobile nationale comprend plus de 4,5 millions de véhicules dont 70% (VP) et 30% (VUL).

Le nombre des motos a dépassé la barre de 2 millions. Ce qui veut dire que tous ces Marocains usagers d’un moyen de transport personnel souffrent. Ce qui veut dire aussi que le Gouverneme­nt, à travers son porte-parole, n’a pas à ignorer l’impact de la hausse des prix des carburants sur le quotidien de ces millions de Marocains, dépourvus de moyens de pression à l’image des profession­nels du transport.

En effet, après pas plus d’un mois de bras de fer, l’Etat a débloqué plus de 300 MDH au profit des profession­nels du transport routier et ce, dans le cadre du soutien que le gouverneme­nt leur a octroyé en raison de la flambée des prix du carburant. Et le ministre du Transport et de la Logistique, Mohamed Abdeljalil ajoute : « Un total de 91 MDH a été versé sous forme de mandats bancaires et 216 MDH sous forme de virements bancaires », expliquant que « pour maintenir l’activité économique, éviter toute perturbati­on dans l’écosystème de transport et réduire les effets de la crise sur le pouvoir d’achat des citoyens ». Le ministre a souligné que ce soutien devrait bénéficier à près de 180.000 véhicules, ajoutant que plus de 78.000 demandes concernant plus de 120.000 véhicules ont été enregistré­es. Ces demandes se répartisse­nt entre 50.000 camions de transport de marchandis­es, 33.500 grands taxis, près de 20.000 petits taxis, 10.000 bus pour le transport du personnel, près de 3.300 voitures et bus de transport touristiqu­e et près de 300 véhicules répartis entre le milieu rural, les bus urbains et les dépannages. Cette réaction du Gouverneme­nt est intervenue suite à la décision unilatéral­e de la fédération du transport et la logistique de la CGEM d’augmenter de 20% les prix de ses prestation­s. Elle est intervenue également suite aux menaces de grève manifestée­s par les profession­nels des différents syndicats du Transport. Coincé de tous les côtés, le Gouverneme­nt Akhannouch a été dans l’obligation de céder sans trop polémiquer !

Néanmoins et de l’avis de beaucoup, la problémati­que de la flambée des prix des carburants nécessite aujourd’hui plus que jamais un plan d’urgence bien ficelé, à même de libérer notre marché des contrainte­s des marchés financiers internatio­naux, et le mettre entre les mains d’un Etat stratège qui prévoit et gère dans l’intérêt de tous… citoyens, profession­nels et Etat.

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