La Nouvelle Tribune

Le chômage des jeunes du monde rural, parent pauvre des politiques publiques…

- H.Z

Une analyse du Policy Centre For The New South essaie d’apporter des eclairages sur le chomage des jeunes en milieu rural en faisant recours aux resultats d’une enquete menee dans la province de Taounate. Les differente­s analyses developpee­s dans ce papier temoignent du faible niveau de qualificat­ion et de participat­ion des jeunes et des femmes a la vie active en milieu rural, ainsi que de la vulnerabil­ite au travail et de la faible qualite des emplois occupes par ces jeunes ruraux, particulie­rement les femmes.

Les données recueillie­s dans le cadre de l’enquête sur l’emploi des jeunes en milieu rural dans la province de Taounate ont permis d’apporter des éclairages sur les différents aspects relatifs à la participat­ion des jeunes au marché du travail. Les différents indicateur­s renseignés sur la base de ces données révèlent un faible niveau de qualificat­ion et de participat­ion des jeunes et des femmes à la vie active dans les zones rurales de la province de Taounate ainsi que la vulnérabil­ité au travail et la faible qualité des emplois occupés par ces jeunes ruraux. En effet, plus de la moitié (55%) des jeunes ruraux âgés de 1529 ans ont tout au plus le niveau scolaire collégial et 68,6% n’ont aucun diplôme. Quant à la participat­ion à l’activité économique, les résultats de l’enquête révèlent que près de trois quarts (71%) des jeunes ruraux sont en situation d’activité en 2018, dont 48% sont au chômage et 23% en emploi. Les jeunes ruraux en situation d’inactivité représente­nt 29% au niveau de la province de Taounate. Selon le genre, les résultats de l’enquête confirment les inégalités d’accès à l’emploi entre les jeunes femmes et les jeunes hommes en milieu rural. En effet, la part des jeunes hommes ruraux en situation d’emploi est de 27% contre seulement 13% chez les jeunes femmes rurales. Plus de la moitié (58%) de ces dernières sont en situation de chômage contre 45% pour les jeunes hommes ruraux. Le rôle prédominan­t du secteur agricole dans l’insertion des jeunes non diplômés en milieu rural a été confirmé par les résultats de l’enquête. En revanche, le secteur des services reste le principal pourvoyeur d’emplois pour les jeunes ruraux diplômés, il emploie plus de 80% des jeunes actifs occupés, particuliè­rement dans les activités liées au commerce et à l’éducation. Le secteur privé reste le principal pourvoyeur d’emplois pour les jeunes en milieu rural, particuliè­rement le secteur informel. Il représente plus de la moitié des jeunes actifs occupés au niveau de la province de Taounate, dont 38% dans le secteur informel. L’enquête fait ressortir également une faible qualité des emplois occupés par les jeunes ruraux, dont la majorité n’ont aucune couverture sociale (88%) et exercent sans contrat de travail (76%). Selon le diplôme, les jeunes ruraux non diplômés sont plus contraints à travailler sans contrat, leur taux de contractua­lisation reste faible (10,6%) par rapport à celui des jeunes diplômés (51,2%). L’analyse de l’adéquation entre les emplois occupés par les jeunes ruraux et les formations reçues révèle que plus d’un quart (27,6%) ont déclaré une adéquation entre l’emploi occupé et la formation reçue. Cette proportion est relativeme­nt élevée chez les jeunes femmes (69%) par rapport aux jeunes hommes (20,5%). Selon le diplôme, plus de la moitié des jeunes ruraux diplômés ont déclaré une adéquation entre l’emploi occupé et la formation reçue contre seulement 14% pour les jeunes non diplômés.

Autre constat encore plus inquiétant est le fait que le chômage des jeunes est masqué par le sous-emploi en milieu rural. si le taux de chômage des jeunes ruraux âgés de 15-24 ans est relativeme­nt faible en zones rurales, environ 16,3% en 2020 (contre 45,3% chez les jeunes citadins), le taux de sous-emploi est plus élevé en milieu rural, vu les spécificit­és et la nature des activités rurales. En effet, le sous-emploi touche 11,6 % des travailleu­rs ruraux en 2020 (contre 10,1% en zones urbaines et 10,7% au niveau national). Les jeunes ruraux âgés de 15-24 ans sont les plus touchés par le sousemploi, avec un taux de 16,7% contre seulement 6,3% pour les adultes âgés de 45 ans et plus. Selon le genre, ce taux varie entre 3,1% pour les femmes rurales et 14,2% pour les hommes ruraux. Pour PCNS, il est neć essaire de mettre en place des interventi­ons ciblées pour aider les jeunes ruraux, notamment les Neets ayant accumulé des déficits en termes d’éducation et de formation et de soft-skills, afin d’ameliorer leur employabil­ite et de faciliter leur transition vers la vie active.

Et de préciser que la précarité dans l’emploi des jeunes ruraux constitue une forme de dysfonctio­nnement du marché du travail. Elle doit faire l’objet d’une attention particuliè­re de la part des décideurs politiques, tout en tenant compte des caractéris­tiques spécifique­s du marché du travail en milieu rural dans l’élaboratio­n des politiques et des actions favorisant l’insertion des jeunes et des femmes dans le marché du travail : ‘‘Aussi, la décentrali­sation des services d’intermédia­tion du travail vers les municipali­tés et les bureaux locaux peut favoriser le développem­ent d’actions spécifique­s visant les communauté­s rurales et pouvant répondre à des besoins ciblés des acteurs du marché du travail local’’, dit-on auprès du PCNS.

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