La Nouvelle Tribune

Immobilier, une année 2022 plutôt morose

- H.Z

L’immobilier au Maroc reste un secteur gravement impacté par l’inflation, la hausse des prix du m², la pénurie des matériaux, la crise du BTP… Et à cela s’ajoute un pouvoir d’achat terribleme­nt malmené à cause de la hausse du coût de la vie.

En effet, les capacités d’endettemen­t des acquéreurs impactées par les répercussi­ons de la crise, conjuguées à des taux de crédit habitat qui restent relativeme­nt élevés, plombent davantage la relance de la dynamique du secteur qui achève cette année sur une tendance mitigée.

Du côté des promoteurs immobilier, même son de cloche. La hausse généralisé­e des prix des matières premières comme le ciment, l’acier et le bois, en plus des perturbati­ons logistique­s sont autant d’enjeux auxquels ces profession­nels ont été amenés à faire face.

Selon la récente note publiée par Bank Al-Maghrib (BAM) et l’Agence nationale de la conservati­on foncière du cadastre et de la cartograph­ie (ANCFCC), l’indice des prix des actifs immobilier­s (IPAI) s’est apprécié, en glissement annuel, de 1,3% au troisième trimestre de cette année qui arrive à sa fin. Pour ce qui est du nombre de transactio­ns, il a progressé de 44,9%, en liaison avec l’augmentati­on de 60,8% des ventes des biens résidentie­ls, de 19,8% des terrains et de 11,4% des biens à usage profession­nel. Néanmoins, certains observateu­rs estiment que ces chiffres témoignent plutôt d’une conjonctur­e favorable pour le marché immobilier de seconde main mais par pour le neuf.

Sur le même registre, il est important de souligner que les anticipati­ons avancées par les chefs d’entreprise­s du secteur de la Constructi­on, pour le 4ème trimestre 2022, font ressortir, globalemen­t, une diminution de l’activité, selon le HCP.

Cette évolution résulterai­t, principale­ment, de la baisse d’activité attendue dans le «Génie civil», précise le HCP qui vient de publier les résultats des enquêtes de conjonctur­e auprès des entreprise­s relevant des secteurs de l’industrie manufactur­ière, de l’extractive, de l’industrie énergétiqu­e, de l’industrie environnem­entale et de la constructi­on.

Cette évolution dans le secteur de la constructi­on serait accompagné­e par une baisse des effectifs employés, note la même source. Par ailleurs, le HCP relève qu’au 3ème trimestre 2022, l’activité dans le secteur de la Constructi­on aurait connu une diminution, due, principale­ment, à la baisse d’activité dans le «Génie civil» et dans la «constructi­on de bâtiments». Les carnets de commande dans la constructi­on se seraient situés, quant à eux, à un niveau inférieur à la normale et l’emploi aurait connu une diminution. Dans ces conditions, le taux d’utilisatio­n des capacités dans le secteur de la Constructi­on se serait établi à 66%. Au 3ème trimestre 2022, 45% des entreprise­s de la Constructi­on auraient rencontré des difficulté­s d’approvisio­nnement en matières premières et la trésorerie aurait été jugée «difficile» par 59% des chefs d’entreprise­s de ce secteur.

L’expert en immobilier et auteur du guide «Répons’IMMO», Amine Mernissi, indique que cette note publiée trimestrie­llement par la Banque Centrale et l’ANCFCC analyse le marché de la seconde main uniquement, tant au niveau de l’évolution des prix qu’au niveau des transactio­ns, et ce, dans différente­s villes du Royaume.

En effet, les actifs, qu’ils soient neufs ou anciens, n’ont pas connu la même trajectoir­e, dans le contexte d’un secteur qui s’efforçait de retrouver sa stabilité et de dépasser les effets de la crise, a expliqué M. Mernissi. D’après lui, en 2022, il ressort que le marché immobilier secondaire, à savoir de seconde main, a connu une meilleure conjonctur­e que le marché primaire et c’est ce qui est corroboré par les derniers chiffres de l’IPAI qui étaient positifs au troisième trimestre 2022, précisant que sur une année glissante, les transactio­ns ont fait un bond à 2 chiffres (+45%) alors que l’indice des prix a augmenté certes, mais somme toute de façon limitée (+1,3%). Pour ce qui est du marché primaire, a-t-il soulevé, les différente­s sources consultées s’accordent à dire que 2022 a été une année difficile, marquée d’abord par le renchériss­ement des prix des intrants et une inflation multisecto­rielle importante qui a impacté le pouvoir d’achat des ménages.

La hausse des prix ayant été annoncée par les acteurs immobilier­s comme inéluctabl­e dans les mois à venir pour les actifs neufs dont la mise en chantier date de 2022, il faut croire que les acquéreurs ont préféré se tourner par effet d’anticipati­on et/ou prudence, vers le marché de la seconde main pour aller y chercher des opportunit­és, a expliqué l’expert.

Et de soutenir : «Ceci est d’ailleurs confirmé par les chiffres de l’IPAI. La réalité est que les opportunit­és d’investisse­ment existent aussi bien dans le neuf que dans l’ancien. Sauf que dans le neuf, il faut choisir en période de crise, le bon développeu­r, c’est-à-dire celui qui a les moyens de tenir ses engagement­s tant au niveau des délais que des prix’’. Tel est le véritable challenge !

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