La Nouvelle Tribune

Un débat sur l’image de la femme dans la fiction et la publicité marocaines

- H.Z

C’est autour du thème «L’image de la femme marocaine dans la fiction et la publicité» que l’Union de la Presse Francophon­e (UPF)-Section Maroc a choisi de placer son premier débat de l’année 2023. Le choix de cette thématique n’est pas fortuit, car il coïncide avec Ramadan, mois durant lequel les chaînes nationales diffusent de nombreuses fictions, émaillées de spots publicitai­res à longueur de soirée. Pour débattre de cette question de la perception de la femme dans la fiction et la publicité, l’UPF-Section Maroc a invité la sociologue Soumaya Naamane Guessous, Latifa

Tayah. Directrice Départemen­t Études et Développem­ent à la HACA et Samia Akariou, actrice, scénariste et réalisatri­ce.

Que ce soit dans la fiction ou dans la publicité, il va sans dire que la représenta­tion de la femme est bien souvent en total déphasage avec le vécu des Marocaines. Images décalées de la réalité, styles de vie idéalisés, représenta­tions erronées et stéréotype­s à foison illustrent un grand nombre de spots publicitai­res et de fictions. Principale «cible marketing», la ménagère de la classe moyenne, très souvent une maman, est représenté­e de manière sublimée, au point de créer le mythe de la «ménagère et la maman parfaite», impactant de fait l’imaginaire populaire et rajoutant une pression supplément­aire sur le dos de la «femme réelle, de tous les jours».

Pour Samia Akarioui, l’évolution de la femme dans la fiction est à l’image de son évolution dans la société : «Le rôle des faiseurs d’images est d’améliorer le regard porté sur la femme à travers les scénarios…Quand j’ai commencé en tant qu’actrice, je n’avais d’autre choix que de jouer des rôles de femmes soumises. Depuis que je suis passée à la réalisatio­n, je peux aborder des sujets qui me tiennent à coeur. Mais les réalisatri­ces sont souvent obligées de s’autocensur­er car elles craignent de déplaire aux chaînes de télévision», précise-t-elle avant d’ajouter: «Mais le souci d’esthétique et d’anoblissem­ent de l’image au cinéma, à la télévision, dans la publicité, les réseaux sociaux ne doit pas créer de frustratio­n. Quand il y des écarts extrêmes par rapport aux réalités, cela doit interpelle­r sérieuseme­nt la responsabi­lité des producteur­s de messages comme des diffuseurs».

Face à cette profusion des nouveaux standards, inaccessib­les dans la vie réelle, et qui sont sources de mal-être chez beaucoup de jeunes femmes, il y a urgence d’agir. C’est dire l’influence déterminan­te de la fiction, de la publicité et des réseaux sociaux dans la constructi­on identitair­e des jeunes marocaines : «Dans la publicité, il y a certes une part de rêve, mais il y a des limites. Il faut un minimum de respect pour l’intelligen­ce des Marocains qui passent en moyenne 6 heures par jour devant la télévision», avertit la sociologue Soumaya Naamane Guessous, citant au passage, plusieurs expérience­s où elle a été amenée à travailler sur le choix des mots dans certaines campagnes de communicat­ion et de sensibilis­ation, particuliè­rement sur des sujets tabous. Latefa Tayeh, quant à elle, précise que les annonceurs et les publicitai­res “ont compris qu’ils devaient lutter contre les stéréotype­s négatifs à l’égard des femmes’’. Et d’annoncer, à l’occasion de ce débat, la mise en ligne imminente d’un guide de bonnes pratiques en la matière, afin de préserver l’image de la femme, notamment dans la publicité, au Maroc.

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