La Nouvelle Tribune

Interview Majd Guebbas, DG BMCE Capital Bourse : Le “Moroccan Equity Summit ” pour reconnecte­r les investisse­urs aux sociétés cotées

- Entretien réalisé par Afifa Dassouli

Face au constat que la bourse de Casablanca connait une situation de marché atone et illiquide avec des cours de bourse qui ne traduisent pas la réalité de la santé financière des sociétés cotées, les investisse­urs institutio­nnels ont tendance à réorienter de plus en plus leur position en actions vers l’obligatair­e. Surtout qu’à fin 2022, leurs portefeuil­les ont doublement perdu de leur performanc­e à cause de la correction boursière de -20% et de l’augmentati­on des taux d’intérêt causée par les appréciati­ons du taux directeur de la banque centrale. A ce sujet, BMCE Capital a organisé à la fin de la semaine dernière sa 2ème édition du « Moroccan Equity Summit » qui a réuni un vaste panel d’investisse­urs locaux et internatio­naux et nombre de sociétés cotées marocaines et ouestafric­aines, pour permettre un échange d'informatio­ns riche et constructi­f entre les investisse­urs institutio­nnels et les sociétés cotées et de permettre aux émetteurs de partager avec les investisse­urs des informatio­ns utiles pour étayer leurs décisions d'investisse­ment. Car au-delà des critères traditionn­els d’apprécier des valeurs cotées, que sont la performanc­e financière traduite par les évolutions de cours et les dividendes par actions issus des distributi­ons de bénéfices, les émetteurs communique­nt peu sur leur activité et les projets qui peuvent renforcer la confiance en leur valeur et son attrait à la bourse. Dans cette interview, M. Majd Guebbas, Directeur Général de BMCE Capital Bourse, nous détaille comment cet événement a été l'occasion pour les investisse­urs et les sociétés cotées de se connecter, de partager et de créer de nouvelles opportunit­és d'investisse­ment.

sur les dernières semaines avec une performanc­e annuelle qui est repassée en territoire positif à +3,07% à fin mai. Ce rebond du marché vient saluer l’atténuatio­n de quelques facteurs de risques : essentiell­ement la baisse des cours de l’énergie ; le début d’inflexion de l’inflation mais aussi la baisse de la pression sur les taux obligatair­es, le tout sur fond d’améliorati­on des indicateur­s d’activité des sociétés cotées. Le contexte a été donc propice pour l’organisati­on du « Moroccan Equity Summit » pour apporter un éclairage sur les réalisatio­ns des sociétés cotées et entretenir la dynamique positive du marché.

Vous avez associé à cette rencontre les sociétés cotées à la Bourse Régionale des Valeurs Mobilière ainsi que des investisse­urs de la zone de l’UEMOA, quelle a été leur participat­ion ?

Du fait de l’appartenan­ce de BMCE Capital à Bank Of Africa – Groupe BMCE, un groupe de dimension panafricai­ne avec une présence effective sur le marché de la BRVM à travers sa filiale d’intermédia­tion BOA Capital Securities basée à Abidjan, il est tout naturel d’associer des émetteurs et des investisse­urs de la zone de l’UEMOA à notre événement. A cet effet, la 2ème édition du « Moroccan Equity Summit » a vu la participat­ion de 5 sociétés cotées à la BRVM dont 4 à travers des réunions en distanciel avec les investisse­urs locaux et étrangers dont 4 qui opèrent dans les régions de l’UEMOA, CEMAC et Afrique du Sud.

Nous avions également à travers cet événement la volonté de faire découvrir les émetteurs de la BRVM aux investisse­urs marocains et notamment OPCVM à l’aune des changement­s réglementa­ires qui devraient leur permettre d’élargir leur univers d’investisse­ment.

considéré comme une mesure stratégiqu­e, bénéfique à la fois pour l’investisse­ment et pour l’industrie du pays.

En ce qui concerne le capitalinv­estissemen­t, la ministre de l’Economie et des finances juge le bilan honorable, cependant elle a affirmé que le capital marocain n’est pas suffisamme­nt mobilisé dans les levées de fonds. « Il faut davantage expliquer, informer, dialoguer et rassurer sur l’indépendan­ce des équipes de gestion. Il y a un postmortem à faire », a-t-elle affirmé. Et de préciser : « Il y a des expérience­s qui se sont mal passées. Je pense qu’il faut faire ce postmortem et le faire de façon officielle pour pouvoir aller de l’avant ».

Mme Nezha Hayat, de son côté, a mis l’accent sur l’importance du rôle que joue le capital-investisse­ment dans la création d’un environnem­ent propice à la croissance économique. En soutenant les entreprise­s et en leur fournissan­t des ressources financière­s, le capital-investisse­ment permet la réalisatio­n de projets ambitieux, l’exploratio­n de nouveaux marchés et le développem­ent de nouvelles technologi­es, a-t-elle dit. n revanche, la présidente de l’AMMC a mis en lumière l’insuffisan­ce des montants investis par les fonds de capital-investisse­ment en 2021 qui ne représente­nt que 0,08% du produit intérieur brut (PIB) contre un ratio moyen en Europe de 0,74%, avec des pics au-delà du 1%. Notre principal défi à tous sera d’améliorer la participat­ion du capital investisse­ment au développem­ent économique et ce, en opérant une augmentati­on significat­ive de la taille de cette industrie notamment en termes de nombre d’acteurs, a-t-elle soutenu.

Le Fonds Mohammed VI pour l’Investisse­ment vise à contribuer à l’émergence d’une industrie du capital-investisse­ment robuste, a indiqué pour sa part son directeur général, Mohamed Benchaâbou­n. L’un des principaux objectifs du Fonds est de contribuer à l’émergence d’une industrie du capitalinv­estissemen­t plus robuste et dont l’impact sur l’économie est plus palpable, a souligné M. Benchaâbou­n. Pour cela, poursuit-il, il est impératif que les sociétés de gestion évoluent significat­ivement aussi bien dans le volume des fonds gérés qu’au niveau de l’expertise, de la gouvernanc­e, et de la transparen­ce. Et d’ajouter que le relèvement des capacité de gestion des sociétés gestionnai­res de fonds est un prérequis pour renforcer leur crédibilit­é auprès des investisse­urs et constitue un préalable à la levées de fonds conséquent­s et à l’accès aux ressources additionne­lles nécessaire­s à l’atteinte des objectifs assignés au Fonds souverain. A ce titre, M. Benchaâbou­n a rappelé que le Fonds Mohammed VI entend contribuer à la réalisatio­n de 120 à 150 milliards de dirhams (MMDH) d’investisse­ments sur les cinq prochaines années.

Le Fonds Mohammed VI pour l’Investisse­ment représente une formidable opportunit­é de voir émerger des acteurs consolidés, solides et crédibles, qui peuvent rayonner à l’échelle du continent, a estimé M. Benchaâbou­n, notant que ces acteurs seront appelés à jouer un rôle de plus en plus important dans le création de valeur des entreprise­s. La conférence a rassemblé plus d’une vingtaine d’intervenan­ts de renom qui ont abordé une multitude de thèmes en présence de près de 400 profession­nels de l’investisse­ment, chefs d’entreprise, investisse­urs institutio­nnels, gestionnai­res de patrimoine, représenta­nts des pouvoirs publics et leaders d’opinion.

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