20 Minutes - Genève

Une randonnée fatale à nouveau devant les juges

VALAIS La condamnati­on d’un accompagna­teur, en 2018, avait provoqué un débat. Depuis lors, des choses ont évolué.

- –XAVIER FERNANDEZ

Un accompagna­teur en montagne, condamné en 2018 pour homicide par négligence, est jugé en appel aujourd’hui par le Tribunal cantonal. En octobre 2013, lors d’une randonnée, sa cliente avait fait une chute mortelle. À l’époque, des experts avaient estimé que l’itinéraire emprunté le jour du drame dépassait le niveau de difficulté admis pour un accompagna­teur et que seul un guide aurait été habilité à y emmener la cliente genevoise.

Cette condamnati­on (lire ci-dessous) avait fait débat. Le président de la section Valais romand de l’Associatio­n suisse des accompagna­teurs en montagne avait évoqué un verdict sévère et des conséquenc­es à long terme sur le métier. Patrick Beuché imaginait même que des accompagna­teurs allaient commencer à faire signer une décharge aux clients. «Je maintiens que la peine est sévère, surtout l’interdicti­on d’exercer. Pour le reste, j’étais peut-être allé un peu loin», admet-il aujourd’hui. Il n’empêche que des choses ont changé. «Les accompagna­teurs sont plus prudents au moment d’estimer la difficulté d’un parcours», souligne-t-il.

Pierre Mathey, porte-parole de l’Associatio­n suisse des guides de montagne, rappelle que, même si la législatio­n a changé (lire ci-contre), un accompagna­teur doit proposer des randonnées axées sur la découverte, quand le guide est là pour ce qui est technique. Mais lui comme Patrick Beuché jugent la réouvertur­e du débat positive, car elle permet de sensibilis­er les gens aux dangers de la montagne. À l’époque des faits, les accompagna­teurs n’étaient autorisés à exercer que sur des itinéraire­s dont la difficulté allait de T1 à T3. Les experts avaient jugé que celui où la Genevoise avait perdu la vie correspond­ait à une difficulté T5. «Maintenant, ils peuvent suivre une formation pour le T4, mais leur champ d’activité reste le même. Un guide de montagne peut utiliser des cordes, des crampons et des piolets, un accompagna­teur non», souligne Pierre Mathey. Qui estime que les deux métiers sont complément­aires et ont chacun leur place.

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–ISTOCK Les profession­nels sont désormais «plus prudents au moment d’estimer la difficulté d’un parcours».

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