Une randonnée fatale à nouveau devant les juges
VALAIS La condamnation d’un accompagnateur, en 2018, avait provoqué un débat. Depuis lors, des choses ont évolué.
Un accompagnateur en montagne, condamné en 2018 pour homicide par négligence, est jugé en appel aujourd’hui par le Tribunal cantonal. En octobre 2013, lors d’une randonnée, sa cliente avait fait une chute mortelle. À l’époque, des experts avaient estimé que l’itinéraire emprunté le jour du drame dépassait le niveau de difficulté admis pour un accompagnateur et que seul un guide aurait été habilité à y emmener la cliente genevoise.
Cette condamnation (lire ci-dessous) avait fait débat. Le président de la section Valais romand de l’Association suisse des accompagnateurs en montagne avait évoqué un verdict sévère et des conséquences à long terme sur le métier. Patrick Beuché imaginait même que des accompagnateurs allaient commencer à faire signer une décharge aux clients. «Je maintiens que la peine est sévère, surtout l’interdiction d’exercer. Pour le reste, j’étais peut-être allé un peu loin», admet-il aujourd’hui. Il n’empêche que des choses ont changé. «Les accompagnateurs sont plus prudents au moment d’estimer la difficulté d’un parcours», souligne-t-il.
Pierre Mathey, porte-parole de l’Association suisse des guides de montagne, rappelle que, même si la législation a changé (lire ci-contre), un accompagnateur doit proposer des randonnées axées sur la découverte, quand le guide est là pour ce qui est technique. Mais lui comme Patrick Beuché jugent la réouverture du débat positive, car elle permet de sensibiliser les gens aux dangers de la montagne. À l’époque des faits, les accompagnateurs n’étaient autorisés à exercer que sur des itinéraires dont la difficulté allait de T1 à T3. Les experts avaient jugé que celui où la Genevoise avait perdu la vie correspondait à une difficulté T5. «Maintenant, ils peuvent suivre une formation pour le T4, mais leur champ d’activité reste le même. Un guide de montagne peut utiliser des cordes, des crampons et des piolets, un accompagnateur non», souligne Pierre Mathey. Qui estime que les deux métiers sont complémentaires et ont chacun leur place.