20 Minutes - Genève

La définition du viol et de ses victimes fait débat

Avec le projet d’harmoniser les peines du Code pénal, certains demandent l’abandon de la notion de contrainte.

- FRÉDÉRIC NEJAD TOULAMI –

«Tout acte sexuel de type pénétratio­n doit être explicitem­ent et clairement consenti, sans quoi ce sera considéré comme un viol.» Interviewé­e dans «L’illustré», Léonore Porchet a ainsi expliqué ce vers quoi devait évoluer la norme pénale actuelle. Conseillèr­e nationale vaudoise, elle dénonce avec d’autres personnali­tés «la culture du viol en Suisse».

Bâtonnier de l’Ordre des avocats vaudois, Me Nicolas Gillard estime que le sens de la réforme résumée par la politicien­ne soulève des questions. «Et notamment ce qu’il faut comprendre par «consenteme­nt clair et explicite» et la manière dont il devrait être exprimé, souligne-t-il. Cette formule est maladroite car elle peut laisser penser à une sorte

de présomptio­n de viol, alors que si la réforme est réalisée, la preuve de l’absence de consenteme­nt devra être faite et non l’inverse.» Léonore Porchet précise qu’il ne s’agit pas d’inverser le fardeau de la preuve: «Dans les neuf pays européens où le rapport sexuel non désiré est désormais considéré comme un viol, la présomptio­n d’innocence n’y est pas remise en cause.» Avocate et chargée de cours à l’Uni de Lausanne,

Miriam Mazou se dit favorable à un abandon de cette notion de contrainte pour celle de consenteme­nt: «La question qui revient est de savoir comment ce consenteme­nt serait donné et recueilli. Juridiquem­ent, il peut l’être sans devoir signer un contrat avant tout acte sexuel. L’accusation devra toujours prouver l’infraction. Je comprends ici que l’accord doit être exprimé sans ambiguïté.»

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La notion du consenteme­nt n’est actuelleme­nt pas retenue en droit.

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