La police fouille dans les bureaux des élus
VILLE DE GENÈVE Les frais douteux de membres de l’exécutif ont incité la justice à fouiller leurs locaux. Une procédure est ouverte contre inconnu.
GENÈVE La justice veut faire la lumière sur les dépenses injustifiées des membres de l’exécutif de la Ville. Hier, des perquisitions se sont déroulées dans les locaux qui abritent les activités des conseillers administratifs Guillaume Barazzone, Rémy Pagani, Esther Alder et Sami Kanaan. Une procédure pénale contre inconnu a été ouverte. Les élus sont, à ce stade, considérés comme «des personnes susceptibles de donner des renseignements», a précisé le Ministère public.
Chaque mercredi, le Conseil administratif tient sa séance hebdomadaire. Celle d’hier a été brusquement suspendue et les cinq membres de l’exécutif sont retournés dans leur département. Une semaine après les révélations de la Cour des comptes sur les abus du collège en matière de frais, le Ministère public a perquisitionné les administrations et les bureaux des magistrats, sauf celui de la PS Sandrine Salerno, pas critiquée par la Cour.
La justice a ouvert une procédure pénale contre inconnu, pour gestion déloyale des intérêts publics notamment. Les élus ne sont pour l’heure pas mis en prévention. Ils ont le statut de personnes appelées à donner des renseignements.
Guillaume Barazzone, cible principale des critiques, et ses collègues n’ont pas commenté l’action du Ministère public. «On a pris mon agenda depuis 2012 et les notes de frais s’y rapportant», a cependant précisé Rémy Pagani, d’ensemble à Gauche (EÀG). Le socialiste Sami Kanaan, dont une copie de l’agenda électronique a été réalisée, juge que «ces perqui- sitions permettront d’objectiver les faits. Mes frais à moi sont vraiment d’ordre professionnel.» Elus et partis ont tous applaudi l’action du Ministère public.
Le Conseil administratif a informé qu’il allait dévoiler ce matin ses frais sur dix ans. Autorité de surveillance des communes, le Conseil d’etat a, lui, indiqué qu’il ferait bientôt de même, depuis 2017: «Nous sommes à l’écoute des interrogations sur l’usage de l’argent public.»