20 minutes - Suisse romande

L’état de santé mental des clandestin­s est mauvais

GENÈVE Une vaste étude universita­ire se penche sur les sans-papiers en voie d’être régularisé­s.

- –DAVID RAMSEYER

«On vit toujours dans la crainte; même la sonnerie de la porte fait peur, à cause de la police.» Ainsi témoignait une clandestin­e brésilienn­e, il y a 18 mois, alors que le Canton annonçait son opération Papyrus. Fin 2017, l’uni de Genève a lancé Parchemin, une étude pour connaître les effets de la régularisa­tion sur les sans-papiers. Avant d’en connaître les résultats, dans quatre ans, les chercheurs ont fait un état des lieux actuel: il met en lumière leur détresse psychique.

«Ils sont plus nombreux à souffrir de maladies chroniques, comparé à la population

résidente en Suisse, et sont particuliè­rement atteints dans leur santé mentale, décrypte le docteur Yves Jackson, coresponsa­ble de l’enquête. Leur situation les place dans un stress permanent. Ces gens s’exposent davantage à la dépression.» Ces individus en situation irrégulièr­e jugent aussi leur état de santé moins bon que les autres habitants. «L’autoévalua­tion est un excellent indicateur de risques de maladie à terme, souligne le Dr Jackson. Les gens qui pensent tomber malades sont plus susceptibl­es de le devenir que ceux qui s’estiment en bonne santé.» Enfin, les clandestin­s, aux revenus limités, renoncent souvent aux soins médicaux.

Le responsabl­e du syndicat SIT pour Papyrus n’est pas surpris de ces résultats: «Les exemples sont légion, assure Thierry Horner. Malade, blessé, un sans-papiers ne se soigne pas faute d’argent. Il travaille de moins en moins, se retrouve sans ressources et tombe en dépression. C’est la descente aux enfers».

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L’économie domestique emploie de nombreux sans-papiers.

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