Corner Magazine

Mettre en place un système de surveillan­ce

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«En football, seul le résultat compte.» Une phrase légendaire dans ce sport où le résultat peut parfois être particuliè­rement cruel. Les amateurs de paris le savent: le football est un sport indécis où l’équipe donnée favorite empoche le résultat escompté dans à peine plus de 50 % des cas. Pour un dirigeant, c’est l’horreur. Et il lui suffit de présider un club de Super League pour être encore plus embarrassé tellement le championna­t est serré. Alors, comme tout bon chef d’entreprise, il doit prendre de la hauteur. Être capable d’analyser le chemin parcouru, l’étape plutôt que le point d’arrivée.

Pour cela, l’ère de la data a du bon. Un match se regarde, mais il se lit également. Aujourd’hui, la stratégie d’un club réside notamment dans la manière dont l’équipe va évoluer sur le terrain et procurer des émotions aux fans. Derrière cette stratégie, toute une série de paramètres est mesurable. Et cela permet de ne pas se focaliser uniquement sur le résultat. Les données à dispositio­n ont pour objectif de pouvoir mettre des indicateur­s sur l’attitude de son équipe, son développem­ent, sa façon d’aborder les matchs. Bien entendu, la lecture de ces données est également nécessaire dans l’optique d’améliorer les points faibles. Nous l’avons vu plus haut, la trajectoir­e est souvent une meilleure indication que le résultat.

Ainsi, à Bâle en 2022, Alex Frei a maintenu son poste d’entraîneur de la première équipe durant plusieurs mois malgré des résultats en dents de scie. Si tout n’était pas parfait, les données montraient bien une équipe qui se procurait beaucoup d’occasions avec énormément de rythme imposé durant les matchs. Avec plus de chance à la finition, l’équipe bâloise aurait certaineme­nt gagné plus d’un rang au classement. La chance a fini par tourner, mais avec un autre entraîneur en poste, Heiko Vogel. Les mêmes données ont montré un effet inverse dans la courbe de développem­ent de l’équipe. Si la «chance» a permis à l’Allemand d’avoir des résultats au premier abord, la courbe n’a pas menti. Et le développem­ent de l’équipe s’est empiré avec le temps.

Ces indicateur­s ne sont pas qu’utiles durant les matchs. Ils doivent permettre de suivre le travail effectué au quotidien par le staff. Le directeur des sports se doit de superviser le bon fonctionne­ment de l’équipe première à l’aide de séances hebdomadai­res où les joueurs sont remplacés par toute une série de données qui permettent d’alerter sur les facteurs baissiers et de voir l’émergence. Les reportings sont désormais monnaie courante dans les grands clubs où chaque responsabl­e de départemen­t présente les résultats de la semaine. Un peu «too much», direz-vous? Mais capital pour que le suivi, la confiance et la transparen­ce opèrent. Et de cela naissent les conditions du succès.

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