L’île de la créativité
Quand je pense à la Crète, deux images me viennent. Le voyage de noces de mes parents et, moins romantique, son tourisme de masse et ses fêtes bruyantes. C’est pourquoi j’ai toujours hésité à me rendre sur cette île grecque. Aujourd’hui, j’ai découvert que c’était une erreur.
«Il faut plus d’une vie pour découvrir toutes les beautés de la Crète», affirme Giannis Hatzipanagiotis. Ce grand homme aux cheveux noirs ne travaille pas pour l’office du tourisme, il fabrique des chaussures. Nous nous trouvons dans son atelier d’Hersonissos, en plein coeur de l’effervescence touristique. En temps normal. Cependant, en cette fin d’été, l’atmosphère est différente, plus calme. Du découpage du cuir jusqu’aux sandales terminées, on peut observer ici toutes les étapes de la production. «Nous ne souhaitons pas produire en masse, raconte Giannis, et je m’efforce de tout faire pour que l’artisanat local demeure tel qu’il est.» Ce n’est pas si simple. Outre les produits chinois bon marché, il est préoccupé par le fait que de nombreux touristes ne quittent presque jamais leur complexe hôtelier. «Quittez votre chaise longue, découvrez notre île formidable!» lance Giannis. Nous suivons son conseil et commençons par faire le contraire. Au bar de la plage de l’hôtel Cretan Malia Park, on s’offre un cappuccino glacé. Sous les parasols de paille, on savoure la brise marine. C’est si facile de s’oublier quelques jours dans cet hôtel. Plage, piscine, salle de yoga, chambres stylées, restaurants, tout est là. Même pas besoin de quitter le lieu à la recherche d’une taverne typique. Pour ça, il y a le Mouriès. «Moussaka, tsatsiki and gyros make me crazy», avoue Lefteris Iliadis, le chef cuisi
Si la mer et le soleil de la Crète invitent à la détente, l’île offre au visiteur curieux bien d’autres trésors que ses plages idylliques. Voyage entre saveurs et couleurs.
nier. Au menu de son restaurant, on trouve des plats séculaires crétois. Sur le feu ouvert de la cuisine en plein air, des chaussons fourrés de wlita, des feuilles d’amarante ainsi que des pommes de terre frites à l’huile d’olive, tandis qu’un plat d’agneau accompagné de légumes mijote dans le four à bois. Les mezedes sont aussi typiques de la cuisine locale. Le chef arrive avec sa bouteille de raki. «Yamas, santé!» L’eau-de-vie traditionnelle s’impose ici en toute occasion. A proximité de Réthymnon, l’Agreco
Farm propose une cuisine similaire. Cette ferme est calquée sur le modèle d’un village crétois traditionnel, avec un four à bois et un vieux pressoir à olives.
La veille, nous avons fait l’expérience du rythme de vie méditerranéen. A Héraklion, la capitale, nous avons réservé une table au restaurant Peskesi. Nous arrivons, ponctuels, à 13 heures. Le lieu est désert. «Nous avons réservé mais ça ne semblait pas nécessaire», dis-je au serveur. Deux heures plus tard, toutes les tables sont occupées.
A Héraklion, nous rencontrons Christos Asteriou. En 2014, ce chimiste a fondé l’entreprise Nivo Soap, qui produit des savons bios inspirés des senteurs de l’île. «Je suis de nature optimiste. Quand on croit en ce qu’on fait, on trouve un moyen de le réaliser», assure-t-il. Nous discutons dans l’atelier de Margarita Kondylaki, qui réalise les emballages créatifs de Nivo Soap, et apprenons qu’elle est également céramiste. Avec un ami comptable, elle a créé le studio U Ceramics. La céramique reste encore un hobby pour les deux partenaires, qui produisent pour l’instant uniquement sur commande.
Le voyage touche à sa fin. Un bref aperçu des beautés de l’île, des rencontres, des saveurs qui me donnent une seule envie, celle de revenir bientôt.